IBM
IBM publie des résultats en dents de scie
Cloud en hausse, mainframes en chute, Red Hat toujours en étoile filante et services qui s’épuisent. Les analystes estiment que, en période de crise pandémique, ce ne serait pas si mal.
Les derniers résultats trimestriels d’IBM sont en dents de scie. D’un côté, ses applications et infrastructures en cloud ont rapporté 6 milliards de dollars, soit un bond de 19 % par rapport au même trimestre de l’année dernière. De l’autre, sa division en charge des matériels a vu ses ventes chuter de 15 %, à 1,3 md $, notamment à cause d’une contre-performance des mainframes Z. Les logiciels, ceux de Red Hat pour fonctionner en cloud hybride et ceux liés à l’intelligence artificielle, ont augmenté de 7 %, pour atteindre 5,6 mds $. Les services d’accompagnement de projets ont baissé de 5 %, à 4 mds $. Au final, le chiffre d’affaires trimestriel, de 17,6 milliards de dollars, est en léger recul, de 2,6 %, par rapport à l’année dernière.
« Un recul de seulement 2,6 % n’est pas mal si l’on considère qu’IBM a, plus que ses concurrents, beaucoup de clients dans les secteurs du transport et de la grande distribution, lesquels ont été particulièrement touchés par la crise pandémique », commente Daniel Elman, analyste au cabinet d’études Nucleus Research. « Je trouve même ces résultats encourageants, car, lorsque les compagnies aériennes et les enseignes de la grande distribution retrouveront une activité normale, elles achèteront certainement beaucoup de solutions cloud et d’intelligence artificielle à IBM ; ces entreprises investissent en effet davantage dans des projets de modernisation technologique. »
Lors d’un entretien avec des analystes financiers, Arvind Krishna, le PDG d’IBM, a attribué une grande partie de la hausse des revenus du cloud et des logiciels aux grands comptes, lesquels auraient adhéré à sa nouvelle stratégie de vendre du cloud hybride sur la base des solutions Red Hat.
« La forte croissance de notre activité cloud, menée par Red Hat, souligne l’adoption croissante par les clients de notre plate-forme de cloud hybride ouverte », a-t-il déclaré. « IBM a notamment signé onze contrats au cours du troisième trimestre, chacun dépassant les 100 millions de dollars. Et huit d’entre eux ont été conclus par la division en charge des infrastructures. »
Daniel Elman estime qu’Arvind Krishna a raison d’afficher de l’optimisme. « Le cloud hybride est actuellement le sujet principal des grands hébergeurs, comme AWS et Azure. IBM devrait avoir un avantage dans la conquête de ce marché, car les clients les plus intéressés sont les très grandes entreprises et cela fait des années qu’il leur explique comment réussir leur transformation digitale grâce au cloud hybride. »
Un tiers du CA réalisé par Global Technology Services
Arvind KrishnaPDG, IBM
Arvind Krishna a profité de la publication de ces résultats pour clarifier le devenir de la division Global Technology Services, laquelle doit devenir à court terme une entreprise autonome, temporairement appelée « NewCo ». Selon lui, NewCo, dont l’activité est l’infogérance de matériels IBM historiques, ne se privera pas de maintenir en opération pour les entreprises les solutions modernes de ce même IBM, en particulier la plate-forme de cloud hybride OpenShift de Red Hat. « La scission à venir donnera juste à chacune de nos deux compagnies l’agilité nécessaire pour se focaliser sur son propre modèle financier ».
Et d’ajouter : « Cela permettra aussi à chacune d’avoir une plus grande liberté dans le choix de ses partenaires. » On ignore ce que cette dernière phrase sous-entend. LeMagIt se contentera de spéculer sur un rapprochement possible entre IBM et Dell EMC, ce dernier prévoyant dans le même temps de se séparer de VMware pour, entre autres, s’ouvrir à d’autres solutions système. Pourquoi pas celle de Red Hat, concurrente de VMware ?
Bien qu’Arvind Krishna estime qu’IBM et NewCo seront tous deux des acteurs très compétitifs dans leurs activités respectives, certains analystes soulignent que NewCo part tout de même avec un certain handicap, étant donné la chute des revenus de cette branche ces dernières années. En l’occurrence, les clients d’IBM ont remplacé des pans entiers de leurs datacenters par des ressources en cloud.
Ted SchadlerAnalyste, Forrester
« Franchement, je pense qu’IBM a sous-investi dans cette activité d’infogérance, laquelle aurait pu être bien plus rentable », estime Ted Schadler, analyste chez Forrester. « Ils n’ont pas suffisamment proposé d’architectures stables et ont compensé en fournissant à leurs clients davantage de conseils et d’assistance stratégiques. C’est une occasion manquée. »
En l’occurrence, l’activité de la branche Global Technologies Services, qui est ventilée entre toutes les gammes de solutions présentées en haut de cet article, a permis à IBM de facturer ce trimestre 6,5 mds $, soit plus d’un tiers de son chiffre d’affaires.