Stockage : OVHcloud rachète OpenIO pour mieux rivaliser avec S3 d’AWS
La startup française OpenIO a le mérite d’avoir développé un stockage objet excessivement rapide, élastique et très fonctionnel. Il sera commercialisé en cloud au forfait.
Mariage entre deux pépites françaises. L’hébergeur OVHcloud rachète le spécialiste du stockage objet hautes performances OpenIO. La technologie du second devrait permettre au premier de proposer d’ici à novembre de nouvelles offres qui concurrencent encore mieux le service S3 d’AWS.
« Le stockage est aujourd’hui le service cloud qui a la croissance la plus rapide. Dans ce contexte, nous nous sommes fixé l’objectif de proposer le service en ligne de stockage objet le plus performant et le moins cher. A cette fin, nous avons mis au point une nouvelle catégorie de serveurs et de modules réseau spécialement adaptés à OpenIO qui, selon nous, correspond à la technologie objet la plus avancée à l’heure actuelle », explique au MagIT Michel Paulin, le PDG d’OVHcloud.
Né d’un projet chez Atos pour stocker et archiver les messageries d’Orange et SFR, OpenIO a été fondé par les développeurs concernés en 2015 pour que leur logiciel mène sa propre carrière commerciale. Compatible avec les protocoles d’accès S3 et Swift (le stockage objet d’OpenStack), le logiciel d’OpenIO a le mérite d’éviter les goulets d’étranglement. Alors que ses concurrents présentent sur le réseau une passerelle par laquelle passent toutes les lectures et écritures, chaque nœud est ici à tour de rôle la passerelle.
Il n’y a plus d’architecture en étoile. Tous les serveurs, sélectionnés les uns après les autres par un répartiteur de charge réseau qui incrémente les adresses IP, endossent la fonction d’API, d’index des métadonnées et de stockage. Cette conception a récemment permis à OpenIO d’atteindre la vitesse d’écriture record de 171 Go/s.
Chez OVHcloud, le stockage objet OpenIO pourra s’interfacer avec tous les types de serveurs virtuels des offres IaaS. Mais les entreprises qui cherchent du stockage objet performant pour mener des opérations d’analytique ou de post-traitements gagneront sans doute à l’utiliser conjointement avec les derniers serveurs virtuels « Elite » qu’OVHcloud a lancés en mai dernier. Ceux-ci proposent 8 cœurs, jusqu’à 32 Go de RAM et 640 Go sur disques NVMe en guise de cache local, ainsi que, surtout, une bande passante réseau de 2 Gbit/s.
Toutes les fonctions de S3, gouvernance comprise
Au-delà de la technique, il y a aussi le fonctionnel. OpenIO apporte à OVHcloud la gamme complète des fonctions S3. « Nous proposions déjà un stockage objet compatible avec le protocole S3. Mais OpenIO a les outils qu’ils lui manquaient. En intégrant toute la suite logicielle d’OpenIO, nous allons enrichir notre offre de modules de management, avec une console pour la gouvernance des accès et une interface pour interpréter les scripts qui automatisent les processus d’administration », indique Michel Paulin.
Il précise surtout que ces règles d’administration s’étendront à tout un volume de données, quelle que soit sa taille. Une autre caractéristique technique d’OpenIO est son élasticité ; le record précédemment cité avait été ainsi été atteint en mettant en cluster 350 nœuds serveurs, lesquels offraient 42 Po de capacité.
« Historiquement, OVHcloud adressait une clientèle d’entreprises dans le numérique. Par exemple, plus de 160 éditeurs hébergent leurs applications SaaS chez nous. A présent, nous souhaitons nous étendre à toutes les entreprises. Nous voulons proposer des offres qui sont compatibles avec toutes leurs stratégies de cloud hybride. L’Agence Spatiale Européenne, mais aussi de nombreux studios vidéo nous ont par exemple demandé de savoir gérer leurs données comme une extension de leurs datacenters, avec les mêmes performances prédictibles, les mêmes droits d’accès, les mêmes processus. »
Dans un premier temps, OpenIO sera proposé parmi les autres services de cloud public d’OVHcloud. Puis, le service sera décliné en cloud privé, sur des serveurs virtuels qui fonctionnent depuis des machines dédiées à une entreprise. Courant 2021, OVHcloud devrait même proposer un service OpenIO dans sa gamme « Bare metal », à savoir des serveurs physiques sur lesquels les entreprises installent directement leurs OS et leurs applications, sans même passer par le service d’IaaS de l’hébergeur.
Un service de stockage objet au coût prédictible
Parmi les avantages concurrentiels du service OpenIO par rapport à aux autres stockages objets des concurrents américains d’OVHcloud, il y aura bien entendu la souveraineté. Mais pas seulement.
« Bien évidemment, la souveraineté et la transparence font partie des valeurs que nous partageons avec OpenIO. Cependant, OVHcloud est devenu une entreprise internationale et la France ne représente plus que 45% de notre chiffre d’affaires. Tous les services dont nous parlons ici seront disponibles partout en Europe et ont vocation à être déclinés sur nos datacenters nord-américains. Sur la place de marché internationale, l’intérêt de notre sera d’avoir un coût prédictif », argumente Michel Paulin.
Il pointe en l’occurrence le principal défaut des offres de stockage objet en cloud : AWS, Azure et Google GCP facturent les entreprises à chaque fois qu’elles souhaitent consulter depuis l’extérieur les données qu’elles ont entreposées chez eux.
« Le service OpenIO sera facturé de manière forfaitaire, par paliers d’usage, avec des coûts prédictibles », assure le PDG.