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IBM veut moderniser ses middlewares les plus populaires, Db2 inclus
Espérant réduire l’écart avec ses concurrents AWS et Microsoft, IBM renouvelle sa gamme de produits middleware existants avec des technologies IA et cloud.
Sous la houlette de sa nouvelle direction, IBM accélère la réinterprétation de ses anciens middlewares. L’éditeur a déjà commencé en concoctant une version de Db2 dans le cloud infusée à l’IA. Le but, rattraper AWS et Microsoft dans le domaine.
Le dirigeant qui fait avancer la stratégie de l’entreprise axée sur le cloud et l’IA, c’est Arvind Krishna, un vétéran d’IBM récemment nommé PDG de l’entreprise. Généralement considéré comme un technicien plus compétent que ses prédécesseurs directs, Arvind Krishna a écrit, dans une lettre interne aux employés, que le cloud hybride et l’IA sont « les deux forces dominantes du changement » pour les clients d’IBM et que toute l’entreprise doit se concentrer de manière « obsessionnelle » sur ces technologies si elle veut rester compétitive.
Même avec la bonne gestion et les bonnes technologies en place, IBM doit exécuter ce programme rapidement. L’entreprise a longtemps été critiquée pour sa lente évolution lorsqu’il s’agit de répondre à d’importantes tendances du marché.
« Il y a toujours eu le problème de devoir passer par plusieurs couches administratives pour faire approuver quelque chose d’important », déclare un consultant expérimenté d’IBM. « Mais le plus gros problème était de franchir les frontières pour obtenir l’accord de plusieurs divisions [d’IBM] sur quelque chose. Ils n’ont pas le temps pour cela aujourd’hui ».
Mais certains analystes affirment qu’IBM se débarrasserait de ces enchevêtrements bureaucratiques. Avec la désignation par Arvind Krishna d’une trajectoire plus précise, Big Blue devrait être en mesure de répondre plus rapidement aux défis posés par la concurrence.
« Ginny Rometty [ancienne PDG d’IBM] était une femme d’affaires, c’est tout à son honneur », déclare Judith Hurwitz, PDG d’Hurwitz & Associates, un cabinet de recherche spécialisé dans l’IT près de Boston. « Mais quand vous faites des changements technologiques majeurs, vous avez besoin d’un leader qui vous donne l’assurance nécessaire à une exécution rapide d’un plan d’envergure ».
Lors de sa conférence virtuelle Think Digital, IBM a dévoilé sa première stratégie edge computing, avec plusieurs nouveaux produits qui fonctionnent de concert avec ses technologies de cloud hybride, IA et 5G. Les nouvelles offres s’appuient sur OpenShift de Red Hat, une plateforme d’application conteneurisée open source, le programme qui permet aux produits Big Blue de s’étendre à des environnements cloud et sur site qui ne sont pas estampillés IBM.
La version 11.5.4 de Db2 en préparation
Selon des sources familières au projet contactées par SearchDataManagement (propriété de Techtarget, également propriétaire du MagIT), IBM prévoirait de lancer d’ici les deux mois à venir une version plus rapide de Db2 qui pourra être déployée comme un SGBD natif dans le cloud. Intégrée à la pile OpenShift de Red Hat, la version 11.5.4 de Db2 permettrait aux utilisateurs d’accéder au moteur Db2 pour effectuer des analyses graphiques. Cela signifie que les utilisateurs n’auront pas à investir dans une nouvelle base de données orientée graphe et éviteront les coûts de migration des données.
Les nouvelles capacités multicloud comprendraient la prise en charge du Cloud Pak for Data d’IBM ainsi que Phase 2 Operator sur OpenShift.
« IBM a finalement compris son problème était qu’il est trop centré sur ses produits et qu’il devait faciliter l’intégration de Db2 sur toutes les plateformes », déclare une des sources au courant de la stratégie d’IBM. « Tout cela fait partie intégrante de la “réinvention” de ses middlewares », indique-t-elle.
Avec la prochaine version, prévue pour cette année, les développeurs devraient disposer des mises à jour de pilotes open source, des API REST Db2 et des UDF Python. Elle permettrait également aux développeurs d’appeler leur code Python directement, comme des opérations ou des fonctions de base de données et de pousser les calculs au plus près des données.
Selon des sources informées par l’éditeur, la version 11.5.4 de Db2 démarrerait beaucoup plus rapidement. Cela augmenterait la disponibilité et les performances grâce à un système de pool de mémoires tampons asynchrones. La sécurité serait améliorée grâce au Token JWT pour le SSO. Cette technique permettrait l’ouverture de session unique avec des applications tierces utilisant Db2 en arrière-plan.
Db2, vieux de 37 ans, reste un produit essentiel dans de nombreuses organisations. Certains disent qu’IBM n’a pas suffisamment amélioré la base de données ces dernières années pour suivre les évolutions rapides des environnements cloud de ces entreprises.
« Il s’agit de répondre aux besoins de la nouvelle génération afin qu’elle puisse exploiter plusieurs environnements cloud », affirme une source au fait avec les projets de Big Blue. « Le gros des profits liés à la base de données est lié à ses produits mainframe, mais IBM a pris la bonne initiative en se tournant vers les environnements open source, ceux qui séduisent les grandes banques et l’industrie pharmaceutique ».
La pandémie profite aux services cloud
Certains analystes prétendent que la crise sanitaire, qui oblige de nombreux employés à télétravailler, pourrait augmenter de manière permanente la demande en services cloud utilisés par ces travailleurs qui conserveront au long terme ce mode de travail à distance.
Ian CampbellPDG, Nucleus research
« Avec le COVID-19 qui continue de provoquer des perturbations, il n’y a pas une seule entreprise qui ne réalise pas que le cloud est la seule direction raisonnable à prendre », affirme Ian Campbell, président et directeur général de Nucleus Research, un cabinet de conseil IT de Boston. « Plus vite IBM mettra ses anciens systèmes [logiciels] dans le cloud, mieux ses clients s’en porteront ».
Alors qu’IBM continue d’étendre les capacités de Db2 dans le cloud, elle n’a pas encore fait de même pour ses autres offres traditionnelles populaires, telles que les systèmes de gestion de l’information (IMS) et CICS.
Au cours des dernières années, les fournisseurs et les utilisateurs de bases de données ont changé d’orientation, passant des produits sur site aux services en cloud. Dans un rapport Gartner de 2019 intitulé « The Future of the DBMS Market Is Cloud » (l’avenir du marché des SGBD est le cloud), le cabinet affirme que le cloud est devenu la plateforme par défaut pour la gestion des données et que les produits sur site représentent le passé. Le rapport indique également que l’écrasante majorité des innovations techniques sur le marché des bases de données est liée aux démarches « cloud first ».
Selon Gartner, les services de bases de données dans le cloud représentent 10,4 milliards de dollars sur un marché de 46,1 milliards, et ont profité d’une croissance globale de 18,4 % en 2018. Selon le rapport, les SGBD cloud ont représenté 68 % de cette croissance. AWS et Microsoft Azure se taillent la part du lion.
« Je pense que personne ne continuera à maintenir une base de données sur site dans cinq ans », estime Ian Campbell. « À l’avenir nous considérerons que les installations sur site appartiennent au passé ».