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Stockage Flash : Intel jure qu’il tiendra ses promesses en 2020

Malgré la pandémie, Intel lancera comme prévu de nouveaux SSD 3D-NAND en 144 couches, des SSD Optane DC 30 % plus rapides et une seconde génération de barrettes Optane DC PMEM.

Intel le promet : il livrera comme prévu cette année des nouveaux SSD à base de mémoires 3D-NAND en 144 couches, ainsi que des unités Optane de seconde génération sous la forme de SSD et barrettes mémoire. Et, ce, malgré les difficultés rencontrées sur la chaîne d’approvisionnement dans le cadre de la pandémie de coronavirus.

« Il est certain que nous avons dû surmonter plus de problèmes que d’ordinaire pour tenir notre planning. Nous avons investi dans des entrepôts à différents endroits de la planète, organisé des vols charters pour transporter les produits et les matières premières. Mais, au final, la pandémie n’aura pas eu d’impact significatif sur notre rythme de production », explique Rob Crooke, le directeur général de la division NSG, la branche d’Intel qui fabrique les produits à base de solutions de mémoires non volatiles.

Intel fait produire ces mémoires dans deux usines : une à Dalian, en Chine et l’autre à Rio Rancho, dans l’état américain du Nouveau-Mexique. De son côté, le PDG d’Intel, Bob Swan, déclare que, globalement, plus de 90 % des livraisons ont été faites dans les délais prévus, malgré la pandémie.

Lors de son allocution, qui se tenait dans le cadre d’une réunion financière, le PDG n’a cependant pas commenté les plaintes des salariés sur ses sites de production, relayées par la chaîne d’information américaine Bloomberg. Ces plaintes concerneraient le non-respect des règles de distance sociale, la non-fourniture de masques et la remise au travail de certaines personnes souffrant des symptômes du Covid-19, sans qu’on sache si elles avaient été testées négatives au virus.
Selon un porte-parole, les autorités américaines auraient classé ces plaintes après « des mesures correctives satisfaisantes » prises par Intel.

SSD en 3D-NAND : miser sur de meilleures capacités que la concurrence

Les SSD avec des composants 3D-NAND à 144 couches, qui portent pour l’heure le nom de code « Arbordale Plus », devraient être livrés d’ici à la fin de l’année. Rob Crooke a annoncé que, en 2021, tous les SSD en 3D-NAND à son catalogue bénéficieraient de ces composants en 144 couches, 50 % plus capacitifs que les 3D-NAND à 96 couches de la génération Arbodale actuelle.

La capacité est la priorité d’Intel : il livrerait en ce moment plus rapidement les modèles de SSD Arbodale en version QLC (4 bits par cellule), que ceux en version TLC (3 bits par cellule), ayant une durée de vie plus longue, mais affichant 25 % de capacité en moins. Selon Rob Crooke, les entreprises préféreraient les modèles capacitifs, qui réduisent le nombre de disques à acheter, aux modèles dont la longévité est plus importante.

Surtout, la plus grande capacité possible sera vraisemblablement un argument permettant à Intel de se différencier de la concurrence dans les prochains mois. Jusqu’à la fin de cette année, Kioxia (Western Digital) vendra des SSD BiCS5 en 112 couches, Micron des SSD Gen4 en 128 couches, SK Hynix des SSD V6 en 128 couches et YMTC des SSD Xtacking 2 en 128 couches également. On ignore encore le nombre exact de couches présentes, dans les SSD V6 de Samsung présentés en fin d’année dernière avec « 1xx » couches. L’avantage d’Intel pourrait cependant être de courte durée : SK Hynix aurait déjà dans ses cartons des SSD V7 en 176 couches et Samsung des SSD V7 en « 2xx » couches.

Intel annonce par ailleurs avoir déjà qualifié ses premiers modèles de SSD NVMe avec une connectique PCIe 4.0, soit avec une certaine avance sur le calendrier initialement prévu. La connectique PCIe 4.0 double en théorie les débits par rapport à l’actuelle connectique PCIe Gen3. Pour Intel, qui ne livre pas encore de processeurs capables d’offrir des bus PCIe 4.0 (seuls les processeurs Epyc d’AMD en sont déjà capables), il s’agit de rester dans la course face à l’arrivée imminente de SSD NVMe en PCIe 4.0 chez Samsung et Kioxia. La sortie de ces SSD NVMe PCIe 4.0 pourrait néanmoins coïncider avec la commercialisation de nouveaux processeurs Xeon Cooper Lake/Ice Lake, gravés en 14 ou 10 nm et qui permettront enfin de construire des serveurs avec ce bus.

Des SSD Optane DC qui passent de 500 000 à 800 000 IOPS

Les SSD Optane DC de deuxième génération, plus performants, mais aussi plus chers, devraient également être disponibles d’ici à la fin de l’année 2020. Des échantillons de ces nouveaux SSD, qui portent le nom de code « Alder Stream », auraient déjà été livrés aux fabricants de serveurs et aux éditeurs de logiciels.

Selon David Tuhy, en charge des développements logiciels au sein de la division NSG, ces modèles de présérie seraient ceux qui disposent d’un port unique. Les SSD Optane existent en effet traditionnellement en deux versions : celle avec un double port offre deux fois moins de débit par port, mais elle peut être connectée à deux contrôleurs pour parer aux pannes, ou pour paralléliser les accès. David Tuhy indique que les prochains SSD Optane à double port ne seront pas disponibles avant le second semestre 2021.

Les SSD Optane Alder Stream devraient permettre de grimper à 800 000 IOPS en lecture comme en écriture, alors que l’actuel Optane DC P4800X de première génération atteint 500 000 IOPS. La latence ne changerait pas entre les deux générations, elle serait toujours de 10 microsecondes.

Les SSD Optane Alder Stream devraient se retrouver dans les baies de stockage de Dell EMC et de Pure Storage, ainsi que dans les infrastructures hyperconvergées VxRail de Dell EMC et HyperFlex de Cisco. Comportant deux fois plus de couches que précédemment, ils devraient proposer jusqu’à 3 To de capacité.

Barrettes Optane DC PMM : on attend surtout le décollage des ventes

La seconde génération des barrettes DIMM Optane DC PMM, dites modules de mémoire persistante, pourrait être livrée dès cet été, quelques semaines avant le lancement des prochains Xeon Ice Lake. Intel partage assez peu de détails sur cette génération « Barlow Pass ». À la place, le fournisseur assure que la génération actuelle des barrettes Optane DC PMM, lancée depuis plus d’un an pour satisfaire les besoins des applications les plus gourmandes en RAM et des bases de données In-Memory, serait en bonne voie pour équiper les PC les plus puissants et pour connaître un certain succès commercial sur les serveurs.

Selon Kristie Mann, en charge des produits à mémoire persistante, les Optane DC PMM de première génération seraient en test dans 200 des 500 plus grandes entreprises du monde, chez cinq grands fournisseurs de cloud public et chez « une quarantaine de fournisseurs de solutions de communication ». 

À date, seuls deux grands contrats sont connus : Google, qui utilise des modules Optane DC PMM pour ses services de Machine Learning en ligne, et SAP qui s’en sert dans les versions en ligne de sa base HANA.

Optane, ce produit superbe qui plombe la comptabilité d’Intel

Il reste difficile de se faire une idée précise des revenus engendrés par les produits Optane, SSD comme barrettes PMM. Le service commercial de NSG déclare un chiffre d’affaires global de 1,338 million de dollars au premier trimestre, soit une hausse de 46 % par rapport au premier trimestre de 2019. Il attribue cette croissance à de meilleures ventes pour les SSD à base de NAND et à… une hausse du prix de vente moyen des SSD Optane DC. Quant aux ventes des barrettes Optane DC PMM, elles ne seraient tout bonnement pas comptabilisées dans ce chiffre d’affaires ! Elles seraient enregistrées à part, dans un bilan qu’Intel se refuse à partager.

Malgré une augmentation de son CA trimestriel, NSG ne réalise toujours pas de bénéfices : ses pertes trimestrielles sont estimées à 66 millions de dollars. La situation est néanmoins meilleure qu’il y a un an, où les pertes atteignaient 297 millions de dollars. Selon Intel, cette amélioration est due aux ventes des SSD NAND, l’une des seules activités rentables de la division NSG.

« J’avais prédit qu’ils perdraient de l’argent pendant deux ans en lançant Optane. Je pense à présent que j’ai sous-estimé la situation », commente Jim Handy, analyste spécialisé en semi-conducteurs au bureau Objective Analysis. Selon les lui, les pertes imputables aux produits Optane étaient d’environ 2 milliards de dollars en 2017, 2 milliards de dollars en 2018 et 1,5 milliard de dollars en 2019.

« Les produits Optane ne sont pas rentables, car il ne s’en vend pas assez pour amortir leurs coûts de fabrication. »
Jim HandyAnalyste, Objective Analysis

« Les produits Optane ne sont pas rentables, car il ne s’en vend pas assez pour amortir leurs coûts de fabrication. Mais Intel s’engage à ce point sur cette gamme que je ne doute pas qu’elle finira tôt ou tard par rapporter de l’argent. En attendant, les Optane ne devraient pas mettre en faillite Intel, puisque leur production est largement payée par les revenus réalisés sur les processeurs », ajoute-t-il. 

« Il y a pour Intel un véritable enjeu stratégique autour des produits Optane. Le fait est qu’un processeur Intel avec des barrettes Optane DC PMM est bien plus rapide qu’un processeur AMD plus puissant, qui ne peut pas utiliser de barrettes Optane. Et force est de constater qu’Intel s’évertue à ne pas rendre ses produits Optane compatibles avec les processeurs de son concurrent », conclut-il ; en notant combien il est inhabituel que le type de mémoire et de stockage dépende du processeur installé dans un serveur.

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