sdecoret - Fotolia
Base de données : une année 2020 sous le charme des DbaaS
Dans cet article, nous retraçons l’année 2020 du marché des bases de données à travers cinq tendances émanant de l’approche DbaaS.
Depuis deux ans, les éditeurs de bases de données poussent leur DbaaS, des versions managées dans le cloud de leur produit. L’année 2020 marque la consécration de ce concept.
Plusieurs tendances expliquent ce phénomène. Justement, le cloud s’impose auprès des entreprises. La crise sanitaire n’a fait que renforcer un mouvement incoercible vers ces nuages sur lesquels trônent fièrement (entre autres) Jeff Bezos, Satya Nadella et Sundar Pichai. Selon Gartner, 75 % des bases de données résideront dans le cloud en 2022 et représenteront 50 % des revenus des éditeurs en 2023.
1. L’année de la maturité pour les DbaaS
Les éditeurs, eux, mettent les moyens pour mieux aider leurs clients à piloter leur SGBD dans le cloud. MariaDB, Couchbase, DataStax… tous ces éditeurs ont pour point commun d’avoir offert en disponibilité générale les versions managées de leurs bases de données au cours de l’année 2020. Cette tendance a notamment motivé le rachat de NuoDB par Dassault Systèmes. La filiale IT du géant de l’armement souhaite elle aussi proposer à terme un SGBD managé sur son propre IaaS.
Techniquement, ces acteurs et les fournisseurs de cloud maîtrisent de mieux en mieux une technologie : Kubernetes. Si ce nom résonne au sein de la sphère IT, bien peu de ses adeptes en connaissent les arcanes. Et c’est là où le concept de version managée prend tout son sens.
Les DbaaS lancées en 2020
SkySQL : MariaDB présente à son tour sa DBaaS avec l’appui de ServiceNow
MariaDB annonce (enfin) la disponibilité générale de SkySQL dans sa version DBaaS. L’éditeur open source engage pour l’occasion des partenariats avec Google et ServiceNow.
Couchbase accorde son DbaaS pour le multicloud
Couchbase, l’éditeur d’une base de données open source NoSQL entre sur le marché du DBaaS avec Couchbase Cloud. Les clients pourront choisir d’héberger leurs bases sur Microsoft Azure, AWS et GCP.
DataStax Astra : une nouvelle étoile dans la galaxie DbaaS
DataStax a annoncé récemment la disponibilité générale d’Astra, sa DbaaS basée sur le SGBD NoSQL Cassandra. L’éditeur voit ce produit comme un moyen de faciliter les déploiements de la base de données et un outil pour entraîner les développeurs encore peu habitués aux particularités de Cassandra.
2. Kubernetes fait l’unanimité
D’ailleurs, plusieurs des acteurs cités plus haut souhaitent transmettre le fruit de leurs efforts à la communauté open source ou à leurs clients encore peu enclins à adopter un service managé. À ce titre, DataStax a libéré le code de son opérateur Kubernetes, un composant essentiel pour maîtriser l’automatisation du déploiement et la montée en charge de Cassandra. En outre, l’éditeur désire faire de ce projet un outil universel pour l’ensemble des distributions de la base de données NoSQL.
Couchbase, lui, a passé son opérateur Autonomous Operator en version 2.0. Cette version introduit une gestion affinée des ressources nécessaires au fonctionnement d’un environnement multicluster. Si l’Autonomous Operator propulse la DbaaS de Couchbase, il le décline pour ses clients qui souhaiteraient piloter par leur propre moyen ce SGBD.
Les éditeurs prônent également une approche multicloud : l’orchestrateur leur permet de proposer une console centralisée pour contrôler les déploiements sur Microsoft Azure, AWS et Google Cloud Platform. Cependant, la maîtrise de Kubernetes ne fait pas tout. Les versions managées de ces bases de données s’accompagnent désormais de fonctionnalités supplémentaires.
K8ssandra : l’écrin de Cassandra sur Kubernetes pensé par DataStax
Le principal contributeur à Cassandra a dévoilé K8ssandra, une librairie open source pour déployer Cassandra sur Kubernetes en production. Il tire son savoir-faire du développement d’Astra, sa DbaaS propulsée par un opérateur dédié au célèbre orchestrateur.
3. Des fonctionnalités pour se différencier
Outre des capacités de surveillance accrue par l’ajout du support de Prometheus et Grafana, certains éditeurs y associent des moteurs de recherche en langage naturel, des commodités de fédération de requêtes ou encore de la data visualization.
Ces ajouts dépendent de l’orientation de l’éditeur. MariaDB mise davantage sur l’apport de fonctionnalités analytiques par-dessus des données transactionnelles, tout comme Oracle qui combine désormais un moteur analytique à sa distribution managée de MySQL.
Couchbase et MongoDB, eux, s’affrontent pour attirer les développeurs. Couchbase a présenté cette année la version 2.8 de la déclinaison mobile de son SGBD NoSQL, tandis que MongoDB continue d’étendre les capacités de Realm.
Outre la volonté de proposer une solution pour les applications mobiles, ces extensions sont pensées pour répondre aux défis de l’Edge computing. En cela, MongoDB Realm et Couchbase Lite sont désormais dotés d’une technologie de synchronisation de données entre un SGBD mobile et son équivalent dans le cloud.
4. Edge computing et IoT font la paire
Et qui dit Edge Computing dit internet des objets. Pour répondre à ce type de cas d’usage, il faut davantage se tourner vers des acteurs comme InfluxData et AWS qui ont annoncé la disponibilité générale de leurs DbaaS Time series (base de données de séries chronologiques) en 2020. InfluxData a l’ambition de s’imposer comme l’éditeur de choix dans ce domaine en proposant un produit qui s’appuie sur des briques open source. Par ailleurs, la fondation Apache a validé la proposition des mainteneurs d’IoTDB, une TSDB consacrée spécifiquement à l’IoT. De son côté, AWS a accouché dans la douleur d’une solution propriétaire, après deux ans de développement.
Les nouveautés IoT et Edge computing en 2020
MongoDB officialise sa stratégie d’expansion dans le cloud
MongoDB a annoncé la disponibilité générale de son service Atlas Data Lake, de Realm ainsi que la bêta de la version 4.4 de sa base de données orientée documents.
Couchbase muscle sa base de données mobile pour l’Edge computing
Lors de sa conférence virtuelle ConnectOnline, Couchbase a présenté les nouveautés liées à sa base de données orientée documents. Notamment la version 2.8 de Couchbase Lite, qui est maintenant dotée de capacités de synchronisation conçues pour l’Edge computing.
IIoT : la fondation Apache adoube le projet Apache IoTDB
La fondation Apache a intégré un nouveau projet Top Level qui rejoint directement une liste déjà longue de plus de 350 références. Apache IoTDB, est une base de données open source conçue pour les déploiements IoT.
DBaaS : InfluxData veut faire de sa base Cloud la référence pour l'IoT
InfluxData, éditeur californien spécialiste des données chronologiques, a annoncé deux partenariats intimement liés. Sa DbaaS rejoint Microsoft Azure et PTC la supporte directement dans sa plateforme IIoT ThingWorx hébergée sur le même cloud.
AWS lance (enfin) sa base de données Time Series en disponibilité générale
AWS a annoncé la disponibilité générale d’Amazon TimeStream, une base de données de séries chronologiques entièrement gérées. Le service doit répondre à des cas d’usage tels que la supervision IT ou encore le stockage et le traitement de données IoT.
5. Les géants du cloud raflent la mise
C’est justement en observant l’attitude d’AWS sur le marché des bases de données que l’on perçoit une tendance de fond émerger à nouveau. Motivés par les conséquences de la COVID-19, les fournisseurs de cloud poussent sur le devant de la scène leurs outils de migration en cloud. GCP a dégainé le premier en lançant Database Migration Service, AWS a renchéri en annonçant la disponibilité de Babelfish for PostgreSQL. GCP entend simplifier cette démarche technique tandis qu’AWS cible spécifiquement les utilisateurs de SQL Server souhaitant migrer vers MySQL dans le cloud sans réécrire les applications associées à SQL Server, dépendantes de protocoles propriétaires.
AWS et GCP cherchent également à récupérer la clientèle d’Oracle las de la politique de licences fixée par la firme dirigée par Larry Ellison. Cependant, Oracle n’a pas dit son dernier mot : l’ajout d’un moteur analytique à Oracle MySQL n’est qu’un exemple parmi d’autres de sa volonté d’offrir des solutions cloud (et possiblement hybrides) robustes.
En 2020, un regain d'intérêt pour les migrations
Avec Babelfish, AWS veut attirer les clients de Microsoft SQL server
AWS poursuit sa conférence virtuelle étalée sur trois semaines, l’occasion d’explorer les annonces concernant les services analytiques et de bases de données. Le géant du cloud veut attirer à lui les clients de Microsoft SQL Server sur site.
Google Cloud veut accélérer les migrations vers Cloud SQL
Pour favoriser l’adoption de son service managé de bases de données relationnelles Cloud SQL, Google Cloud lance Database Migration Service. Un moyen pour GCP de se poser en alternative à AWS et à Oracle.
Gestion de données : SAP prône une « transition en douceur » vers le cloud
SAP a profité de son TechEd 2020 pour dévoiler les mises à jour et évolutions de ses produits de gestion de données, désormais hybrides. Le groupe allemand ne souhaite pas brusquer ses clients historiques.
SGBD : Oracle NoSQL passe dans le cloud avec quelques ajustements
Une autre base de données Oracle passe dans le cloud avec la disponibilité générale d’Oracle NoSQL Database Cloud Service. L’éditeur s’inscrit lui aussi dans la tendance du DBaaS.
Les géants de l’IT dominent logiquement le marché DbaaS. Dans son Magic Quadrant 2020 consacré à la gestion de bases de données dans le cloud, Gartner place AWS, Microsoft, GCP, Oracle, SAP, IBM, Alibaba Cloud et Teradata dans la catégorie des leaders. AWS rafle d’ailleurs la palme du plus gros fournisseur de services SGBD en volume de chiffre d’affaires. GCP se distingue pour son approche hybride et ses partenariats, tandis que Microsoft mise sur un écosystème de produits qui séduit certains grands groupes, tel l’assureur Axa. IBM, Oracle et SAP s’appuient sur des solutions reconnues, mais doivent encore préciser leur message pour favoriser la transition de leurs clients vers le cloud, selon Gartner. Surtout, les offres de ces acteurs historiques — tout comme celles d’AWS — posent des questions de coûts et de gestion de licences.