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Microsoft acquiert un « papy de la RPA » pour améliorer Power Automate
Dans le cadre de sa conférence développeur BUILD, Microsoft a annoncé l’acquisition de l’éditeur RPA Softmotive pour un montant inconnu. Il s’agit pour le géant du cloud d’accroître les capacités de Power Automate, sa suite d’outils autrefois nommée Flow.
Satya Nadella a annoncé la nouvelle en personne. Microsoft a racheté Softmotive. Le PDG de Microsoft a même vanté les vertus de la RPA (automatisation robotisée des processus) lors de son discours d’ouverture.
Fondé en Grèce en 2005, Softmotive comptabiliserait 8 000 clients (Microsoft en comptabilise 9 000). Certains le considèrent comme un « papy de la RPA » avec ses 15 ans d’expérience dans le domaine.
Microsoft assure que les fonctionnalités offertes par Softmotive sont immédiatement disponibles dans Power Automate. Selon le géant du cloud, plus de 350 000 entreprises utiliseraient quotidiennement sa plateforme d’automatisation. Difficile toutefois de savoir quels modules elles utilisent : Power Automate propose des bots préconçus pour les tâches les plus courantes.
De son côté, Softmotive propose WinAutomation, un logiciel basé sur Windows, à déployer sur un serveur qui doit aider à automatiser des tâches front-office et back-office en local.
« La solution low-code WinAutomation de Softmotive permet aux utilisateurs de Power Automate de créer des bots qui prennent en charge des tâches basées sur Windows », écrit Charles Lamanna, vice-président de Microsoft Corporate, Citizen Application Platform. « Elle renforcera les capacités de Microsoft RPA grâce à des milliers de nouvelles fonctionnalités », ajoute-t-il.
Des options supplémentaires pour les utilisateurs de Power Automate
Il y a deux types de bots RPA. Certains sont non supervisés, ils s’exécutent sans interaction humaine. D’autres sont supervisés et demandent une activation manuelle. Les bots supervisés de WinAutomation sont gratuits pour les utilisateurs de la licence Power Automate. La documentation explique comment appairer UiFlows et WinAutomation. Microsoft n’a pas encore dévoilé le prix des flux non supervisés.
Softomotive ajoute également 315 API à Power Automate, pour connecter les applications Microsoft à SAP, Citrix, Java, et à d’autres systèmes qui ne disposent pas d’interface de programmation.
Craig Le ClairAnalyste, Forrest Research
Une telle profusion de passerelles vers des solutions du marché pourrait expliquer à elle seule le rachat. Par exemple, UiFlow ne disposait pas de connecteurs vers les applications Java. Mais il y a une autre raison plus pragmatique. « Microsoft a effectivement des fonctions RPA dans l’outil UI Flows de la suite Power Automate, mais elles sont basées sur le cloud. Pour beaucoup de clients, cela ne fonctionne pas », déclare Craig Le Clair, analyste principal chez Forrest Research. À l’inverse, Softmotive peut générer des bots qui s’exécutent sur les ordinateurs des collaborateurs, même hors-ligne.
« [Auparavant], si vous vouliez exécuter un bot RPA dans un centre d’appel, vous aviez besoin d’une connexion internet permanente. Et celle-ci n’était pas toujours disponible – et même si elle l’était – un agent ne peut pas attendre que le bot s’exécute enfin sur son ordinateur : il doit répondre aux clients », indique Craig Le Clair. « Softomotive leur offre une solution solide, en mode supervisé, qui ne nécessite pas cette connectivité permanente ».
Par ailleurs, WinAutomation doit faciliter le déploiement de plusieurs bots en parallèle sur le même terminal, ce qui n’était pas possible jusqu’alors avec Power Automate.
Comment la RPA de Softmotive s’adapte à la plateforme Power Automate
Au sein des entreprises, de nombreux départements peuvent utiliser la RPA, des bureaux RH aux services d’assistance informatique. Les équipes chargées de l’expérience client peuvent aussi trouver dans cette technologie un moyen d’aider les humains à résoudre des problèmes plus rapidement tout en automatisant les tâches les plus simples.
Les utilisateurs de SharePoint, qui emploient les bots conçus à l’aide de Power Automate, cherchent à rassembler des données de sources disparates. Elles proviennent de systèmes complexes comme SAP ou plus simples comme les documents Word ou les feuilles de calcul Excel. « Là, les bots effectuent des tâches répétitives telles que le remplissage de formulaires », relate l’analyste de Forrester Research.
Selon Craig Le Clair, le rachat de Softmotive par Microsoft prouve la pertinence du marché RPA, qui est en plein essor. Il ajoute que l’acquisition d’un « petit » éditeur (25 millions de dollars levés contre plusieurs centaines pour UiPath, Automation Anywhere et Blue Prism) qui s’adresse à des organisations de tailles moyennes est logique, car ce sont eux qui ont tendance à utiliser Power Automate.
Les cadors du marché que sont Blue Prism, UiPath et Automation Anywhere, disposent de davantage de capacités pour découvrir les processus à automatiser et pour collecter les données à partir de contenus non structurés.
À cet effet, Softmotive se repose en grande partie sur les fonctionnalités OCR et de computer vision disponibles sur le marché. L’éditeur proposait jusqu’alors les outils de Microsoft, IBM, ABBY et Google pour collecter des informations non structurées. L’éditeur basé à Redmond n’a pas précisé s’il conserverait ou non l’ensemble de ces intégrations.
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« Les utilisateurs d’UI Flows ont souvent des besoins moins complexes », estime Craig Le Clair. Microsoft cherche ainsi une voie intermédiaire sur un marché divisé entre les spécialistes du RPA cités ci-dessus et ceux du BPM comme Appian et PegaSystems.
Terry Simpson est évangéliste technique chez Nintex, une société spécialisée dans l’automatisation de processus, partenaire de Microsoft. Lui pense que le géant du cloud a acquis Softmotive pour augmenter la consommation de services sur Azure. Proposer des outils low-code/no-code à un plus grand nombre d’utilisateurs permettrait d’atteindre cet objectif.
Terry SimpsonEvangéliste technique, Nintex
« Microsoft ne peut pas uniquement compter sur les développeurs pour favoriser sa croissance », déclare Terry Simpson ». « Si l’éditeur veut gagner de l’envergure en automatisant beaucoup plus de tâches, il doit permettre aux développeurs citoyens de mettre la main à la pâte… et les bots doivent bien s’exécuter quelque part ».
N’oublions pas que Microsoft propose des fonctionnalités RPA dédiées à des tâches lourdes généralement administrées par des responsables IT. Avec Softmotive, le géant du cloud met également la main sur ProcessRobot, une solution conçue davantage pour gérer ce type de worflows. Il n’a toutefois pas dévoilé ses intentions concernant l’intégration de cette solution.