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Red Hat intensifie son approche multicloud
L’éditeur marque son avance dans la gestion des environnements hybrides, qu’il s’agisse des machines virtuelles ou des applications containérisées. À cette fin, OpenShift devient la brique centrale de sa stratégie.
« Pour les deux premières, il s’agit d’évolutions. La troisième marque une révolution », commente Matt Hicks, vice-président exécutif des divisions produits et technologies de Red Hat, à propos des dernières annonces de l’éditeur. Il désigne les nouveautés dévoilées en ce début de semaine lors du sommet virtuel Red Hat Summit, à savoir respectivement la version 4.4 d’OpenShift, les nouvelles fonctions d’administration de Red Hat Advanced Cluster Management for Kubernetes (ACM) et donc OpenShift Virtualization.
Des VM dans Kubernetes
OpenShift Virtualization est issu en réalité du projet Kubevirt, lequel s’appuie sur l’hyperviseur KVM, Red Hat ayant « tuné » Kubevirt pour l’intégrer à OpenShift. L’idée est de permettre à Kubernetes de gérer des machines virtuelles comme des containers. L’intérêt ? Prendre en charge des applications, souvent legacy, pour lesquelles la containérisation ne va pas de soi.
« Certaines applications, en particulier les bases de données, fonctionnent mieux dans une VM tandis que les applications de type big data tournent mieux en environnement conteneurisé », illustre Brian Gracely, directeur stratégie produit chez Red Hat. Ainsi, il est possible de déployer, consommer et administrer via une plateforme unique, Kubernetes donc, les applications cloud native (à base de microservices) et les plus anciennes.
Red Hat ne s’en cache pas : il vise par exemple les opérateurs télécoms « qui souhaiteraient disposer de nouvelles capacités en faisant tourner OpenShift sur des serveurs bare metal, mais qui auraient besoin des fonctions réseau virtualisées [NFV, Network Functions Virtualization, N.D.L.R.] encore basées sur des machines virtuelles », précise Matt Hicks.
Évidemment, il est tentant de comparer OpenShift Virtualization avec les récentes annonces de VMware, à savoir la prise en charge native des containers par vSphere 7, dernière édition en date. Sur ce point, Red Hat n’a pas manqué de tacler VMware et Ashesh Badani, senior vice-président, Cloud Platforms de l’éditeur, avait manifestement préparé ses arguments : « les deux entreprises s’accordent sur le fait que Kubernetes est le futur, et c’est une bonne chose », attaque-t-il en douceur.
Avant d’asséner : « une entreprise propose Kubernetes depuis 5 ans auprès de ses 1 700 clients, l’autre débute à peine. Une entreprise a une unique pile Kubertnetes standardisée CNCF, l’autre se débat pour savoir laquelle de ses 3 piles – certaines comportant du logiciel propriétaire – offrir à ses clients. Une entreprise a une stratégie de cloud hybride intégrée nativement avec les principaux fournisseurs de cloud et disponible aujourd’hui. L’autre a une infrastructure propriétaire, et l’intégration avec les autres clouds ne sera pas disponible avant la fin de l’année. Une entreprise a un large éventail de services et d’applications intégrés et certifiés avec des centaines d’ISV, l’autre n’a opéré qu’un rebranding d’une stratégie ayant raté par le passé », etc., etc.
En réalité, les entreprises devraient être gagnantes dans les deux cas, et exploiteront l’une ou l’autre des technologies suivant leur infrastructure en place.
Gérer de multiples clusters Kubernetes
Red Hat ACM vise à simplifier l’administration à grande échelle d’infrastructures Kubernetes. Certes, « OpenShift propose déjà de nombreuses fonctions d’automatisation. Mais avec Red Hat Advanced Cluster Management for Kubernetes, il sera possible d’importer des clusters Kubernetes d’autres environnements », explique Joe Fitzgerald, directeur général chez Red Hat.
En particulier, il devient plus facile de respecter les politiques de sécurité et de conformité mises en place par l’entreprise pour configurer et contrôler automatiquement les clusters Kubernetes, et de gérer finement les cycles de vie des applications. Là encore, il s’agit de disposer d’une vue unique pour administrer les applications containérisées dans un environnement multicloud.
La version 4.4 d’OpenShift apporte de nouveaux outils qui intéresseront plus particulièrement les développeurs. Ils disposeront de nouveaux indicateurs pour contrôler les performances des applications, mais aussi les coûts d’utilisation en environnement cloud hybride. Cette version prend en charge le protocole SCTP (Stream Control Transmission Protocol) permettant d’avoir plusieurs adresses IP sur une machine à des fins de tolérance de panne. OpenShift 4.4 apporte également des améliorations en termes de stockage persistant, avec des possibilités de redimensionnement des volumes et de snapshots.