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Réseau : plus de switches et moins de routeurs, selon IDC
Au troisième trimestre 2020, ce sont surtout les datacenters qui ont acheté plus de réseau qu’auparavant. Les switches 1 Gbit/s des bureaux n’évoluent pas mais restent les plus vendus.
Selon les dernières études de marché d’IDC consacrées aux infrastructures réseau, les ventes de switches Ethernet au troisième trimestre de l’année 2020 ont augmenté de 1,9 % en un an pour atteindre un CA global de 7,45 milliards de dollars, tandis que les ventes de routeurs – cœurs de réseau et passerelles – ont chuté de 2 % pour atteindre un chiffre d’affaires global de 3,67 milliards de dollars.
Pour que la photographie du marché des infrastructures réseau soit un peu plus précise, IDC différencie à présent deux catégories : celle des équipements pour les datacenters et celle des switches et passerelles utilisés au plus proche des utilisateurs, pour les mettre en réseau local et les relier à Internet.
Sans surprise, ce sont les chaînes de datacenters en colocation et leurs clients opérateurs ou fournisseurs de cloud, qui ont le plus investi dans les routeurs pour interconnecter leurs services. Ils ont dépensé au troisième trimestre 2,83 Md $. Cela dit, cela ne représente qu’une maigre augmentation de 0,3 % par rapport à l’année dernière. Selon les observateurs, la crise pandémique a plutôt été une période de stabilité en attendant les grands chantiers de rénovation liés à la 5G.
Du côté des bureaux commerciaux, en revanche, les dépenses en routeur ont reculé de 8,9 %. Cela paraît logique dans une période où les salariés en télétravail ont plutôt utilisé le routeur de leur domicile, qui plus est pour utiliser des services en ligne qui ne passent même pas forcément par le datacenter de leur entreprise.
De plus en plus de switches 10 Gbit/s en succursale
En revanche, c’est bien du côté des usages proches de l’utilisateur final qu’il s’est vendu le plus de ports Ethernet – IDC évalue que cette catégorie hors datacenter représente 87 % des ports vendus lors du troisième trimestre. C’est aussi cette catégorie qui achète les ports réseau les moins chers, 1 et 10 Gbit/s, puisque malgré la quantité de ports déployés, ses dépenses n’ont représenté que 56,8 % des facturations trimestrielles, soit 4,23 Md $. Les switches 1 Gbit/s, les plus anciens et les plus répandus, représentent à ce titre toujours 34,6 % des ventes en valeur, soit 2,58 Md $.
Cela dit, cette catégorie est la moins dynamique. Et pour cause : c’est celle qui a le plus souffert de la crise pandémique. Notamment parce que les mesures de confinement ont paralysé tout le secteur du tourisme et vidé les bureaux, deux segments de marché qui auraient d’ordinaire gonflé leurs infrastructures Ethernet 1 Gbit/s pour supporter la nouvelle génération de bornes Wifi-6.
En définitive, les ventes de switches Ethernet 1 Gbit/s, quantifiées en nombre de ports, n’ont augmenté que de 1,3 % en un an. Pire, du fait de la chute des prix, elles ont rapporté aux fabricants 10 % de revenus en moins.
En dehors des datacenters, ce sont surtout les switches Ethernet 10 Gbit/s qui ont vu leurs ventes exploser. Leur nombre a augmenté de 26 % dans les succursales et les points de vente, où ils sont de plus en plus utilisés pour relier les utilisateurs aux baies de stockage NAS locales. Mais, là aussi, les baisses de prix que les fournisseurs ont pratiquées pour conjurer la pandémie ont eu un impact sévère sur le chiffre d’affaires : il est à peine meilleur de 0,9 % que celui de l’année dernière et ne reflète donc pas du tout cette nouvelle dynamique.
Rebond des switches 25 Gbit/s en datacenter
Dans la catégorie des datacenters, et même si IDC ne communique pas de répartition précise, les plus importants acheteurs de switches Ethernet ont été sans surprise les fournisseurs de cloud, suivis des opérateurs de télécommunications. Les entreprises sont à peine citées dans le rapport.
Cette catégorie a été extrêmement dynamique, notamment pour répondre à la croissance d’utilisation des services en ligne. Concernant les nouveaux switches 100 Gbit/s, il s’est vendu 34,9 % d’équipements en plus par rapport à l’année dernière, soit une augmentation des investissements de 20,6 %. Leurs ventes ont représenté lors du troisième trimestre 1,73 Md $, soit 23,2 % du CA trimestriel global.
Les switches 25 Gbit/s, considérés jusqu’à présent comme des solutions intermédiaires et plutôt boudés par les clients, ont connu un étonnant gain d’intérêt, car ils participaient à la même modernisation des datacenters que les switches 100 Gbit/s, sans pour autant coûter aussi cher. Le nombre d’équipements vendus a augmenté de 51,2 % en un an. Et c’est plutôt une bonne affaire pour les fabricants, car ces switches sont ceux dont la bande passante est facturée le plus cher. Leurs ventes ont ainsi généré une croissance de 58,6 % des revenus pour les fournisseurs.
Cisco toujours numéro 1
Concernant les fournisseurs, justement, Cisco reste le No 1 des équipements réseau toutes catégories confondues. Du côté des switches Ethernet, son CA trimestriel est évalué par IDC à 3,71 Md $, soit pour ainsi dire la moitié des facturations. C’est d’ailleurs lui qui aurait vendu aux datacenters 41,7 % des switches 25 et 100 Gbit/s. Crise pandémique oblige, cette activité commerciale n’a cependant que très peu évolué depuis l’année dernière, puisque son CA n’a augmenté que de 0,8 %.
Du côté des routeurs, en revanche, Cisco semble avoir plus de mal à conserver son leadership. Ses ventes, qui représentent désormais 35,5 % des revenus trimestriels sur ce marché, ont décliné de 8,1 % en un an. Et pour cause : Cisco vend d’ordinaire beaucoup de routeurs aux entreprises qui, ce trimestre, n’en ont pas acheté.
Huawei arrive en seconde position avec 10,4 % de parts de marché sur le segment des switches Ethernet (+18,6 %) et 28,3 % sur celui des routeurs (-1,5 %).
Dans le palmarès des seuls switches Ethernet, IDC attribue ensuite 6,4 % des ventes trimestrielles à Arista (-13,5 % en un an), 5,1 % à HPE-Aruba (-2,3 %) et 2,7 % à Juniper (-10,3 %).
Juniper vend par ailleurs lui aussi des routeurs. Il détient à présent 11,8 % de parts de marché sur ce segment, soit une progression notable de 5,9 % en un an.
IDC ne détaille pas les déploiements de switches Ethernet assemblés par les hébergeurs de cloud eux-mêmes, à partir de composants, et qui semblent, comme pour les baies de stockage, représenter l’avenir.
IDC a par ailleurs cherché à évaluer la dynamique du marché des switches d’un point de vue géographique, sans pour autant parvenir à en tirer de conclusion intéressante. En Europe, la France comme le Royaume-Uni ont acheté entre 13 et 15 % de switches en moins, alors que la Russie en a acheté 11,4 % de plus. Idem en Asie-Pacifique : quand la Chine et le Japon ont passé de 15 à 20 % de commandes en plus, l’Australie en a passé 6 % de moins. Au Moyen-Orient, les ventes ont globalement augmenté de 9 à 10 %, tandis qu’en Amérique du Nord elles ont baissé de 2 à 3 %.