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Atlassian mise sur ses produits cloud, ses clients ont encore du mal à suivre
Les produits cloud d’Atlassian offrent des fonctionnalités très recherchées par les entreprises et étendent les niveaux d’intégration, mais certaines organisations auront encore du mal à se passer de leurs équivalents sur site.
La plateforme cloud d’Atlassian est la priorité de l’éditeur, qui consacre des ressources à l’élaboration de fonctionnalités avancées, d’interfaces utilisateur plus fluides et d’intégrations plus poussées entre ses produits, mais pour certaines DSI, l’abandon des outils sur site prendra du temps.
Lors de sa conférence virtuelle la semaine dernière, Atlassian a présenté une série de mises à jour pour les versions cloud de ses outils dédiés aux développeurs et à l’ITSM, notamment une nouvelle licence Cloud Enterprise qui ajoute des fonctionnalités que de nombreuses grandes entreprises recherchaient avant de migrer vers le cloud, comme le contrôle de la résidence des données.
L’éditeur a également présenté en avant-première les nouvelles fonctionnalités de son utilitaire Forge, encore en bêta. Celles-ci soutiendront le développement d’extensions dont les entreprises ont besoin pour faire correspondre les chaînes outils dans le cloud avec ceux installés sur site. Enfin, Atlassian mise sur une meilleure intégration entre ses nombreux produits basés sur le cloud et les outils tiers les plus populaires pour la CI/CD et la collaboration.
Rapprocher les chaînes d’outils sur site et dans le cloud
Intiuit, l’un des premiers clients de la plateforme dans le cloud a également fait une présentation lors de la conférence virtuelle. Il s’est directement adressé aux « retardataires », ceux qui n’ont pas migré dans le cloud.
« Je dirais que vous êtes en retard », a déclaré Sasan Goodarzi, PDG de l’éditeur de logiciels financiers, lorsque SearchITOperations (propriété de Techtarget, également propriétaire du MagIT) lui a demandé quel serait son conseil aux autres clients d’Atlassian. « Vous devez considérer les bénéfices de la migration vers le cloud, par rapport à ce que vous pensez perdre ».
Les responsables d’Atlassian n’ont pas été aussi directs avec leurs clients. D’ailleurs, la continuité des mises à jour est assurée pour les produits existants Server et Data Center. En revanche, la direction prise par Atlassian est claire à ce stade, estime Tom Petrocelli, analyste chez Amalgam Insights.
« Ils [les responsables d’Atlassian] essaient coûte que coûte d’amener les gens à abandonner les systèmes sur site », assure l’analyste. « Même si la fin de leur conférence était consacrée aux produits pour les centres de données, il ne fait aucun doute qu’ils essaient de rendre leurs gros clients plus à l’aise avec le cloud ».
En plus des nouvelles fonctionnalités, telles que les feuilles de route avancées de Jira Software Cloud Premium, qui offrent aux gestionnaires une vue de haut niveau et la possibilité d’approfondir les projets individuels au sein de la même interface, les mises à jour du cloud Atlassian ont réduit certains écarts entre le cloud et les produits sur site.
Confluence Cloud Premium prend désormais en charge le whitelisting d’adresses IP. Jira Service Desk Cloud est disponible dans une version premium avec un support étendu et un niveau de SLA (99,99 %). La nouvelle licence Jira Software Cloud Enterprise comprend un SLA de 99,95 %, une assistance 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Elle offre des plages de lancement qui permettent aux administrateurs de reporter et de tester les nouvelles fonctionnalités jusqu’à deux semaines, et prend en charge jusqu’à 10 000 utilisateurs par instance Jira, contre 5 000 auparavant.
Atlassian a également mis en avant l’assistant de migration Jira Cloud, qui aide les utilisateurs à établir des priorités dans les projets qu’ils doivent migrer, et offre un aperçu de l’avancement de la migration.
Les entreprises souhaitent davantage d’intégrations avec les outils tiers
Les utilisateurs des solutions Atlassian ayant une expérience à la fois des produits sur site et dans le cloud affirment que les entreprises sont fortement incitées à faire le saut dans le cloud.
« J’ai appris beaucoup de choses [en gérant Jira sur site] chez McAfee. La simple maintenance des serveurs était un problème en soi », constate Catherine Schutz, directrice associée de la gestion des programmes chez Concentrix Insurance à Fremont, en Californie. « Le passage au cloud aurait été parfait, car il aurait éliminé les problèmes de performance des serveurs [sur site] ».
Il y a un an, Catherine Schutz a été embauchée chez Concentrix, qui utilisait déjà Jira Software Cloud. Cela a permis d’éliminer les difficultés qu’elle avait rencontrées lors de son précédent emploi dans la gestion des serveurs, mais cela a aussi ses propres problèmes, notamment les intégrations avec des produits tiers tels que Microsoft Teams.
Au fil du temps, Atlassian a développé des intégrations avancées entre des produits tels que Jira Software Cloud et Slack, ainsi qu’entre Jira Service Desk Cloud et des outils de CI/CD tels que Jenkins, CircleCI et Octopus Deploy.
Catherine Schutz a néanmoins déclaré qu’elle aimerait voir Atlassian se rapprocher des équipes Microsoft afin de s’aligner sur l’intégration de Slack. La possibilité de configurer un projet Jira au sein de Teams, ainsi que l’intégration bidirectionnelle entre les discussions de Teams et les projets Jira individuels seraient toutes deux bienvenues.
« Certaines personnes ne sont pas toujours dans Jira ou sont dangereuses si elles le sont, car elles n’ont pas d’expérience avec l’outil et pourraient faire des erreurs », explique la responsable. « Mais ils adorent Teams et regardent ce qu’il se passe sur les canaux dédiés aux remontées d’événements ».
Les responsables d’Atlassian ont déclaré que l’éditeur continuera à travailler sur les intégrations avec Teams, mais n’ont pas abordé les points spécifiques évoqués par Catherine Schutz.
Atlassian Cloud : des points d’adhérence subsistent
Pendant ce temps, les entreprises en transition vers les services de cloud d’Atlassian trouvent que les outils sur site et ceux dans le cloud sont difficiles à accorder. Par exemple, Atlassian a ajouté une fonction de mise sous tension qui relie le serveur Jira sur site à l’outil de gestion de projet Trello basé sur le cloud.
Cependant, les DSI soucieux de la sécurité qui souhaitent également intégrer Trello à des outils d’authentification unique (SSO) doivent le faire manuellement. Les représentants d’Atlassian ont déclaré être conscients que certains utilisateurs préféreraient une prise en charge native du SSO dans le connecteur Trello pour le serveur Jira. Ils l’évaluent comme une option dans le cadre de développements futurs. Pour l’instant, les utilisateurs peuvent travailler avec des applications tierces telles qu’Unito, qui permet de synchroniser Jira et Trello avec le SSO.
Les problèmes d’intégration ne s’arrêtent pas là pour les SI disposant d’instances du serveur Jira, comme Markforged, une société d’impression 3D industrielle de Watertown, dans le Massachusetts. Les responsables IT de Markforged ont hésité à passer à Jira Software Cloud en raison des problèmes rencontrés lors de l’intégration de Confluence Cloud avec des applications mobiles Android utilisant SAML pour la gestion des accès.
Bien que ce problème reste connu avec Confluence Cloud, il a été résolu pour Jira, éliminant ainsi un obstacle à la migration de Markforged. L’entreprise a également procédé à un nettoyage douloureux, mais nécessaire de son serveur Jira, qui facilitera la migration vers le cloud. Mais il faut aussi habituer les développeurs à la nouvelle interface utilisateur de Jira Software Cloud, considère Clark Everson, technicien du service d’assistance de Markforged.
L’un de nos ingénieurs a complètement cassé le nouveau système de recherche lors des tests, car il est habitué au JQL (Jira Query Language) [sur site] », témoigne Clark Everson. « Je suis prêt à le tester à nouveau, mais cela va dépendre de son impact sur le travail que nous avons fait ».
Les utilisateurs du Jira Software Cloud ont la possibilité de prendre en main l’interface Jira classique avant de passer à la prochaine génération, assure un porte-parole d’Atlassian.
La transition prendra du temps, mais il s’agit de problèmes résolus qui doivent être surmontés si les clients d’Atlassian veulent aller de l’avant, considère Tom Petrocelli, faisant écho au message passionné d’Intuit.
« En fin de compte, les éditeurs utilisent généralement la tarification comme un moyen d’inciter les gens à faire la transition », constate l’analyste chez Amalgam Insights. « Si vous voulez vivre dans le passé, allez-y, mais à un moment donné, soit Atlassian résoudra les points de friction, soit les gens devront trouver des moyens de les résoudre ».