Oracle le Californien déménage au Texas
Après HPE et Palantir, Oracle transfère son siège social hors de Californie, un État où le coût de la vie serait devenu trop cher, même pour les employés de l’IT. Oracle est désormais basé à Austin. Il garde tous ses « hubs » existants, dont celui historique de Redwood.
Oracle a transféré son siège social de son centre historique de Redwood en Californie à Austin, en plein cœur du Texas. La nouvelle a été relevée ce vendredi par la chaîne économique américaine Bloomberg dans un document officiel publié par l’éditeur.
Le document en question est le résultat trimestriel d’Oracle. L’en-tête confirme une nouvelle adresse de siège : 2300 Oracle Way, Austin, Texas. À la page 44, Oracle justifie ce déménagement par la volonté de « mettre en œuvre une politique plus souple en matière de lieu de travail des employés ».
La très chère Californie
« Nous pensons que ces mesures placent Oracle dans de meilleures dispositions pour sa croissance future et offrent à notre personnel une plus grande flexibilité quant à leur lieu et leur mode de travail. Selon leurs postes, cela signifie que nos employés pourront choisir leur lieu de travail et/ou continuer à travailler à domicile à temps partiel ou à temps plein. », continue le communiqué financier. « En mettant en œuvre une approche plus moderne du travail, nous espérons ainsi améliorer encore la qualité de vie de nos employés et la qualité de leur travail ».
Oracle ne ferme aucun bureau aux États-Unis et continuera à avoir des « hubs » (des succursales) là où il était déjà présent : Santa Monica, Seattle, Denver, Orlando and Burlington, et donc Redwood City.
La thèse de l’amélioration « de la qualité de vie » renvoie à la question des impôts (parmi les plus élevés en Californie pour les hauts salaires américains), du prix de l’immobilier, du coût de la vie en général, et des transports. « De nombreuses entreprises, de nombreux cadres et de nombreux employés quittent la Californie en raison des taux d’imposition et des coûts élevés de la vie, ainsi que des trajets difficiles », confirme Bloomberg.
Oracle dans la ville de Dell
Le campus texan d’Oracle avait été inauguré en 2018 à Austin, la ville Dell (dont le fondateur, Michael Dell, est un ami personnel du fondateur d’Oracle, Larry Ellison).
Ce campus d’une capacité de 10 000 personnes a la particularité de proposer des appartements sur site pour les employés, une manière – souligne la chaîne économique – de recruter à l’époque des personnels plus jeunes et à moins chers qu’à Redwood.
Autre signe d’un début de divorce entre Oracle et la Californie, l’éditeur devait cette année organiser son évènement annuel, l’OpenWorld, non pas au centre de San Francisco comme il en a l’habitude, mais à Las Vegas, une ville jugée beaucoup moins chère.
Ces économies interviennent alors qu’Oracle continue sa transition vers le cloud (qu’il a achevée pour sa gamme ERP) et qu’il cherche à couper ses coûts opérationnels.
Enfin, Bloomberg rappelle que l’orientation politique des dirigeants d’Oracle – républicains – est de plus en plus divergente avec celle de l’État de Californie – un des plus démocrates. Le gouverneur du Texas, républicain, a lui accueilli la nouvelle du transfert avec enthousiasme.
Le début d’une tendance
Oracle n’est pas le seul à se détourner de la Californie.
HPE est « parti » à Houston. Palantir à Denver. Et le fondateur de Space X et de Tesla, Elon Musk, regarde également vers le sud des États-Unis (ses entreprises restent, pour l’instant, en Californie).
Pour le franco-suisse américain David Marcus, fondateur de PayPal et actuel directeur du projet Libra, il pourrait bien s’agir d’un début d’« exode ».
David MarcusFondateur de Paypal et directeur du projet Libra
« Je suis en Californie depuis plus de dix ans et je n’ai jamais vu un tel exode de talents vers le Texas, la Floride et Washington. La fuite des cerveaux est réelle et s’accélère », écrivait-il le 9 décembre (avant l’annonce d’Oracle donc) dans un tweet.
Plus proche de la France, Rachel Delacour, fondatrice de BIME – une pépite de la BI rachetée par Zendesk – avait choisi de s’implanter aux États-Unis en 2013. Mais elle l’avait fait loin de la Silicon Valley, à Kansas City, pour des raisons de coûts de la vie et donc de salaires (et de disponibilité des développeurs).
Autant de signes qui montrent que si la Silicon Valley reste l’épicentre du monde IT avec ses grandes universités, ses fonds d’investissement et son climat, d’autres régions des États-Unis entendent venir la concurrencer. Et qu’elles commencent à y arriver.