Zoom sort des « Zapps », une marketplace d’évènements et le chiffrement de bout en bout
À Zoomtopia, Zoom a dévoilé les Zapps, des apps tierces intégrées dans la visioconférence. Il a lancé en parallèle, OnZoom, une « galerie » d’évènements diffusés avec son outil et annoncé une préversion du chiffrement de bout en bout.
Lors de son évènement annuel, Zoomtopia, Zoom a fait deux grosses annonces et une promesse. La promesse concerne le chiffrement. La première annonce est le lancement de OnZoom, une galerie d’évènements en ligne diffusés avec son outil. La deuxième est l’ouverture d’une place de marché applicative où les développeurs pourront proposer leurs « apps » sous forme d’extensions à la visioconférence.
Zoom a décidé d’appeler ces logiciels tiers des « Zapps » – « ce sont des applications dans Zoom », résume Ross Mayfield, Product Lead Integration chez Zoom lors d’un échange avec les analystes et la presse internationale.
Qu’est-ce qu’une Zapps dans Zoom ?
Zoom est également concerné par ces développements puisqu’il a déjà dévoilé trente-sept applications en partenariat avec plusieurs éditeurs. La marketplace s’ouvrira ensuite aux développeurs – qui seront préapprouvés – en 2021.
Ross MayfieldZoom
Parmi les premières « Zapps », on trouve des outils de productivité (Box, Dropbox, Google Docs), de collaboration d’équipe et de gestion de projet (Trello, Slack, Confluence, Wrike, Asana), de sondage (SurveyMonkey), de transcription en temps réel (Rev), de cours en ligne (Coursera, Kahoot) et une forte dominante CRM/support client (Salesforce, Hubspot, Zendesk).
Zoom proposait déjà une marketplace applicative particulièrement bien fournie (plus de 800 références). Mais, d’après Ross Mayfield, il s’agissait jusqu’ici d’applications qui intégraient Zoom, via ses APIs, dans leurs produits.
À l’inverse, les Zapps seront intimement intégrées dans l’interface de Zoom, pour ne pas avoir à quitter l’outil.
Pour Wayne Kurtzman, analyste chez IDC, cette approche « best-of-breed » pourrait séduire les organisations qui souhaitent éviter un modèle totalement intégré, de type Microsoft Teams, pour ne pas être liés à un seul éditeur.
« Chacun a besoin des meilleurs outils disponibles sur le marché pour faire son travail le mieux possible, et souvent ces outils ne viennent pas tous d’un seul fournisseur », résume-t-il.
OnZoom : une marketplace de contenus
Lors de Zoomtopia, Zoom a présenté une autre « galerie » pour les évènements, celle-ci. Cette vitrine est assez justement appelée OnZoom (« Sur Zoom » en anglais).
Concrètement, une entreprise ou une personne individuelle peut y proposer un contenu (cours, tutos, etc.). OnZoom gère les inscriptions (si l’évènement est gratuit) ou les ventes s’il est payant (il existe aussi une option « dons »), et la récurrence des sessions s’il s’agit d’une série d’évènements.
OnZoom est disponible en version bêta. À titre d’exemple, la galerie propose des cours de Hope Zoomba (un spécialiste des exercices de danse) et des cours de cuisine de Whisk. Pas très B2B donc, mais Katianne Galdieri, Brand Marketing Manager, estime que l’outil est aussi destiné aux entreprises.
Zoom assure qu’il ne facturera pas OnZoom. Celui-ci est toutefois réservé aux clients payants de Zoom. Et, ajoute l’éditeur, il n’est pas exclu (c’est-à-dire qu’il est a priori acté) qu’il prenne une commission sur les évènements payants.
Les évènements OnZoom sont limités à 1 000 personnes (fourchette haute déterminée pour les entreprises qui organisent de gros évènements).
OnZoom est dans l’air du temps des évènements virtuels – de plutôt petites tailles tout de même au regard de cette limite des mille participants – puisque Facebook a fait une annonce similaire en septembre. Avec OnZoom, Zoom devient en tout cas revendeur de contenus et pourrait concurrencer, en France, des acteurs comme Skilleos dans le B2C.
Fonds immersifs et chiffrement de bout en bout pour tous
Moins marquant, Zoom a annoncé des « scènes immersives ». Les scènes immersives permettent à l’hôte de créer un fond où les flux des participants sont intégrés dans une scène, comme une salle de classe ou une salle d’audience. Une fonctionnalité qui n’est pas sans évoquer le Together Mode de Teams, dévoilé cet été par Microsoft.
Plus important en revanche, Zoom promet le vrai chiffrement de bout en bout dès la semaine prochaine, avant-première technique, et pour tous les utilisateurs (la précédente promesse d’un tel chiffrement réservé aux clients payants avait déclenché une pluie de critiques).
« Lorsqu’elle est activée, la fonction garantit que la communication entre les participants aux réunions utilisant les applications Zoom est chiffrée à l’aide de clés connues uniquement des appareils de ces participants. Avec le chiffrement de bout en bout, aucune tierce partie – y compris Zoom – n’a accès aux clés privées de la réunion », promet Zoom.
Zoom avait été au cœur d’une virulente polémique après que son marketing a déclaré qu’il était chiffré de bout en bout, alors qu’il ne l’était pas. Ses concurrents, qui ne le sont pourtant pas plus que lui, en avaient profité pour vanter leur sécurité censée être supérieure.
Mais les acteurs chiffrés de bout en bout restent rares. En France, par exemple, Tixeo est un de ceux-là (et certifié par l’ANSSI pour cela). Le projet open source WebRTC, à la base de plusieurs produits (dont Lifesize et Google Meet), explore une piste alternative à celle propriétaire de Tixeo : « Insertable Streams ».
Mais Zoom ne repose pas sur cette technologie open source. Avec cette annonce, l’éditeur ne devrait donc plus tarder à lever le voile sur la manière dont il est arrivé, en un temps record, à repenser son produit (grâce au rachat de Keybase dit-il) pour en faire un flux chiffré en continu impossible à espionner. LeMagIT a en tout cas posé la question à l’éditeur, qui a promis de tout nous expliquer. À suivre donc.