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En 2020, le low-code/no-code a surtout séduit les éditeurs

L’année 2020 marque la généralisation du low-code/no-code chez les éditeurs et les géants de l’IT. Une tendance qui risque de prendre de l’ampleur en 2021, si l’on en croit Forrester.

L’approche low-code/no-code (LCNC) n’est pas nouvelle. Des éditeurs de renom misent depuis des années sur l’apport de plateformes de développement délestées d’une partie de la complexité inhérente à cette pratique. Or, comme l’expliquent justement les experts du cabinet Octo Technology, les outils LCNC s’adressaient jusqu’alors aux architectes applicatifs. En somme, il s’agissait avant tout de simplifier le travail des développeurs par le biais d’interfaces et des langages de programmation déclaratifs.

Or, un changement de taille, semble-t-il, prend effet auprès des organisations. Selon un sondage de Forrester, 75 % des équipes de développement emploieront des systèmes low-code/no-code d’ici à la fin de l’année 2021. Pas moins de 44 % des mêmes responsables interrogés par le cabinet de conseil, assurent que leur entreprise utilise ou prévoit d’utiliser les plateformes LCNC en 2020.

Forrester prédit l’avènement du low-code/no-code en 2021

Forrester Research a publié ses prédictions pour 2021 consacrées au développement. Si le cabinet constate que les projets ont connu un ralentissement en 2020, il espère que le télétravail, l’automatisation et les outils low-code provoqueront des changements importants dans certaines organisations l’année prochaine.

Que s’est-il passé depuis la fin des années 1990 ? Ces outils plus ou moins complexes ont pris de l’ampleur chez des acteurs comme PegaSystems, Mendix, Appian ou encore Salesforce. Les startups et les spécialistes du BPM ont simplifié leurs produits pour proposer des environnements no-code. Le CMS Wordpress, disponible depuis 2003 a été suivi par Shopify, puis Zapier, Airtable, Notion, Bubble ou Coda. Souvent, Google Sheets et Excel, des tableurs, suffisent pour jouer le rôle de back-end des applications créées avec ces outils.

Le concept de low-code n’a finalement trouvé un nom qu’à partir de 2014 dans les articles des analystes de Forrester.

C’est à la même période que la notion de « citizen developer » imaginée en 2009 par Gartner a commencé à faire sens. Les deux cabinets de conseil ont perçu plusieurs phénomènes. D’un côté, les développeurs formés aux langages de programmation de quatrième génération se sont mis à exploiter des environnements visuels pour bâtir leurs logiciels. De l’autre, des collaborateurs désireux de construire des outils métiers ont parfois assimilé ces langages et ont trouvé leur bonheur dans ces UI. Le manque de programmeurs et le besoin de plus en plus important de conception agile d’applications assurent le succès de l’approche LCNC. Une crise sanitaire comme la COVID-19 ne fait qu’amplifier ce phénomène.

Entretemps, se sont greffés aux plateformes de développement LCNC des dispositifs s’appuyant sur l’IA, la RPA et le scripting issus directement des systèmes BPM. L’année 2020 marque en quelque sorte une généralisation d’une tendance popularisée par Forrester et Gartner.

Les géants de l’IT au rendez-vous

Les acteurs spécialisés comme Appian, Mendix, Bonitasoft, Convertigo, PegaSystems, OutSystems, Salesforce ou encore ServiceNow ne sont plus les seuls à évoquer le phénomène. Les géants du cloud se l’approprient. L’offre de Microsoft Power Apps, lancée en 2015 a pris son envol en 2019 et en 2020. Depuis 2019, le fournisseur de cloud l’intègre en profondeur avec sa suite Office 365 en faisant de facto une solution largement accessible. Plus de 350 000 organisations s’appuieraient sur Power Automate, par exemple.

Les géants de l’IT se mettent au low-code/no-code

Business Application Platform : Google met son plan no-code à exécution

Google a annoncé via un article de blog une nouvelle offre de services nommée Business Application Platform. Celle-ci émane de la combinaison d’Appsheet un outil de développement low-code, avec Apigee, un logiciel de gestion d’API.

Honeycode : AWS sonde le marché low-code/no-code

En juin dernier, AWS lançait la bêta d’Amazon Honeycode, un service low-code/no-code. Le géant du cloud veut s’adresser aux métiers, pour les aider à construire simplement de petites applications Web et mobile, dédiées à la collaboration en interne.

Ruum : SAP se met lui aussi en chasse des citizen developers

Lors de la première conférence de son événement SAP TechEd, l’éditeur allemand a mis l’accent sur les développeurs et le nouveau venu que tous les acteurs veulent séduire : le citizen developer. 

Einstein Automate : Salesforce imbrique les solutions Vlocity et MuleSoft

Au lancement de Dreamforce to you, Salesforce a annoncé une nouvelle offre Einstein Automate qui combine BPM, RPA, API et IA. Elle résulte de deux acquisitions : Mulesoft et plus récemment Vlocity.

Low-code/no-code : les géants du cloud bousculent les lignes du marché

Alors que les géants technologiques comme Microsoft, Google et AWS se lancent sur le marché du low-code/no-code, les acteurs historiques tels que Pega et Appian veulent se différencier avec une politique d’ouverture vers les systèmes IT de leurs clients et l’intégration des métiers dans les cycles de développement.

En écho à ce phénomène, Google a constitué son initiative Business Application Platform, qui combine les produits d’Apigee (API) et d’AppSheet (une plateforme low-code/no-code). De son côté, AWS teste cette approche à travers le service Honeycode. Plus récemment, Salesforce a réaffirmé sa volonté de s’inscrire sur ce marché en réorganisant et intégrant des composants obtenus au fur et à mesure de rachats. SAP, lui, mise sur une double démarche avec d’un côté SAP Cloud Platform Workflow Management, plus porté vers le BPM et la RPA, et de l’autre SAP Ruum, une brique purement no-code adressée aux métiers.

Et c’est là où la maturité de l’éditeur allemand se fait sentir, car il a compris la dichotomie qui traverse ce secteur. Le développement citoyen n’est qu’un pendant d’une tendance plus vaste d’une simplification de la conception applicative. SAP tentera de se placer idéalement sur les deux versants de l’approche LCNC.

D’autres acteurs comme Pega déploient les composants et les méthodologies pour que le concepteur non-développeur puisse être accompagné dans sa démarche par un professionnel (via Pega Studio), toujours dans l’idée de bâtir de petites applications capables de répondre à un besoin métier spécifique. Avec Business Applications Platform, GCP partage une vision similaire dans laquelle le programmeur travaille pour mettre à disposition des collaborateurs différentes API qui leur permettront de se connecter aux systèmes de leur entreprise.

La RPA et l’automatisation, les autres faces du low-code/no-code…

Bonitasoft, Appian, Pega et Salesforce via Einstein Automate se rejoignent dans le souhait de proposer des solutions pour la conception d’applications critiques, bien moins portées sur le citizen developer que sur l’hyperautomatisation (grosso modo, la combinaison du RPA et du BPM), encore un concept poussé par Gartner et largement repris par les acteurs du marché.

Les acteurs du BPM misent sur la RPA et l’IA...

Pour Pegasystems, la RPA est une composante infusée dans le BPM

Dans sa plateforme Infinity, le spécialiste du CRM et du BPM Pegasystems veut infuser des outils de RPA, là où d’autres éditeurs comme UiPath, Blue Prism ou Automation Anywhere les proposent comme des produits indépendants.

Mendix veut accroître la portée de sa plateforme low-code

Mendix a lancé une nouvelle version de sa plateforme de développement low-code, ainsi qu’un programme visant à aider les partenaires à créer des outils, des composants de service et des systèmes préfabriqués low-code, adaptés aux projets de transformation numérique des industriels.

RPA : Appian lance son offre dédiée sans faire une croix sur ses partenariats

Appian renforce son partenariat avec Google, intègre les solutions de Novayre en annonçant Appian RPA, mais ne souhaite pas supprimer les intégrations avec Blue Prism, UiPath ou encore Automation Anywhere.

À ce sujet, Matt Calkins, PDG d’Appian déclarait en mars 2020 :

« J’ai vu récemment une citation d’un analyste, affirmant que dans les cinq prochaines années nous devrons construire autant d’applications que dans les 40 dernières années, ce qui signifie que soit nos développeurs doivent devenir plus efficaces, soit les non-développeurs doivent devenir des programmeurs. Appian privilégie la première solution, nous allons essayer de faire en sorte que les développeurs existants soient beaucoup plus productifs ».

« Nous allons essayer de faire en sorte que les développeurs existants soient beaucoup plus productifs ».
Matt CalkinsPDG, Appian

De leur côté, Mendix et OutSystems s’adressent davantage aux industriels. Il faut dire que le premier des deux appartient à Siemens, tandis que le second alimente des applications critiques chez Volkswagen, Mercedes-Benz, Schneider Electric, Honda, Intel ou encore HPE.

… Pour supporter des applications critiques

Et quand Forrester prédit qu’en 2021 les entreprises mettront en place des programmes LCNC pour concevoir des applications critiques, cela rassure ces acteurs qui cherchent à soutenir des développements d’envergure. Pour autant, en y regardant de plus près, seuls les spécialistes de la finance et de l’assurance semblent réellement maîtriser ces plateformes. Peut-être sont-ce les seuls à avoir le recul nécessaire pour partager leur retour d’expérience. Notons toutefois que les groupes de la grande distribution commencent à s’emparer du concept, comme Cdiscount qui a profité du déploiement de son CRM PegaSystems pour réaliser des applications associées à l’aide des briques de l’éditeur.

De fait, l’usage de ces plateformes LCNC à large échelle demande non seulement de les déployer, mais aussi de bâtir tout une méthodologie et donc de former des développeurs aguerris capables de mettre les potentiels citizen developers et les jeunes architectes applicatifs sur le droit chemin. Là encore, les éditeurs entendent montrer la voie en proposant à travers des « académies », des formations et des certifications – qui comportent souvent des contenus payants.

Le développeur ne disparaît pas

Preuve en est que le développeur, le vrai ne perdra pas sa place en 2021, contrairement à ce que peuvent laisser entendre certains arguments commerciaux. Il devra néanmoins assister une transformation des pratiques de développement et davantage collaborer avec des néophytes. Cependant, la progression de la tendance low-code/no-code ne s’impose pas partout à la même vitesse.

La pratique du low-code/no-code

À qui s’adressent véritablement les plateformes low-code/no-code ?

En apparence, les outils de low-code/no-code semblent conçus pour des populations peu formées au développement : des développeurs « citoyens ». Cette image d’Épinal ne reflète pas la réalité, selon les consultants d’OCTO Technology.

Cinq cas d’usage de Microsoft PowerApps en entreprise

PowerApps, l’outil low-code/no-code de Microsoft peut simplifier un grand nombre de tâches comme les procédures d’accueil des nouveaux employés, les inspections terrain, les recrutements, les demandes de services, ou le ticketing. Entre autres idées.

Le low-code en pratique grâce aux plateformes collaboratives

La crise du COVID-19 souligne l’importance des plateformes collaboratives pour assurer la continuité du service. Et ce type de plateforme peut efficacement voir le jour grâce au recours au low-code.

« En France, je pense qu’il manque cette communion entre l’IT et les métiers. Certaines organisations ont déjà pris le pli, mais il y a encore peu d’engagements de la part des métiers ou des responsables qui souhaiteraient créer leur application tout seuls », notait en octobre 2020 Sylvain Harault, Senior Director Sales Consulting Europe du Sud et de l’Ouest, PegaSystems.

 « Mais je pense que nous allons en voir de plus en plus. Nous commençons à le percevoir chez nos clients et Gartner indique qu’il y aura quatre fois plus de citizen developers que de développeurs professionnels en 2023, et que ces professionnels ne seront plus assez nombreux pour répondre aux besoins des entreprises ».

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