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IoT : Twilio s’adresse aussi aux développeurs de systèmes embarqués
Lors de sa conférence virtuelle SIGNAL, le spécialiste de la télécommunication cloud Twilio a annoncé le lancement d’une solution IoT nommée Microvisor, un hyperviseur embarqué dans des microcontrôleurs couplé à une suite logicielle hébergée dans le cloud. Il doit simplifier la gestion de la maintenance, de la sécurité et des mises à jour des équipements IoT.
Twilio s’est fait un nom avec des outils et des briques logicielles pour faciliter les télécommunications, de la gestion des API, en passant par les SMS ou des applications de visioconférence.
« Twilio est davantage connu pour ses produits de gestion de communication et de l’engagement client, mais à son cœur, Twilio est une entreprise de développeurs », déclare Evan Cummack, directeur général de Twilio IoT.
Présenté de manière grandiloquente comme « le prochain chapitre de l’informatique », l’éditeur veut rapprocher « élégamment » le logiciel et le matériel, et ce depuis 2016, lors du lancement de sa première offre IoT : Programmable Wireless. En 2018, il avait annoncé Super SIM, une offre entrée en bêta public en mars dernier. Cette solution doit permettre de gérer la connectivité cellulaire des appareils associés via un logiciel et une API pour changer automatiquement d’opérateur à l’échelle mondiale.
Dans la même veine, Twilio Microvisor, disponible en bêta privée, s’adresse aux développeurs de l’embarqué. Selon l’éditeur, ce sont eux qui doivent généralement faire face à la complexité des mises à jour de sécurité, de l’intégration des données, de la gestion de l’énergie consommée, de la compatibilité avec les différents systèmes IT, entre autres.
« Nous avons analysé le marché des logiciels de l’embarqué et nous avons observé deux manières de faire. La première consiste pour les développeurs à bâtir leurs solutions de zéro. La seconde repose sur l’utilisation d’une plateforme “out of the box” qui doit faciliter la conception des logiciels embarqués, mais qui comporte des limitations », affirme Evan Cummack. « D’un côté, cela nécessite une connaissance approfondie des standards, de l’autre, d’anticiper un possible enfermement propriétaire ».
Twilio prend le parti pris de proposer une alternative, un « compromis entre la facilité et l’ouverture ». Microvisor est le fruit du rachat d’Electric Imp, une startup qui développait alors une solution éponyme composée de microcontrôleurs certifiés et d’une plateforme pour la gestion des équipements et de la sécurité avant de transférer les données vers les « plateformes » IoT du marché (Watson IoT, ThingWorx, Microsoft Azure IoT ou encore GE Digital).
Microvisor, un hyperviseur pour la sécurité et la connectivité des capteurs connectés
« Avec ce rachat, nous avons obtenu tout ce dont nous avons besoin pour lancer Microvisor » vante Evan Cummack. Microvisor reprend le concept d’Electric Imp. Microvisor doit permettre de faciliter la gestion les opérations à distance en encapsulant un hyperviseur dans une zone sécurisée d’un microprocesseur.
Plus spécifiquement, l’éditeur s’appuie sur ARM Trustzone qui offre une isolation matérielle entre la zone contenant le RTOS (FreeRTOS est le seul supporté pour le moment), le code, les données et la zone Microvisor pour sécuriser et gérer les mises à jour des équipements ainsi que la connectivité. Dans un sens, de la couche applicative vers la couche Microvisor, les deux parties communiquent via des appels API. Dans l’autre sens, les notifications sont effectuées via un buffer circulaire horodaté qui déclenche une interruption matérielle (IRQ).
Cela permet de gérer les mises à jour OTA, le débogage à distance, la gestion de la pile de sécurité, du réseau, des connecteurs réseau, de l’alimentation et du kernel spécifique à Microvisor. Le développeur embarqué peut pour l’instant développer en C, C++ et Rust. Une fois la bêta privée terminée, d’autres langages de programmation seront supportés.
La solution doit assurer la sécurisation au démarrage pour ne pas compromettre l’équipement avant son déploiement, la récupération après une mise à jour ratée (un problème récurrent dans l’IoT), ou encore la mise en place d’un tunnel sécurisé pour communiquer les données vers le cloud. Microvisor n’aurait aucun impact sur les performances d’un microcontrôleur. Le produit logiciel a été testé avec un microcontrôleur de la famille STM32 basée sur l’ARM Cortex M33, mais l’éditeur promet un support d’autres équipements dotés d’un processeur Cortex-M.
Twilio offre un support officiel pour PlatformIO, un IDE dédié à l’embarqué, et ajoute un outil Twilio CLI et un serveur GDB pour le débogage. La console hébergée dans le cloud fourni par l’éditeur doit permettre d’inspecter les appareils, initier et superviser les déploiements. Un outil de gestion de flottes facilite le groupage et la gestion des équipements déployés, tandis que la fonctionnalité de diagnostics permet de récupérer les logs des microcontrôleurs qui auraient planté.
L’éditeur n’a pas annoncé le prix de sa solution, mais promet « une cotisation pour 10 ans de service » par équipement, certifiant ainsi qu’il maintiendra le kernel au cœur de Microvisor et appliquera les corrections de vulnérabilités à distance sur cette durée.
Twilio renforce son portfolio
Si Microvisor s’appuie largement sur des technologies open source, Twilio souhaite avant tout renforcer son écosystème en fournissant la brique de connectivité, de développement et de conseils pour les fabricants d’objets et les entreprises qui développeraient leurs projets IoT. En cela, sa stratégie ressemble à celle d’AWS avec ses offres IoT.
C’est avec cette même approche que l’éditeur a présenté Twilio video WebRTC Go, un SDK pour bâtir des applications de vidéoconférence pour des conversations à deux personnes (architecture Mesh). Il s’agit d’une application ReactJS prépackagée pour un navigateur Web, Android ou iOS. Twilio fournit 25 Go par mois de transfert de données (100 000 minutes de visioconférence par mois) sur un serveur TURN et 48 heures de conservation des logs ainsi que les outils pour réparer les possibles bugs. La solution « reste gratuite tant que les développeurs exécutent leurs applications avec les services Twilio ».
Enfin, l’éditeur lance Event Streams en bêta privée, une API pour consolider les données de différents canaux de communication gérés via des produits Twilio. Pour l’instant, il est possible d’injecter des données et métadonnées en provenance des offres Messaging, Voice, Super Sim, TaskRouter (gestion de processus dans des centres de contact) vers Amazon Kinesis pour ensuite les analyser en temps réel.
Les services de messagerie SMS de Twilio – qui est installé à Paris depuis la fin de l’année 2019 – sont utilisés par les Galeries Lafayette, la plateforme de mobilité urbaine Heetch ou les agences de voyage Evaneos.