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Choix des ERP : les directions générales trop conformistes et interventionnistes (étude IFS)
Dans une étude sur la transformation numérique, l’éditeur suédois estime que l’échec des projets est souvent dû à des « erreurs de casting » des solutions, provoquées par les « pressions » des directions générales en faveur des acteurs établis.
Les études publiées par les éditeurs sont à prendre avec des pincettes puisqu’elles servent, au final, leurs objectifs. Mais celle d’IFS sur les budgets alloués à la transformation numérique a le mérite de poser clairement un débat souvent laissé en coulisse : le processus de choix des solutions IT est-il « biaisé par les pressions hiérarchiques » ?
« Alors que les dépenses en matière de transformation digitale s’accroissent partout dans le monde [même avec la pandémie], 49 % des entreprises françaises considèrent que la première cause d’échec en la matière est les mauvais conseils des fournisseurs. », écrit l’éditeur d’origine suédoise spécialiste de l’ERP.
Plus exactement, pour IFS, c’est une sélection qui est trop influencée par la direction (sans compétences IT réelles), pas assez à l’écoute des utilisateurs, et qui ne déchiffre pas correctement le marketing des prestataires qui serait en cause.
« L’étude révèle que les entreprises pâtissent du fait que les équipes qui sélectionnent les outils technologiques subissent régulièrement des pressions de la part de leur direction générale », regrette IFS. Un interventionnisme « surtout vrai dans les plus grandes entreprises ».
Des directions générales pas toujours de bon conseil
Gartner place le Suédois en leader des Field Services (logiciel de support des interventions terrain) et en « visionnaire » dans son classement des ERP cloud dédiée à l’industrie. Mais l’éditeur reste un challenger sur le marché en termes de part de marché face aux poids lourds du secteur, à commencer par SAP ou Oracle.
IFS
Avec cette étude, IFS veut à l’évidence contre-attaquer et avance de manière on ne peut plus directe que les positions établies s’expliqueraient en grande partie par des facteurs extratechniques.
« Les directions générales et les conseils d’administration font pencher la balance vers des fournisseurs connus sur le marché… quand bien même ceux-ci ne fourniraient pas l’offre la plus pertinente pour répondre aux besoins réels de l’entreprise », regrette-t-il.
Ce conformisme et ce décalage entre les besoins métiers réels et le choix des ERP seraient cependant moins marqués en France où 31 % tout de même des sondés constateraient cet interventionnisme, contre 46 % dans le monde au sein les entreprises générant entre 850 et 950 millions $.
« Les mauvais conseils des fournisseurs en matière de transformation digitale peuvent coûter très cher. Les entreprises qui souhaitent investir dans la technologie doivent exiger qu’ils adoptent des méthodes de marketing et de vente saines, basées sur une réelle valeur apportée au client », prêche Michael Ouissi, Chief Customer Officer d’IFS. « Il faut aller au-delà de la notoriété d’un fournisseur et des pressions subies par les équipes opérationnelles […]. L’étude prouve que les échecs en matière de transformation digitale sont aussi largement dus à des erreurs de casting. »
À l’inverse, les deux facteurs clefs des projets réussis seraient une bonne combinaison de technologies (pour 43 % des sondés) et des objectifs clairs (44 %).
L’étude a été menée du 8 avril au 5 mai 2020 auprès de 3032 décisionnaires et employés d’entreprises de toutes tailles et sur tous les secteurs, en France (503 répondants), Allemagne, Royaume-Uni, États-Unis, Australie, et dans les pays nordiques.