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ERPx : Unit4 promet sa nouvelle génération d’ERP pour le printemps
L’éditeur hollandais d’ERP financier poursuit sa transformation. Lors de son événement annuel, il a réitéré sa volonté de se concentrer sur quelques secteurs qu’il connaît bien (services, organisations non lucratives et éducation) et sur le cloud.
Les ERP traditionnels ne sont pas adaptés aux activités qui reposent principalement sur « l’humain » et sur des services immatériels. Tel a été le message qu’a martelé l’éditeur hollandais Unit4, lors de sa conférence virtuelle Experience4U (X4U), lors de laquelle il a présenté les grandes lignes de son nouveau produit : ERPx. Le nom rappelle celui de la nouvelle gamme de l’éditeur français Cegid, qui avait décidé de la baptiser XRP dans une stratégie cousine de celle du hollandais.
ERPx ne sera pas disponible avant le mois de mars 2021. Plusieurs experts considèrent qu’annoncer une telle plateforme six mois avant sa sortie n’est pas idéal, mais pas surprenant non plus si l’on considère que le marché des ERP cloud est de plus en plus compétitif, également sur ce segment des PME.
Unit4 est originaire de Rotterdam. Historiquement, il édite un ERP en mode SaaS pour les PME et les ETI (midmarket), dans les industries de services (on pourrait parler d’ERP financier). Unit4 revendique un peu plus de 5 000 organisations et entreprises clientes dans une centaine de pays, mais avec une forte dominante en Europe.
Unit4 s’est lancé dans une transformation, il y a maintenant six ans, sous l’impulsion de son nouveau propriétaire – le fonds d’investissement Advant International. Une transformation qui passe par le cloud et vers un recentrage sur ces secteurs. Et qui s’incarnera donc encore plus clairement dans ERPx.
« Les activités immatérielles ont besoin d’un ERP différent »
« [Les ERP qui viennent de l’industrie manufacturière et qui ciblent les services] ne correspondent pas aux besoins des métiers où prédominent l’humain (people-driven) », affirme Mike Ettling, PDG de Unit4. « Les industries de services sont un domaine différent, elles ont besoin d’un ERP différent ». C’est dans ce cadre que sortira ERPx.
Unit4 ERPx reposera sur trois piliers : des fonctionnalités clef en main adaptées aux secteurs ciblés, une expérience utilisateur améliorée et une architecture cloud. Trois atouts qui devraient aider Unit4 à répondre aux nouveaux besoins des sociétés de services, de l’enseignement supérieur, des organisations à but non lucratif et du secteur public (mais pas en France pour ce dernier).
Unit4 ne dérogera pas à ces cibles. « Nous possédons une connaissance très pointue de la manière dont ces verticaux fonctionnent et de la manière dont nous pouvons traduire ce savoir sur ces besoins en fonctionnalités et en modèles [dans l’ERP] », estime Dmitri Krakovsky, évangéliste produit chez Unit4. « Nos configurations clef en main [qui en découlent] sont des gains de temps et d’argent très substantiels pour les déploiements de nos clients ».
Unit4 ne regarde pas plus vers le haut en matière de taille. « Nous n’essayons pas non plus de cibler les organisations plus grandes », confirme Dmitri Krakovsky. « Nous connaissons le marché [des moyennes entreprises] et il restera notre seule cible ».
Unit4 ERPx s’appuiera sur l’infrastructure de Microsoft Azure (l’éditeur est depuis plusieurs années très lié à cette plateforme). Le produit proposera également une trousse à outils de type no code/low-code pour développer « plus simplement » des extensions au produit.
En plus de l’ERP financier au cœur ERPx (« qui s’appuie sur notre ERP 7 », explique Dmitri Krakovsky), la suite devrait proposer des briques Financial Planning & Analysis (FP&A) et SIRH (HCM).
Un message qui n’est pas forcément nouveau
La stratégie de communication, qui met en avant la dimension de gestion de l’humain (d’où le nom de « People Plateform »), n’est pas nouvelle chez Unit4. « Mais il le fait bien », constate Cindy Jutras, présidente de la société de conseils Mint Jutras R&A.
« La stratégie est plutôt bonne : Unit4 connaît très bien ces industries », déclare-t-elle. « Ceci étant, l’accent mis sur le mid-market est un peu surprenant, car dans le passé, ils n’excluaient pas de cibler les entreprises un peu plus grandes […] En fait, cette segmentation et cette limite viennent certainement de manière assez naturelle ; la plupart des acteurs dans ces verticaux sont dans cette fourchette de taille ».
Pour elle, d’un point de vue technologique, Unit4 ERPx devrait bien répondre aux besoins de ces verticaux. Mais s’il est clairement « moderne » quand on le compare aux anciens ERP (sur site notamment), ERPx arrivera aussi un peu en retard par rapport à certains de ses concurrents, tempère Cindy Jutras qui ajoute que, souvent, une telle annonce est suivie d’une disponibilité immédiate, ou en tout cas proche.
« S’ils n’avaient pas annoncé quelque chose de ce genre, dès maintenant, on aurait pu croire qu’ils étaient vraiment lâchés [par la concurrence] », continue-t-elle. « Une préannonce comporte un certain risque, mais s’ils sortent le produit à la date promise, cela peut aussi être un avantage ». Par exemple en permettant aux clients existants de ne pas trop regarder du côté de la concurrence s’ils envisagent une migration, résume-t-elle en substance.
Pour Vinnie Mirchandani, du blog d’analyse des tendances technologiques Deal Architect, le fait de se concentrer sur quelques verticaux et de ne pas en déroger s’inscrit bien dans la tendance actuelle des applications métiers (comme le montrent en Europe les bons résultats d’Infor dans d’autres secteurs que ceux de Unit4, mais avec la même vision de « micro-verticalisation »). Une tendance dont la pertinence serait encore renforcée par la pandémie, ajoute l’analyste.
« Dans tous les secteurs d’activité pendant la pandémie, nous avons vu des applications très verticales être mises en œuvre. Elles ont permis aux entreprises de survivre, et même pour certaines de prospérer – des applications pour la télémédecine dans la santé, pour le traitement des prêts dans la banque, pour la visite et la vente numérisée de maisons dans l’immobilier, ou encore dans l’enseignement en ligne dans l’enseignement supérieur », liste-t-il. « La plupart des éditeurs d’ERP ont eu du mal à vendre leurs modules de base quand, dans le même temps, des spécialistes comme Teladoc, nCino ou Shopify ont affiché de très bons résultats ».
Pour lui, enfin, annoncer Unit4 ERPx six mois à l’avance n’est peut-être pas l’idéal, mais ce n’est pas non plus surprenant dans l’IT. Il estime en effet, tout comme Cindy Jutras, que ce délai devrait donner aux clients le temps de se préparer, dans leurs réflexions ou techniquement, au changement.