iPaaS : Dell Boomi conjuge intégration avec modernisation des ERP
Boomi est spécialisé dans l’intégration de données dans le cloud. Racheté par Dell, l’éditeur voit dans la modernisation des ERP un moyen de propulser son iPaaS, notamment en France.
Fondée en 2000, Boomi a débuté son aventure en proposant une solution EDI reposant sur une interface visuelle. Bien consciente de la forte concurrence sur ce marché, la startup parie sur le cloud et lance AtomSphere en 2007, une plateforme d’intégration SaaS. Boomi donne ainsi naissance à l’une des premières iPaaS (Integration Platform as a Service).
En 2010, Dell rachète l’entreprise et l’intègre en tant que division commerciale. Ce n’est qu’en 2015 que Dell Boomi fait ses premiers pas en France auprès de quelques clients.
Toutefois, les bureaux sont véritablement installés en 2017. Pierre Oudot, Responsable commercial de Dell Boomi en France, est le premier à rejoindre cette nouvelle division pour développer l’activité en Europe du Sud. « Nous n’avions pas de représentation locale avant 2017 », mentionne-t-il.
En 2019, Gartner place pour la sixième fois d’affilée Dell Boomi dans son Magic Quadrant. Le cabinet d’analyse le compte parmi les leaders de ce marché auprès de Mulesoft, acquis par Salesforce, Informatica, Snaplogic, Microsoft ou encore Oracle.
« Le marché de l’intégration qui est loin d’être nouveau est souvent couvert soit sous l’angle des API, soit sous l’angle data. Notre positionnement, c’est de proposer une plateforme qui permet de répondre aux schémas d’intégration les plus courants en mode low-code avec un certain nombre de connecteurs précâblés », explique Pierre Oudot.
La plateforme doit permettre de développer des processus d’intégration. Au module EDI, s’est ajouté une couche d’intégration et une solution de gestion d’API. « Nous sommes récemment entrés dans le Magic Quadrant dédié à la gestion des API parce que nous proposons les fonctionnalités de base du marché, mais nous n’attaquons pas le marché de l’intégration sous l’angle de l’API », clarifie le responsable.
Par ailleurs, Dell Boomi propose une solution de Master Data Management nommée Master Data Hub qui doit faciliter les mises à jour et la gouvernance des données. L’entreprise qui l’utilise connecte ses applications à ce Master Data Hub. Celui-ci va détecter les changements effectués sur l’application principale, puis remplir les champs à modifier dans les autres logiciels et systèmes.
« Nous avons un module EDI, et également Flow, une sorte de BPM pour créer des processus métiers de bout en bout sans rédiger une ligne de code. Flow est très populaire pour l’intégration d’employés, par exemple », liste Pierre Oudot. En janvier 2020, l’éditeur a acquis Unifi Software pour se doter également d’un data catalog et des capacités de data preparation.
Quel que soit le cas d’usage, les développeurs conçoivent les processus depuis plateforme, puis des moteurs d’exécutions les appliquent au plus proche des données, dans le cloud ou sur site. Ces briques sont disponibles dans la plateforme sur les cloud Azure, GCP AWS et le cloud privé.
Le marché de l’intégration de données en pleine transformation
Selon le responsable commercial, le marché de l’iPaaS est relativement nouveau. « Nous sommes vraiment sur un marché émergent qui est en train d’exploser. Nous faisons beaucoup d’évangélisation auprès des prospects ».
Lors des appels d’offres Dell Boomi se retrouve face à des concurrents historiques comme Informatica, mais aussi face à des éditeurs de solution ETL. « Un client peut penser que c’est une question d’extraction, de transformation et de chargement de données, mais finalement il se rend compte qu’il s’agit plutôt d’un problème d’intégration on-prem to cloud ou cloud to cloud », assure Pierre Oudot.
Dans d’autres cas l’éditeur est comparé avec les spécialistes de la gestion d’API. « Lors d’un appel d’offre, si nous sommes face à un Mulesoft c’est qu’il y a un problème de compréhension. Nous n’avons pas le même positionnement. APIser un système d’information c’est beaucoup plus complexe, beaucoup plus coûteux et beaucoup plus long que de déployer une plateforme d’intégration comme la nôtre ».
Les solutions d’intégrations comme les ESB (Enterprise Service Bus) ne sont pas nouvelles. « Depuis trois ans, je vois des clients qui avait fait des choix dogmatiques au départ comme migrer totalement les applications et les données auprès d’un seul opérateur cloud. Avec l’expérience qu’ils ont acquis en utilisant des logiciels SaaS, ils comprennent qu’il faut éviter de mettre ses œufs dans le même panier, c’est-à-dire adopter une stratégie ‘cloud hybride’ pour maîtriser ses coûts », constate Pierre Oudot.
Selon son expérience, ses clients ont également des ressources sur site qu’ils veulent conserver et un ensemble des solutions d’intégration hétérogènes de plus en plus difficile à maîtriser. « Dans un premier temps, nous n’avons pas vocation à remplacer les outils déjà présents. Nous comblons les zones non couvertes par ceux-ci. Au fur et à mesure, les clients peuvent s’ils le souhaitent décommisisonner d’anciens services et utiliser les modules de Boomi », explique Pierre Oudot.
Cette stratégie dite « Land and Expand » repose sur le succès de l’outil auprès des responsables de l’intégration de données en entreprise. Dans le cas où le module choisi répond à leurs attentes, ils vont augmenter leur consommation de services pour connecter de plus en plus d’applications.
La modernisation des ERP, une aubaine pour Dell Boomi
Ces questions de migration et d’intégration de données interrogent fortement les entreprises équipées d’ECC, l’ERP ancienne génération de SAP. La fin du support de cette solution, actée pour 2027, implique un rebattement des cartes. Si la plupart des entreprises se tournent vers S4/Hana, d’autres explorent la possibilité de changer de fournisseur. De plus, elles souhaitent interfacer leur ERP à leur CRM. Les clients ERP d’Oracle et de Microsoft se poseraient les mêmes questions, tandis que ceux qui ont développé ou fait développer leurs propres solutions ont besoin d’un ensemble de briques d’intégration de données.
Une aubaine pour Dell Boomi. « Pour nous, la modernisation de l’ERP est clairement une opportunité de positionner Boomi comme une plateforme de transformation des échanges de données », vante Pierre Oudot.
Cette jonction entre les systèmes, serait en ce moment motivée par la migration des outils de gestion financière. « Toute la partie finance, compatibilité, intégration, stock, prévision comprise dans l’ERP est en train de migrer vers le cloud à vitesse grand V parce qu’il y a une rationalisation par le coût et que les éditeurs poussent à l’adoption des ‘best practices’ », précise Vincent David, responsable des partenariats pour la France, l’Espagne et le Portugal chez Boomi. À ce jeu, Microsoft avec Dynamics 365, IFS ou NetSuite gagneraient des galons auprès des ETI et des PME.
Ce ne serait que la face immergée de l’iceberg, selon Pierre Oudot. La complexité des systèmes IT induite par la multiplication des applications motiverait le recours à une solution comme celle de Dell Boomi. Les représentants de l’éditeur en France mentionnent le fait que cette situation résulte souvent, chez leurs clients, de fusion-acquisitions ou de cessions d’activité.
Dell Boomi en France
Sur son site Web, Dell Boomi revendique 11 000 clients. Selon Pierre Oudot, 80 % des clients américains sont des ETI qui ont choisi la plateforme d’intégration, alors qu’ils n’avaient pas à proprement parler de systèmes existants.
En France, l’éditeur compte une centaine de clients après cinq ans d’activité. Les ‘early adopters’ de Dell Boomi « sont plutôt des grands comptes dont des entités d’Engie, notamment la division entreprises et collectivités ». Actuellement, certains clients lancent une nouvelle activité et cherchent à interfacer des applications cloud natives. D’autres sont des industriels, des acteurs du CAC40 qui adoptent une stratégie « cloud first », mais chez qui l’empreinte de l’existant se fait fortement ressentir. Récemment le groupe STIME, (groupement les Mousquetaires), a partagé son expérience avec la plateforme de Boomi lors d’une conférence virtuelle. Alstom, Veolia, Michelin, la SACEM, Longchamps, ou encore Nexity sont quelques-uns de ces clients français
Dell Boomi intéresse également le secteur public, plusieurs ministères français se seraient rapprochés de la division commerciale. « Nous sommes en train de contractualiser avec un ministère », affirme Vincent David. « Nous nous rendons compte que nos produits répondent à leurs problématiques très similaires à celles des grands groupes », conclut-il.