AIOps : IBM se lance lui aussi sur ce marché (déjà) saturé
Le géant américain du cloud veut prouver que ses solutions de machine learning et de NLP sont idéales pour automatiser l’observabilité des SI… tout comme ses nombreux concurrents.
Lors de sa conférence virtuelle Think Digital 2020, IBM a lancé Watson AIOps, une solution « pour aider les DSI à automatiser les opérations informatiques », selon le fournisseur de cloud.
« Watson AIOps répond aux besoins des départements IT qui doivent résoudre les problèmes à distance et automatiser davantage les processus inefficaces », déclare Nick McQuire, SVP et responsable de la recherche sur l’IA en entreprise chez CCS Insight.
Selon IBM, l’outil propulsé à l’intelligence artificielle permet aux entreprises d’ajouter des couches d’automatisation au niveau de leur infrastructure pour détecter, diagnostiquer et régler des anomalies IT. Par exemple, il aiderait les DSI à créer et à gérer des « réseaux plus réactifs, plus intelligents et plus durables ».
Rob ThomasVP senior, IBM Cloud and Data Platform
« Nous voulons donner à tous les DSI du monde les moyens d’utiliser l’IA pour prévoir les problèmes avant qu’ils ne surviennent, pour les résoudre avant qu’ils ne surviennent et pour le faire rapidement », vante Rob Thomas, vice-président senior IBM Cloud and Data Platform, lors d’une conférence téléphonique avec les médias.
Techniquement, Watson AIOps s’appuie sur la dernière version à date de Red Hat OpenShift. L’outil est donc disponible dans des environnements hybrides.
La solution ingère en temps réel les données (structurées et non structurées) des événements, des alertes, certaines métriques, les tickets, des informations sur la topologie de l’infrastructure et des applications. Watson AIOps corrèle l’ensemble de ces sources via différents algorithmes de machine learning et de NLU/NLP (c’est la grande spécialité du moteur Watson) pour réaliser des rapports complets.
Ces comptes rendus mentionnent la détection d’une anomalie, sa cause profonde, et fournissent des recommandations pour y remédier. Pour cela, IBM s’appuie en partie sur Watson OpenScale, une solution pour détecter les dérives des modèles utilisés pour analyser les logs, les traces et les métriques.
Watson AIOps peut être associé à des outils de monitoring dont ceux de ServiceNow, PagerDuty, Sysdig et Logdna.
Les alertes et événements corrélés sont transmis au SRE (Site Reliability Engineer) via des outils collaboratifs comme Slack, Box, Mattermost et Zoom.
Tout comme New Relic, IBM veut réduire le bruit causé par les alertes, un des fardeaux des équipes Ops.
Le bon moment
Pour Nick McQuire, le premier pas significatif d’IBM sur le marché AIOps intervient à un moment où les entreprises luttent contre l’impact économique du coronavirus. Elles sont à la recherche de nouvelles technologies et de stratégies pratiques pour survivre.
Sans trop de surprise, Big Blue fait allusion à la crise sanitaire en cours. Elle a forcé bon nombre d’entreprises à fermer leurs bureaux. Il s’avère plus difficile de régler à distance les problèmes d’infrastructure, de réseau et même de certaines applications.
Arvind Krishna, le nouveau PDG d’IBM, a déclaré mardi, lors d’un discours en direct de la conférence virtuelle, que la crise en cours est une opportunité pour développer de nouvelles solutions, de nouveaux partenariats et de nouvelles méthodes de travail.
« La pandémie a montré la nécessité d’un changement technologique qui accélérera, à terme, les transformations numériques des entreprises et l’adoption de l’IA », prédit Arvind Krishna.
« Je suis convaincu que l’IA peut jouer un rôle essentiel dans l’assistance aux clients en cette période d’incertitude », ajoute-t-il.
Un marché bondé
Avec Watson AIOps, Big Blue se lance sur un marché très concurrentiel, même si les organisations ont encore parfois du mal à comprendre les tenants et aboutissants de telles solutions.
Plusieurs de ses principaux concurrents disposent déjà d’outils similaires pour automatiser les processus IT remarque Nick McQuire.
Des éditeurs tels que Cisco, Moogsoft et Splunk, par exemple, fournissent depuis longtemps des capacités AIOps avancées. Dynatrace et New Relic revendiquent des outils du même genre. En parallèle, les principaux fournisseurs de cloud computing, dont Microsoft et AWS, proposent des services AIOps sur leur plateforme ou entretiennent des partenariats étroits avec les éditeurs de ce marché.
Watson AIOps « va sans doute faire monter la température entre les principaux fournisseurs de cloud, car les technologies d’automatisation des processus deviennent un champ de bataille clé », assure Nick McQuire.
En parallèle de la sortie de Watson AIOps, IBM a également révélé Accelerator for Application Modernization with AI, une nouvelle fonctionnalité du service de modernisation du cloud d’IBM conçue pour réduire les efforts et les coûts associés à la modernisation des applications.
L’IA pour l’aide à la refactorisation d’applications dans le cloud
Le nouveau produit, grâce à plusieurs outils basés sur l’intelligence artificielle, peut tracer le meilleur chemin pour l’optimisation des anciennes applications. IBM veut aider à les préparer la phase de containerisation (Application Containerization Advisor-ACA) et comprendre automatiquement le code existant pour recommander des microservices (Candidate Microservices Advisor-CMA) qui peuvent réduire le temps alloué à l’exercice ô combien coûteux et compliqué de refactorisation.
Cette solution contient également Modernization Workflow Advisor (MWO), une suite d’outils ML et NLP qui aide à la planification des étapes de modernisation d’architectures applicatives. Une promesse dont il faudra surveiller les répercussions.
La société a également révélé des mises à jour de quelques-unes de ses plateformes d’IA et d’automatisation.
IBM Cloud Pak for Data 3.0 ajoute plusieurs fonctionnalités à la plateforme de données, notamment IBM Planning Analytics, un outil de planification, de budgétisation et de prévision automatisé.
Parallèlement, une récente mise à jour d’IBM Cloud Pak for Automation, une plateforme pour la conception, la construction et l’exécution d’applications d’automatisation, doit simplifier la gestion des flux de travail des collaborateurs.