La Fondation Eclipse en passe de devenir européenne
La fondation open source Eclipse souhaite poursuivre sa croissance internationale en basculant son statut juridique à Bruxelles.
La Fondation Eclipse passe difficilement inaperçue. Fondée en 2004 à l’initiative d’IBM, la plus canadienne des fondations open source enregistrée au Delaware (son siège est situé à Ottawa) compte plus de 300 membres et supporte officiellement 375 projets sous licence EPL (400 entrées sont pourtant référencées sur son site web).
Maintenant très influente dans l’écosystème Java, l'organisation qui maintient l’IDE Eclipse, de Jakarta EE et MicroProfile a décidé de s’installer en Europe, plus particulièrement à Bruxelles. À cette occasion, elle prendra le statut juridique belge d’association internationale sans but lucratif (AISBL).
Mike MilinkovichDirecteur exécutif, Fondation Eclipse
« Il s’avère que deux tiers de nos membres, un tiers de nos employés et deux tiers des développeurs contributeurs sont européens », Mike Milinkovich, directeur exécutif de la Fondation Eclipse. « Nous sommes probablement déjà la plus grande fondation open source en Europe ».
Ce constat est le fruit de réunions menées en octobre 2019. Conscients, de cette forte traction en Europe, les membres du conseil exécutif (dont IBM et sa filiale Red Hat, Oracle ou encore SAP) ont demandé à Mike Milinkovich d’en prendre acte pour augmenter l’influence de l’association sans but lucratif.
Profiter de l’élan stratégique européen autour de l’open source
Mike MilinkovichFondation Eclipse
« Nous avons discuté avec plusieurs industriels et décideurs politiques européens. Nous observons un changement de paradigme : l’open source est maintenant considéré comme un élément stratégique au cœur des solutions industrielles et gouvernementales », constate Mike Milinkovich. « Nous considérons qu’il est nécessaire de baser en Europe une fondation open source de portée internationale. Nous avons saisi cette opportunité ».
La Fondation Eclipse avait déjà une filiale en Europe depuis 2013 installée à Zwingenberg, en Allemagne. Celle-ci compte 10 employés à plein temps, répartis entre la France, la Suède, l’Allemagne et l’Italie. Elle réunit 900 contributeurs, et 170 membres dont SAP, Orange, Airbus ou encore Thales.
Selon le directeur exécutif, ce départ vers la Belgique a d’abord été dicté par le choix du statut juridique. « Après l’étude des statuts juridiques des organisations à but non lucratif en Europe, dont ceux proposés en Allemagne et en Suisse, l’AISBL convient parfaitement à ce que nous essayons de faire. La Fondation Eclipse est une organisation internationale depuis le début et nous voulons qu’elle le reste » détaille Mike Milinkovich.
La Fondation Eclipse compte ainsi se positionner en fer de lance de l’open source en Europe auprès d’acteurs industriels, tout en se différenciant de ses pairs, les fondations Linux et Apache. Les responsables de l’organisation n’oublient pas ses membres américains et asiatiques, mais espèrent que les entreprises européennes intéressées par les projets soutenus par la Fondation s’inscrivent ou contribuent davantage.
« Nous avons déjà un nombre assez important de membres parmi les fabricants et les équipementiers automobiles allemands [BMW, Daimler, Volkswagen, Bosch N.D.L.R.]. Nous espérons donc accueillir davantage de projets prometteurs de leur part », illustre le directeur exécutif.
C’est aussi un moyen de se rapprocher des institutions installées à Bruxelles. Pour rappel, l’organisation participe à huit projets de recherche financés par la Commission européenne. En février 2020, la CE a dévoilé sa stratégie pour accélérer l’adoption des technologies comme l’IA, le cloud, l’informatique quantique et l’Edge Computing à l’échelle européenne.
« Nous voulons vraiment que les responsables industriels et gouvernementaux du monde entier considèrent la Fondation Eclipse comme un lieu sûr pour héberger leurs technologies et projets prometteurs afin de favoriser une collaboration ouverte » vante Mike Milinkovich.
Une nouvelle Forge et un changement d’adresse postale
En ce sens, la fondation prévoit l’ouverture d’une troisième plateforme d’hébergement de projets logiciels (Forge) non plus basée sur Bugzilla comme les deux précédentes, mais sur Gitlab. Cette Forge sera hébergée en Suisse par un fournisseur IaaS helvétique.
Mike MilinkovichFondation Eclipse
Ce déménagement juridique implique quelques changements organisationnels. « Les membres et des marques de la Fondation Eclipse seront in fine enregistrés en Europe », indique Mike Milinkovich. « Nous pouvons faire le gros du travail en 18 mois minimum. Je ne vois pas comment aller plus vite », ajoute-t-il.
Les employés américains, canadiens et européens, une trentaine de personnes au total, ne seront pas relocalisés à Bruxelles. La présence de l’association internationale dans la capitale belge se résumera dans un premier temps à une adresse postale, selon the Register.
La Fondation Eclipse compte tout de même terminer l’enregistrement de son nouveau statut cet été. Les membres paieront désormais leur contribution en euros et les accords régissant leur statut seront revus à l’aune des textes belges.
Pour approfondir sur Open Source
-
Fondation Eclipse : Microsoft rejoint les groupes de travail Jakarta EE et MicroProfile
-
Sécurité de l’open source : bien plus qu’une histoire de financement
-
IoT : la fondation Eclipse accueille Oniro, un « projet européen » proposé par Huawei
-
La Visual Studio Marketplace de Microsoft dans le viseur de la fondation Eclipse