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HashiCorp se lance dans la livraison continue avec Waypoint
HashiCorp a fait cette semaine sa première incursion dans le monde de la livraison continue avec Waypoint, un nouveau projet open source dont certains professionnels de l’IT espèrent qu’il rationalisera et standardisera les déploiements DevOps.
Le projet Waypoint est disponible en version 0.1 sur GitHub depuis cette semaine. Il se concentre sur un sous-ensemble du pipeline CI/CD, à la phase de livraison du logiciel au moment où le code est intégré dans des artefacts, déployés d’un environnement de test à un autre en production.
« Le processus de construction, de déploiement et de mise en production est extrêmement fragmenté et complexe suivant les différentes plateformes [d’infrastructure] », déclare Mitchell Hashimoto, co-directeur technique et co-fondateur de HashiCorp.
Par exemple, la phase de construction (ou de compilation) nécessite différents outils en fonction de la cible de déploiement d’une application, selon le CTO. Les développeurs peuvent utiliser Packer de HashiCorp pour créer une VM pour AWS EC2, Docker pour créer des images containérisées, ou encore des interfaces de ligne de commande (CLI) spécifiques pour concevoir des services cloud event driven via Google Cloud Run.
Avec Waypoint, Hashicorp veut standardiser le format et le workflow associés aux phases de construction des containers ou des builds, de déploiement et de mise en service dans le cadre du processus de livraison continue, assure Mitchell Hashimoto.
Waypoint enveloppe les artefacts d’application avec une URL versionnable, qui peut être déployée sur diverses plateformes comme AWS EC2, Kubernetes, Azure Container Instances ou encore Google Cloud Run. Une seule commande doit suffire ($waypoint up) pour lancer les opérations de build, de déploiement et de mise en service, en se basant sur la configuration définie par le développeur.
Waypoint comprend donc une CLI pour exécuter des commandes telles que waypoint-exec, pour enclencher des scripts shell, et une autre pour consulter les logs ($waypoint logs). Toutes deux sont destinées au débogage des déploiements.
Mitchell HashimotoCo-directeur technique et co-fondateur, HashiCorp.
Le directeur technique compare l’approche Waypoint avec les boîtes à outils existantes telles que les makefiles, les chaînes d’outils CI/CD et le PaaS.
« Les développeurs veulent une meilleure interface », estime-t-il. « Ce sont trois interfaces qui ont été essayées, mais nous pensons qu’il y a un meilleur moyen de le faire ».
Les professionnels de l’IT intéressés par le projet devront toutefois prendre leur mal en patience. Il est encore trop tôt pour savoir exactement comment Waypoint s’intégrera dans les flux de travail DevOps existants au fur et à mesure de son développement. La version 0.1 manque de fonctionnalités nécessaires (comme un RBAC par exemple) pour que les développeurs d’entreprise puissent l’utiliser en production. Une série de plug-ins Waypoint est déjà disponible pour diverses plateformes d’infrastructure, notamment AWS, GCP, Azure et Kubernetes, et des centaines d’autres sont prévus sur la feuille de route.
Waypoint : les utilisateurs d’Hashicorp pèsent le pour et le contre
Les professionnels rompus aux méthodologies DevOps ne sont pas non plus certains de ce que Waypoint pourrait apporter aux opérations IT.
Phil FenstermacherIngénieur système, Université William & Mary
« L’accès constant des développeurs aux shells et aux logs de nombreux fournisseurs d’hébergement est quelque chose que je n’avais jamais vu auparavant dans aucun produit », déclare Phil Fenstermacher, ingénieur système chez William & Mary, une université de Williamsburg, en Virginie. « Le développeur en moi aime le produit, mais mon côté opérationnel a beaucoup de questions ».
D’autres utilisateurs de HashiCorp se sont dits plus ouverts à Waypoint et son parti pris pour les développeurs.
« Ce qui est vraiment important, c’est de permettre aux développeurs de faire leur travail », considère Rich Burroughs, avocat principal des développeurs chez FireHydrant, un éditeur de logiciels de réponse aux incidents basé à New York. « Les ingénieurs devraient être capables de pousser leur propre code là où ils en ont besoin et le faire facilement – si vous voulez obtenir de la vitesse, il est [crucial] de supprimer ce genre d’obstacles ».
Pour certains professionnels de l’IT le test ultime pour Waypoint ne sera pas de savoir à quel rôle il convient, mais s’il est plus facile à utiliser que les produits CI/CD existants.
« L’écosystème CI/CD est assez vaste, mais je trouve qu’il faut beaucoup d’investissements pour faciliter l’usage de ces produits », estime Connor Kelly, ingénieur SRE pour un site web de recherche d’emploi. « Si Waypoint aide à diminuer les efforts nécessaires et favorise une utilisation immédiate, ce sera une bonne chose ».
Waypoint, un possible concurrent à Spinnaker
Les responsables de HashiCorp ont insisté sur le fait que Waypoint ne remplace pas les outils de CI/CD plus généraux tels que ceux compris dans Jenkins. Il peut plutôt s’intégrer à ces derniers, en fournissant un flux de travail et un format d’application portable entre plusieurs outils de déploiement et de livraison continue.
HashiCorp n’a pas non plus l’intention de diversifier Waypoint pour y inclure des fonctions d’intégration continue ou d’automatisation des tests, selon la présentation de Mitchell Hashimoto.
Kyler MiddletonArchitecte principal réseau DevOps, Veradigm
« Waypoint est… fondamentalement un emballage ou un orchestrateur autour d’autres outils », considère Kyler Middleton, architecte principal du réseau DevOps chez Veradigm, une société de services de données médicales basée à Chicago. « Il semble que ce soit un moyen de faire abstraction de la complexité de l’utilisation de ces outils individuellement, puis de déplacer les artefacts entre les outils ».
Cependant, il existe encore des domaines dans lesquels Waypoint pourrait supplanter des outils principalement concentrés sur la livraison continue, comme Spinnaker et Harness de Netflix. Les prochaines versions de Waypoint incluront la prise en charge de processus de déploiement d’applications avancés dans les types de déploiement blue/green, canary et progressifs (rolling) et prennent déjà en charge les rollbacks d’applications, également une spécialité de ces outils.
« J’ai tout de suite pensé à Spinnaker à l’annonce de Waypoint », déclare Rich Burroughs. « Je ne vois pas comment il serait possible d’utiliser les deux outils ensemble », ajoute-t-il.
D’autres participants à la HashiConf ont également vu un chevauchement potentiel avec des outils de gestion de configuration tels que Red Hat Ansible et des outils d’automatisation d’applications tels que Chef Habitat.
« Je travaille sur un projet Ansible à grande échelle, mais c’est l’ancienne méthode », assure Kyler Middleton. « Waypoint semble être un post-provisionneur pour un monde serverless ».
Chef Habitat, bien qu’ambitieux, n’a pas connu l’adoption massive escomptée, et la société est maintenant en transition après son acquisition par Progress Software en septembre.
Chris CondoAnalyste, Forrester Reasearch
HashiCorp, d’autre part, dispose déjà d’outils tels que Terraform infrastructure-as-code, Consul (découverte de services) et Vault (gestion des secrets) qui sont largement utilisés dans les environnements cloud et Kubernetes, et qui vont probablement augmenter le rayonnement de Waypoint, ont déclaré les analystes.
« La chose la plus intéressante dans tout cela est HashiCorp lui-même », considère Chris Condo, un analyste de Forrester Research. « Terraform semble être proposé comme un produit de première classe sur chaque cloud, et le service mesh [Consul] devient également populaire… [Waypoint] crée une collection convaincante d’outils d’automatisation de logiciels, qui sont tous open source ».