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Fujifilm rend l’archivage sur bandes compatible avec le stockage objet
Le logiciel Software Defined Tape simule un tiers de stockage S3, mais ne conserve localement que des métadonnées. Les données sont écrites au format objet sur des bandes LTO, plus économiques.
Fujifilm, le numéro 1 des fabricants de cartouches LTO, lance un logiciel qui permet à une baie de stockage objet de déplacer son contenu vers des librairies de bandes, tout en préservant l’accès des données au protocole S3. Pour une raison étrange, le logiciel s’appelle Software Defined Tape en Europe et Object Archive aux USA.
« Les baies de stockage objet sont de plus en plus populaires pour stocker les archives. Cependant, au fil du temps, cette solution peut coûter cher, car il faut ajouter des nœuds de stockage à la baie au fur et à mesure que les archives grossissent. La solution la plus économique reste la bande. Les librairies de bandes ne s’interfaçaient pas avec les logiciels qui écrivent en mode objet. Désormais, elles le font grâce à notre logiciel », indique Christopher Kehoe, en charge de l’ingénierie chez Fujifilm.
« Par ailleurs, les baies de stockage objet peuvent éventuellement être attaquées par des ransomwares qui détruisent leurs contenus. Cela ne peut pas arriver avec des librairies, puisque les bandes ne sont accessibles que lorsque l’on s’en sert », ajoute Reza Etemad, le directeur commercial de Fujifilm. LeMagIT a pu s’entretenir avec eux à l’occasion de l’IT Press Tour, un événement qui consiste à présenter aux journalistes spécialisés les dernières innovations en termes de stockage.
Archiver les données au format objet
Dans le principe, la solution proposée ici par Fujifilm est l’inverse exact d’une VTL, une solution plus ancienne qui simule des bandes LTO pour s’interfacer avec les logiciels d’archivage historiques, mais qui écrit physiquement les données sur des disques durs.
Fujifilm n’est pas le premier à proposer un logiciel pour migrer les données d’une baie de disques S3 vers des bandes. Le fabricant de librairies LTO Spectra Logic proposait déjà le logiciel BlackPearl dans ce but. Mais l’intérêt de la solution de Fujifilm est qu’elle repose sur un nouveau format de données, l’OTFormat, qui entrelace sur la bande les données et leurs métadonnées, de sorte que les informations, une fois restaurées, soient immédiatement réutilisables par une baie de stockage compatible S3, voire puissent être directement restaurées dans un espace de stockage objet en cloud.
« Nous mettons l’OTFormat en Open source, afin que quiconque puisse restaurer les contenus, sans nécessairement passer par nos logiciels », assure Christopher Kehoe.
De fait, l’OTFormat répond au même objectif que LTFS, un système de fichiers lancé en 2011 pour manipuler les contenus des bandes comme s’il s’agissait d’un disque dur. À l’époque, le but de LTFS était de faciliter la restauration directe des fichiers sur un NAS.
Simuler une baie S3
Christopher KehoeFujifilm
En pratique, le logiciel Software Defined Tape/Object Archive est installé sur le serveur du réseau qui pilote la librairie de bandes LTO. Il occupe une double fonction. Côté réseau, il se présente comme un nouveau tiers de stockage S3, prêt à recevoir les données qu’une autre baie de stockage lui enverra. Il appartient à l’administrateur d’écrire les règles de migration nécessaires depuis cette baie.
Le logiciel de Fujifilm ne stocke pas localement les données qu’il reçoit. Il les convertit au format OTFormat avant de lancer leur écriture sur la librairie de bandes. En revanche, Software Defined Tape/Object Archive maintient localement un cache dans lequel il conserve les métadonnées S3. « Ainsi, les données ne disparaissent pas du réseau. Si un utilisateur souhaite les consulter, Software Defined Tape recevra la requête et commandera à la librairie de restaurer le ou les fichiers nécessaires », explique Christopher Kehoe.
Reza Etemad argumente pour sa part que le logiciel de Fujifilm remet les librairies de bande au premier plan des systèmes d’archivages du datacenter, en abolissant la seule contrainte dont elles souffraient : ne pas être compatibles S3.
« Selon les études que nous avons menées, 80 % des données sauvegardées ne sont jamais rouvertes, si bien qu’il n’y a aucun intérêt à les stocker sur des disques durs qui consomment 90 fois plus d’électricité qu’une librairie LTO et occupent plus d’espace », conclut-il. Il rappelle qu’une librairie comme l’IBMTS4300 peut embarquer 40 cartouches LTO-8 dans un module 3U, soit 480 To, quand une baie de disques de taille similaire ne propose que les deux tiers de cette capacité.