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L’approche DevOps suscite l’engouement des recruteurs
Le spécialiste montpelliérain de la programmation ludique CodinGame publie son étude annuelle réalisée auprès de sa communauté. Si l’on se réfère aux indicateurs affichés, les développeurs sont plutôt rassurés quant à leur avenir, tandis que les recruteurs doivent trouver de nouveaux moyens pour retenir ces collaborateurs dans un contexte de crise sanitaire et de télétravail quasi imposé.
Entre le mois d’octobre et décembre 2020, CodinGame a interrogé 15 000 développeurs et recruteurs en provenance de 134 pays dans le cadre de son enquête annuelle. L’entreprise basée à Montpellier se spécialise dans l’apprentissage des langages de programmation, le renforcement des compétences et l’aide au recrutement des candidats.
Il ne s’agit là que d’un échantillon des deux millions d’utilisateurs de sa plateforme. Il faut d’emblée noter une particularité de cette étude qui cherche à comparer les attentes des développeurs et celles des recruteurs. Il y a une « surreprésentation » des sondés français : 25 % des développeurs et 51 % des recruteurs sont localisés dans l’Hexagone. « Nous sommes transparents sur ce point : notre communauté est avant tout française, puis européenne et américaine », explique Aude Barral, cofondatrice et CCO de CodinGame.
À défaut d’une justesse statistique parfaite, ce phénomène permet d’identifier des tendances qui concernent en premier lieu des entreprises françaises. Pour rappel, les clients de CodinGame sont la Société Générale, Dassault Systèmes, Axa, Criteo, La Poste, Capgemini, Carrefour, Orange, ou encore SFR.
L’enquête se penche tout d’abord sur le niveau d’étude des développeurs. Sans trop de surprise, la majorité d’entre eux (58,8 %) ont appris leur métier au sein d’une école ou d’une université. Mais pas moins de 33 % se considèrent comme des autodidactes. De leur côté, 55 % des professionnels RH déclarent engager de temps en temps ces profils atypiques, tandis que 24,4 % d’entre eux le font régulièrement. Si le diplôme reste la porte d’entrée idéale, son absence sur le CV n’est plus une barrière, selon CodinGame.
Java et JavaScript restent les langages les plus utilisés par les entreprises
Là encore sans surprise, plus de la moitié des développeurs maîtrisent les trois langages mis en avant par d’autres études : JavaScript, Java et Python. Cependant, si les développeurs semblent apprécier Python (57 % d’entre eux disent le connaître contre 48 % de demande), les recruteurs cherchent avant tout des profils capables de programmer en JavaScript (62 %) et en Java (59 %). L’on observe un intérêt commun pour C# (40 % des équipes RH sollicitent les profils correspondants et 41 % des programmeurs le pratiquent), PHP (32 % vs 33 %) et de manière plus anecdotique pour TypeScript (24 % vs 22 %).
Avec d’autres langages, comme C et C++, l’écart entre !offre et la demande est flagrant : « 45,1 % des développeurs codent en C, mais seulement 15,4 % des entreprises ont des besoins en développement C », notent les responsables de l’enquête. Il en va de même pour C++, connu par 47 % des développeurs, mais les professionnels RH ne sont que 27 % à chercher du personnel formé à ce langage.
De constat, découle une préférence pour certains frameworks. Les recruteurs recherchent en priorité des programmeurs capables de manier React (59 %), NodeJS (50 %) et Angular 2 + (41 %). Dans ce classement, Spring, Vue.js, AngularJS et. NetCore ne sont pas loin. Mais seuls 27,6 % des développeurs utilisent React et 16,9 % Angular2+. NodeJS est le plus populaire chez cette population technique : 36 % des développeurs disent le maîtriser. « Cela explique en partie pourquoi les entreprises rencontrent des difficultés à engager certains profils », note Aude Barral.
Les recrutements reprennent doucement
Après quelques mois difficiles entre mars et juillet, les recrutements reprennent, dixit Aude Barral. Environ 38 % des professionnels RH affirment vouloir recruter 11 à 50 développeurs, tandis que « 14,4 % des équipes RH prévoient de recruter entre 50 et 100 développeurs et 13,5 % espèrent pouvoir incorporer plus de 100 développeurs en 2021 ». « Je ne dirais pas que les projets sont au même niveau qu’ils étaient avant la crise, mais l’on commence à observer des plans de recrutement important depuis septembre », estime Aude Barral. De leur côté, les programmeurs ont donné la moyenne de 7 sur 10 quant à leur niveau de confiance pour changer d’emploi cette année. Cet indice était identique l’année précédente, selon CodinGame. « Après un moment de doute durant l’été, les développeurs se sont rendu compte qu’ils sont au cœur de l’activité économique », déclare la responsable.
Les représentants des ressources humaines considèrent qu’il sera complexe de recruter des programmeurs formés au DevOps (43,3 % d’entre eux le pensent), des développeurs/ingénieurs Back-End (41 %) et Full Stack (41 %). En milieu de tableau, 21 % des professionnels RH estiment que les spécialistes de la data science et du machine learning sont difficiles à enrôler. « La data science est une grande tendance de 2021 et les recruteurs rencontrent les mêmes difficultés qu’auparavant », indique Aude Barral
La modernisation IT justifie l’engouement pour le DevOps
Pour mieux attirer les développeurs, les équipes RH pensent avant tout miser sur l’expérience candidat (55 %), la rétention des talents (49 %) et la marque employeur (43 %). Afin de concrétiser cette volonté, CodinGame note qu’il faut prendre en compte une nouvelle réalité, imposée par la crise sanitaire. Seulement 5 % des développeurs souhaitent travailler à temps plein sur site, tandis que 24 % désirent télétravailler à 100 %. Près de 43 % des répondants réclameraient quelques jours de travail à distance en semaine et les 28 % restants veulent principalement opérer depuis un plateau avec quelques jours de télétravail, à l’occasion.
Les employeurs, eux sont 52,9 % à proposer ce mode à distance quelques jours en semaine, et 48 % d’entre eux affirment le permettre à 100 %. En clair, les entreprises indirectement interrogées se sont adaptées à cette nouvelle donne. D’ailleurs, cela crée « des besoins en management des infrastructures cloud, en montée en charge des plateformes, de leur performance ou en sécurité », estime Aude Barral. « Tout n’est pas migré vers le cloud, tout n’est pas mature et cela provoque un emballement » qui justifierait la nécessité d’engager des développeurs formés à l’approche DevOps, par exemple.
Le télétravail change la donne
En revanche, l’étude remarque que les RH interrogés mettent en avant les critères de défis techniques et de salaires pour attirer les candidats. Si les développeurs apprécient les enjeux stimulants, ils souhaitent également profiter d’un meilleur équilibre vie privée/vie professionnelle, un aspect qui passe avant le montant du salaire proposé. « En regard, seuls 6,9 % des recruteurs estiment que l’équilibre vie privée/vie professionnelle est fondamental pour les développeurs », écrivent les auteurs du rapport.
Toutefois il ne faut pas négliger certains points entraînés par la crise en cours. « Le télétravail peut provoquer de l’isolement et les profils juniors ont plus de mal à demander de l’aide, alors qu’un manager peut identifier rapidement ce problème en présentiel et proposer des solutions pour les débloquer », affirme Aude Barral. À distance, les développeurs et les responsables doivent davantage communiquer, découvrir des moyens pour évaluer leur progression et finalement s’adapter à ce nouveau mode de collaboration.
Les professionnels RH font face à plusieurs défis de taille, en particulier le fait de trouver des candidats qualifiés au plus vite et de se démarquer des autres entreprises.
Si les développeurs recherchent désormais les annonces sur LinkedIn, StackOverFlow et CodinGame, ils sont aussi directement sollicités par les recruteurs. Seulement, la moitié d’entre eux regrettent se voir proposer des annonces non pertinentes. Ils doivent donc réviser certaines procédures pour mieux cibler les candidats et éviter l’agacement de certains d’entre eux.