Stockage : DDN va marier ses baies entreprises et HPC
Le spécialiste des baies de disques pour supercalculateurs entend plus que jamais peser dans le datacenter. Après avoir racheté des gammes de produits plus adaptées, il unifie à présent les fonctions.
DDN, le fabricant historique de baies de disques pour supercalculateurs, entend bien entrer en 2021 dans le peloton de tête des fournisseurs de stockage traditionnels. Son idée consiste à enrichir ses produits pour entreprises – pour l’heure encore en conquête de parts de marché – avec des technologies qui seront simultanément disponibles sur ses gammes HPC.
« L’important depuis la crise est d’avoir des produits qui puissent travailler de manière autonome, sans équipe perpétuellement sur place pour les superviser. Et pour que cela fonctionne, il faut que ces machines sachent s’autodiagnostiquer. Or c’est exactement le savoir-faire que nous avons développé dans le monde des supercalculateurs », commente James Coomer, le responsable des produits chez DDN, à propos d’un produit déjà lancé, Unified Intelligent Infrastructure, et désormais compatible avec tous les produits du constructeur.
Sur le plan logiciel, les différents modèles bénéficieront bientôt de pilotes CSI pour Kubernetes, des mêmes capacités de chiffrement et d’un module Open Cloud qui permettra de migrer leurs contenus vers AWS, y compris vers des machines virtuelles de production. Open Cloud hérite manifestement des fonctions du système de fichiers EXAscaler qui équipe les baies Exa5 dans le monde HPC, et qui, en 2020, a obtenu la capacité d’étendre ses volumes sur des nœuds virtuels EC2 d’AWS.
Les baies des différentes gammes s’interconnecteront mieux au travers du module DataFlow, un logiciel co-développé avec l’éditeur de solutions de sauvegarde français Atempo et qui servait jusque-là à délester les baies HPC vers des baies d’archivage.
Sur le plan matériel, les baies de disques pour entreprises vont évoluer en modèles 100 % NVMe, avec les mêmes techniques que celles des baies HPC, et gagneront de meilleures interconnexions, faisant grimper les débits jusqu’à 25 Go/s. Elles seront toutes déclinées en version virtuelle au travers du projet Firecrest, un nouveau SDS qui réunit les fonctions de stockage de chaque gamme et qui, d’une certaine manière, incarne une évolution du SDS NexentaStor.
Coudre ensemble des produits qui n’avaient initialement rien à voir
Pour mémoire, l’entrée de DDN dans les offres entreprises ne date que de 2018, avec les rachats successifs de solutions de stockage pour datacenters traditionnels. Citons les baies Tintri VMstore, initialement conçues pour gérer les snapshots des machines virtuelles et qui ont récemment évolué vers le stockage des bases de données SQL avec des fonctions dédiées comme le clonage des contenus en production. Nexenta NexentaStor, ensuite, est un SDS bâti au-dessus du système de fichiers ZFS. Et puis les baies très performantes IntelliFlash qui n’étaient au départ que des baies SAN en mode bloc, mais qui ont récemment acquis la possibilité de fonctionner en NAS.
Ces évolutions, qui ont eu lieu en 2019 et 2020, découlent du mariage des fonctions d’une gamme à l’autre pour proposer une offre la plus complète possible, quel que soit le segment de marché, du stockage de fichiers centralisé aux bases de données critiques.
James CoomerResponsable produits, DDN
L’activité de DDN dans les supercalculateurs remonte quant à elle à la fin des années 90. Elle se compose aujourd’hui des gammes A3i (très rapides) et Exa5 (très capacitives).
« En apportant le mode fichier aux baies IntelliFlash, nous leur avons donné la possibilité de communiquer avec nos baies Exa5. Cela permet par exemple d’analyser les contenus produits en HPC avec des applications traditionnelles qui ne veulent fonctionner qu’en mode bloc », explique James Coomer.
Pour concrétiser cet assemblage, la gamme Tintri IntelliFlash va évoluer au premier trimestre 2021 en un nouveau modèle plus capacitif, capable de stocker jusqu’à 6 Po sur un seul volume en cluster. Une nouvelle version 4.0 du système intégrera à ce titre des fonctions d’erasure coding.
Le constructeur revendique équiper 70 % des machines du Top500, le palmarès des ordinateurs les plus puissants du monde. Tout cumulé, DDN se targue d’avoir vendu ses produits à 11 000 entreprises et observe que ses ventes augmentent désormais de 50 % tous les ans.
« Avec l’étendue de notre portefeuille, nous sommes particulièrement bien placés pour adresser des besoins nouveaux, comme les enjeux inédits des telcos qui doivent accompagner leurs infrastructures 5G de systèmes de stockage capables de réagir en temps réel », conclut James Coomer, en insistant sur l’importance pour ces clients de la compatibilité avec Kubernetes.