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L’initiative européenne GAIA-X se concrétise
Devenue association à but non lucratif, GAIA-X voit ses statuts renforcés et des initiatives sont d’ores et déjà en préparation.
GAIA-X ne sera peut-être pas une usine à gaz numérique comme l’Europe aime les inventer – on se souvient du projet Quaero, un moteur de recherche européen qui devait concurrencer Google, initié il y a 15 ans par la France, et qui s’est terminé en eau de boudin.
Initiative franco-allemande, privée et rejointe par d’autres pays, GAIA-X se veut être un écosystème de données européen, respectant les réglementations en la matière (RGPD) et ouvert (interopérabilité, réversibilité). En résumé, il s’agit d’offrir une alternative aux clouds américains et d’éviter le Cloud Act. Il faut bien reconnaître que jusqu’en juin 2020, il ne s’agissait que d’un vaste annuaire des fournisseurs de cloud européens respectant ces conditions.
Un métacloud souverain
Depuis l’été, le projet avance à grands pas, sans doute aidé par le plan de relance de l’économie européenne après l’épidémie de la Covid-19. Certes, l’objectif initial n’a pas changé : il s’agit moins de construire de vastes datacenters estampillés « GAIA-X », mais de constituer un répertoire de fournisseurs de cloud capables d’apporter des garanties spécifiques en matière de localisation, d’interopérabilité de réversibilité ou de sécurité des données. Un métacloud souverain, en quelque sorte.
La nouveauté est qu’il ne s’agit plus d’un projet, mais d’une association internationale sans but lucratif (AISBL), aux statuts fixés, et à laquelle plusieurs fournisseurs européens ont adhéré le 15 septembre dernier. Ses membres restent pour l’essentiel français (OVHcloud, Atos, Orange, Docaposte…) et allemands (Siemens, SAP, BMW). Si l’enjeu technique principal de GAIA-X est la réversibilité et la protection des données, l’association est prête à accueillir des acteurs non européens, à partir du moment où ils respectent ces principes. Mais sans qu’ils puissent toutefois participer au bureau de l’association.
Les chances de voir des fournisseurs américains comme AWS ou Microsoft approcher le projet semblent toutefois minces, malgré ce qu’en pense Servane Augier, Directrice générale de 3DS Outscale. Seul IBM, qui ne fait pas partie des Gafa et dispose d’une présence forte en Europe – certes de moins en moins, tant les suppressions de postes se sont enchaînées en France –, avec des centres de recherches à Montpelier et Zurich, pourrait se montrer intéressé. D’autant plus qu’avec son rachat de Red Hat, Big Blue est un acteur majeur de l’Open source, et que Red Hat a développé une pépite, OpenShift.
Coopération franco-allemande
L’intérêt de cette association à but non lucratif, outre le moteur de recherche, est de permettre aux entreprises de passer d’un fournisseur de cloud européen à un autre, respectant ses principes fondateurs, notamment lorsqu’elles se développent et doivent disposer d’une infrastructure cloud conséquente, capable de concurrencer les fournisseurs américains.
Les différents acteurs de GAIA-X sont encouragés à coopérer pour mettre au point de nouvelles offres. C’est ainsi qu’OVHcloud et T-Systems prévoient pour 2021 la création d’un cloud dédié dans un premier temps aux OIV (Opérateurs d’importance vitale). Il sera basé sur OpenStack – OVH fait partie des leaders de cette pile d’infrastructure cloud –, T-Systems maîtrisant plus particulièrement l’infrastructure réseau. D’autres entreprises hors OIV pourraient disposer de ce cloud dans un second temps.