OpenText Enterprise World Europe : le SaaS est là
L’éditeur d’outils de gestion d’informations (EIM) a lancé officiellement sa « Cloud Edition ». Elle prend le relais de la Release 16. Au cœur de cette plateforme, un début de PaaS avec une couche de services (OT2) pour les développeurs.
Cette semaine se tenait à la conférence des utilisateurs européens de l’éditeur américain OpenText, initialement prévue à Prague. Dans le contexte actuel, c’est de manière virtuelle que le président et CTO de la société, Mark J. Barrenechea, a fait plusieurs annonces clefs, non sans rappeler au passage qu’il se voyait comme « un partenaire et non comme un fournisseur » pour ses clients.
Malgré une forme figée et forcément tâtonnante, le fond de cet OpenText Enterprise World Europe 2020 a donc été très riche – avec au menu le cloud (CE Edition), Carbonite, et OT2 – après une édition 2019 beaucoup plus calme.
OpenText CE 20.2
La plus grosse transformation d’OpenText est de passer d’une offre sur site à une offre hybride très fortement teintée de cloud. Pour y arriver, OpenText CE (pour Cloud Edition) avait été annoncée en juillet à Toronto et promise pour cet avril.
« Et bien nous sommes dans les temps ! », se félicite Mark J. Barrenechea. « CE (sic) va remplacer la Release 16. C’est la nouvelle génération de nos produits. C’est notre nouvelle plateforme applicative conçue spécialement dans et pour le cloud ».
Mark J. BarrenecheaPDG et CTO d'OpenText
Rappelons qu’OpenText structure sa gamme en quatre grands piliers verticaux : Customer Experience (DAM, etc.), les Content Services (gestion documentaire), la sécurité et la cyber résilience (avec le rachat de Carbonite) et le Business Network (gestion des informations en rapport avec l’IIoT, la supply chain, etc.).
Ces quatre piliers sont aujourd’hui complètement « cloudifiés ». Le chantier de containeurisation étant terminé, ces applications SaaS seront disponibles sur toutes les infrastructures : celle d’OpenText évidemment, mais aussi sur les clouds public AWS, Azure ou Google Cloud (son partenaire privilégié).
La « plateforme » – comme l’appelle Mark J. Barrenechea – sera enrichie chaque trimestre. « Les mises à jour tous les 9 ou 12 mois, c’est terminé », lance-t-il. Conséquence, OpenText adopte une nouvelle numérotation qui traduit l’année et le trimestre de la sortie. La version annoncée cette semaine s’appelle par exemple « OpenText CE 20.2 », pour le « 2e trimestre de 2020 ».
Côté nouveauté, le responsable met surtout en avant un très gros travail sur l’interface avec des fonctionnalités « très visuelles », expression que le CTO répétera plusieurs fois.
Bring Your Own Licence
Pour encourager à la migration vers le cloud, Mark Barrenechea promet que les licences OpenText seront revues et adaptées. Le but est de permettre de passer simplement d’une instance sur site à une instance cloud. « Vous n’aurez pas besoin d’acheter une autre licence pour notre cloud », assure-t-il en évoquant la possibilité de porter celles existantes vers le SaaS dans une stratégie de Bring Your Own Licence.
Low code et OT2
En plus de ces quatre piliers verticaux, OpenText propose de manière transverse ce qu’il appelle une couche « Advanced Technology » (dont son analytique et son IA).
C’est dans cette couche que l’on trouve une autre nouveauté : un environnement de développement low-code pour automatiser des processus documentaires et connecter des contenus entre applications, explique Muhi Majzoub, chef de produit de l’éditeur.
Autre grosse annonce « transverse », le cloud d’OpenText se dote d’une « couche de services au-dessus de notre plateforme cloud », dixit son CTO. Cette couche est baptisée « OT2 ».
« OT2 est un autre pan important de ce sur quoi nous avons travaillé. Cette couche de services RESTful rend notre cloud programmable », résume-t-il. « C’est vraiment important pour nous. Nous avons aujourd’hui une centaine d’APIs disponibles via OT2. Nous voulions vraiment nous adresser aux développeurs en rendant notre plateforme disponible sous la forme de “services” ».
« Maintenant, vous pouvez intégrer [notre cloud] dans votre infrastructure, dans votre chaîne d’approvisionnement ou dans une application, qu’elle soit cloud ou non », continue Mark J. Barrenechea. « Nous en parlions depuis de nombreuses années, c’est fait. C’est une grande réalisation pour nous ».
Interrogé par nos collègues de SearchContentManagement (groupe Techtarget également propriétaire du MagIT), l’analyste Michael Woodbridge du Gartner estime qu’OT2 est la première vraie incursion d’OpenText dans le SaaS au-delà de son offre cœur de site de partage et de gestion de fichiers.
Pour lui, l’éditeur a certes encore du travail à accomplir pour se doter d’un vrai PaaS documentaire, mais OpenText se positionnerait largement au même niveau que les autres acteurs mûrs du marché comme IBM ou Hyland, qui travaillent eux aussi à se cloudifier et à amener leurs clients vers le SaaS.
De l’EIM à l’IM
D’un point de vue sémantique, on retiendra de cet OpenText Enterprise World Europe 2020 que le PDG Mark Barrenechea a décidé, de manière assumée et avec slide à l’appui, de ne plus parler d’Enterprise Information Management pour son entreprise, mais d’Information Management (tout court).
L’explication tient au fait que le récent rachat de Carbonite – le spécialiste de la cyber resilience, du backup et de la sécurité des terminaux – lui ouvre aussi les portes d’un nouveau segment de marché – celui des ETI et des grosses PME – là où OpenText était jusqu’ici focalisé sur les grands comptes (Enterprise en anglais).
Pas que du cloud
Muhi MajzoubCPO d'OpenText
Même si les annonces de cet OpenText Enterprise World Europe 2020 sont très « cloud », l’éditeur n’oublie pas pour autant que le gros de sa base installée est sur site. Et que celle-ci n’entend pas forcément migrer juste parque « CE » est sorti.
« Nous sommes un éditeur hybride », assure le CPO, Muhi Majzoub. « Nous avons de nombreux clients qui continuent à choisir d’autres options que le cloud : ils veulent que le logiciel soit installé sur leur propre matériel, dans leurs pièces sécurisées, dans leurs propres bâtiments et dans leurs datacenters. Nous continuerons donc à fournir nos logiciels pour qu’ils puissent les déployer sur site. ».