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Zoom : augmentation massive du nombre de clients payants
Zoom affiche une très forte croissance de ses revenus au deuxième trimestre 2020, y compris pour son PBX cloud Zoom Phone. Ces résultats l’installent définitivement comme concurrent majeur de Microsoft, Google et autres Cisco dans la visioconférence.
Le nombre de clients payants de Zoom a fortement augmenté au cours du second trimestre 2020.
Les revenus du spécialiste de la visioconférence officiellement présent en France depuis deux ans ont augmenté de 355 % par rapport au même trimestre de l’année précédente, passant de 146 millions de dollars à 664 millions. Le directeur financier, Kelly Steckelberg, s’est félicité d’un trimestre « remarquable ».
Ces résultats ont largement dépassé les prévisions de l’entreprise, qui s’était fixé un objectif à environ 500 millions de dollars avec la forte demande liée à la crise sanitaire.
À fin juillet, le nombre d’entreprises de plus de 10 employés clientes de Zoom a été multiplié par cinq par rapport à l’année précédente, passant de 66 300 à 370 200. Le nombre de clients ayant dépensé plus de 100 000 dollars au cours des 12 derniers mois a été multiplié par deux et tutoie la barre symbolique des mille entreprises (de 466 à 988).
Zoom prévoit à présent de clôturer son année fiscale 2020 sur un chiffre d’affaires de 2,38 milliards $ (en croissance de +280 %). Au début d’année, cette prévision était plus modeste et visait un CA d’un peu moins d’un milliard de dollars.
Alaa Saayed, analyste chez Frost & Sullivan, prévoit que Zoom terminera l’année calendaire avec au moins trois fois plus de clients qu’à fin 2019.
Zoom Phone commence à trouver son public
Le succès de Zoom, en plus du contexte particulier actuel, repose en grande partie sur une ergonomie très intuitive qui a simplifié les réunions en ligne. « Rien ne vaut la simplicité et l’expérience utilisateur », confirme Roopam Jain, un autre analyste de Frost & Sullivan.
De nouvelles lignes de produits ont également contribué à la croissance de la base d’utilisateurs de l’éditeur. Zoom a récemment lancé un programme de location de matériel (leasing) et des appareils à écran tactile dédiés à la visioconférence, baptisés Zoom for Home. Il a également étendu son service Zoom Phone à plus de 40 pays (dont la France).
Les analystes s’attendaient à une croissance de Zoom. Mais la société a tout de même surpris le marché par l’ampleur de sa progression et par celle de son PBX cloud Zoom Phone. « Certains succès très importants de Zoom Phone signifient que les clients vont de plus en plus standardiser leurs téléphonies et leurs communications vidéo sur Zoom », entrevoit Roopam Jain.
Pour ceux qui en doutaient, ces résultats confirment que Zoom est un « concurrent majeur » de Cisco et Microsoft ou autres Google Meet, conclut Alaa Saayed.
En plus de ses résultats financiers, l’éditeur a annoncé qu’il avait engagé l’ancien senior vice-président des opérations de sécurité de Salesforce, Jason Lee, comme nouveau RSSI.
Zoom a connu une série de déboires (Zoombombing, communication maladroite, voire mensongère, sur sa sécurité) et multiplié les maladresses de communication (coopération avec les autorités américaines pour livrer les conversations, etc.) qui ont semé le doute sur sa capacité à garantir une utilisation sécurisée. Des doutes que ses concurrents n’ont pas manqué d’exploiter (y compris ceux qui n’assurent pas une meilleure sécurité ni une meilleure confidentialité des échanges contre-attaquait Zoom dans nos colonnes).
En réponse, l’éditeur avait lancé un « plan de 90 jours », période pendant laquelle il a consacré l’intégralité de ses ressources techniques à améliorer sa sécurité et son chiffrement, notamment avec le rachat de Keybase.
Bien conscient que ces sujets sont particulièrement critiques – encore plus pour les clients internationaux dans un contexte de guerre économique mondiale et d’instrumentalisation possible du droit américain à des fins commerciales –, Eric Yuan, PDG et fondateur de Zoom, a assuré que la sécurité et la confidentialité restaient des préoccupations majeures même passée l’expiration des 90 jours. « Nous sommes très impliqués, que ce soit en termes de confidentialité, de sécurité, de processus internes ou de systèmes », a-t-il listé.
L’éditeur fait preuve d’une grande transparence sur les questions de sécurité, valide Roopam Jain. Ceci étant, son intention – officiellement annoncée – d’aller vers un chiffrement réellement de bout en bout (une tendance lourde du marché chez plusieurs de ses concurrents) manque toujours d’une certaine clarté. Et d’un calendrier.