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La startup québécoise Element AI rejoint les rangs de ServiceNow
ServiceNow va acquérir la startup québécoise Element AI. L’accord, qui devrait être conclu au début de l’année 2021, vise à apporter plus d’automatisation et d’intelligence à la plateforme cloud de l’éditeur américain.
Fondée en 2016, Element AI vend des produits SaaS de traitement intelligent des documents. La startup propose trois solutions. Knowledge Scout n’est autre qu’un moteur de recherche cognitif qui combine compréhension du langage naturel et une base de données orientée graphe, pour faciliter la découverte d’informations en entreprise.
Document Intelligence recourt à des modèles d’extraction et des flux d’automatisation dans le but d’accélérer la collecte de données dans des documents. Acces Governor, lui, doit permettre une meilleure gestion des rôles et des accès aux différents outils et logiciels d’une organisation, par exemple à l’arrivée d’un employé dans une société ou à son départ.
ServiceNow grossit les rangs de sa R&D en intelligence artificielle
« L’acquisition d’Element AI permet à ServiceNow de disposer d’une main-d’œuvre importante et expérimentée dans le domaine du développement [de l’intelligence artificielle et du machine learning], ainsi que de logiciels avancés pour diverses fonctionnalités telles que le traitement du langage, afin d’enrichir son portfolio », déclare Dave Schubmehl, directeur de recherche pour les systèmes intelligents cognitifs/artificiels et l’analyse de contenu chez IDC.
L’éditeur basé à Montréal propose également une suite d’API pour les tâches reposant sur l’IA, notamment la détection d’anomalies visuelles et d’objets, la reconnaissance optique de caractères, des prévisions, l’extraction de texte et l’explicabilité de l’IA.
ServiceNow pourrait intégrer les technologies d’Element AI dans sa plateforme phare, Now, estime Dave Schubmehl.
« L’équipe de développeurs d’Element AI, quant à elle, pourrait apporter son aide, tout en faisant de la recherche et du développement sur les futurs composants IA que ServiceNow va améliorer au cours des prochaines années », ajoute-t-il.
Dans un communiqué daté au 30 novembre, ServiceNow, basé à Santa Clara, en Californie, a également indiqué qu’il allait créer un centre d’innovation en matière d’IA au Canada, pour se concentrer sur l’expansion de l’intelligence artificielle dans sa plateforme Now. Près de 200 collaborateurs de ServiceNow seront dépêchés sur place en plus des spécialistes d’Element AI, selon Radio-Canada.
Une acquisition polémique au Québec
Les conditions de l’acquisition n’ont pas été divulguées, mais l’agrégateur Crunchbase indique qu’Element AI a levé au total 257,5 millions de dollars. De son côté, TechCrunch évoque plusieurs sources dont un porte-parole de ServiceNow qui chiffre l’opération à environ 500 millions de dollars. La jeune pousse québécoise était valorisée entre 600 et 700 millions de dollars, au moment de sa dernière levée de fonds.
Ce passage de main à une firme californienne fait grimacer au Canada, du fait des investissements de la Caisse des dépôts et placements du Québec et du gouvernement québécois à hauteur d’une dizaine de millions de dollars (sur 25 millions promis), selon Le Devoir.
Dave SchubmehlDirecteur de recherche, IDC.
Par ailleurs, le quotidien révèle que le rachat s’accompagne d’une vague de licenciement, dont ServiceNow ne souhaite pas dévoiler l’ampleur. Selon son site Web, Element AI compte 350 collaborateurs répartis entre l’Amérique du Nord, l’Asie et l’Europe.
Il s’agit de la quatrième acquisition par ServiceNow en 2020, après l’assimilation de Loom Systems, de la startup d’intelligence conversationnelle Passage AI, et du spécialiste de la gestion ITSM et DevOps Sweagle. En 2019, le groupe américain avait déjà mis la main sur Attivio, un autre acteur du Cognitive Search.
« ServiceNow a identifié l’intelligence artificielle et le machine learning comme un élément clé de différenciation pour son offre logicielle et utilise des acquisitions ciblées afin d’ajouter de l’expertise et des composants préexistants pour leur équipe de développement », conclut Dave Schubmehl.