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SkySQL : MariaDB présente à son tour sa DBaaS avec l’appui de ServiceNow
MariaDB annonce (enfin) la disponibilité générale de SkySQL dans sa version DBaaS. L’éditeur open source engage pour l’occasion des partenariats avec Google et ServiceNow.
MariaDB profite de cette toute fin du mois de mars pour annoncer la disponibilité générale de SkySQL en mode DBaaS. Jusqu’alors, il fallait compter sur les offres des fournisseurs pour accéder à la base de données SQL multimoteur de stockage dans le cloud. Microsoft Azure, AWS et Google proposent la version open source de ce SGBD au sein de leur catalogue.
SkySQL, elle, est la version entreprise de cette base gérée directement par MariaDB. Elle a demandé près de deux ans de développement et était disponible jusqu’à peu en bêta privé (les utilisateurs peuvent s’inscrire pour un essai). SkySQL s’appuie sur la X4 platform, la dernière version en date de la plateforme d’entreprise présentée en janvier 2020.
Google Cloud et ServiceNow en renfort de MariaDB
L’éditeur basé à Redwood entame pour l’occasion un partenariat avec Google Cloud et ServiceNow. Le premier, GCP, s’assurera de l’hébergement de SkySQL sur GKE dans quatre régions cloud. MariaDB explique ce choix par la volonté d’avoir « le meilleur support pour Kubernetes » par son principal contributeur. L’éditeur utilise des containers Docker pour y placer des serveurs MariaDB TX (transactionnels) et AX (analytiques) qui contiennent les données.
MariaDB a décidé de séparer les nœuds de leurs répliques (de 2 à 5) qui sont déployés dans des zones GCP différentes. L’orchestrateur Kubernetes est associé à des disques SSD persistants principalement réservés aux workloads analytiques.
Merv AdrianGartner
« Il est vital pour tout éditeur SGBD qui veut survivre d’avoir une offre crédible dans le cloud : 70 % de la croissance est là depuis trois ans. MariaDB a fait preuve d’intelligence en s’alignant avec Google. C’est chez cet acteur qu’une croissance agressive est probable au cours des deux prochaines années », estime Merv Adrian, vice-président de la recherche données et analytiques, chez Gartner.
En réalité, le service rejoindra également les catalogues d’AWS, d’abord, et de Microsoft dans un second temps. « Cela demande une adaptation technique aux services managés pour Kubernetes EKS et AKS, mais le support de ces technologies est déjà sur la feuille de route », précise Mickael Carney, Vice-président EMEA chez MariaDB.
Le second, ServiceNow, s’occupe de gérer en marque blanche le control plane SkySQL Portal qu’il hébergera au sein de sa propre architecture cloud. De la sorte, la base de données est séparée de la couche d’administration. Si l’un de ces deux composants tombe en panne, l’autre ne sera pas affecté. Le control plane orchestré par ServiceNow permet de gérer l’inventaire, la configuration et les workloads analytiques.
En ce qui concerne l’observabilité du SGBD managé, MariaDB mise sur des outils open source. L’éditeur met en place les agents Prometheus à des fins de surveillance en temps réel. Grafana est la couche de visualisation associée.
MariaDB et ServiceNow : une relation forte
Selon Mickael Carney, ServiceNow est l’un des plus gros clients (sinon le plus important) de MariaDB. Après une bascule opérée il y a deux ans, le spécialiste de l’ITSM disposerait de 120 000 instances MariaDB en interne.
En 2018, The Register évoquait 85 000 instances MariaDB chez ServiceNow.
ServiceNow est d’ailleurs un des investisseurs de MariaDB et est présent au conseil d’administration de l’éditeur SGBD.
Reproduire les acquis D’X4 Platform dans le cloud
« Jusqu’alors le cloud a été un superbe environnement DevOps, mais certains clients venaient vers nous en nous mentionnant le fait qu’ils n’étaient pas forcément contents, à cause de certains pans de disponibilité et du manque de réactivité du support. Ce n’est pas pour critiquer les fournisseurs cloud : ce n’est pas leur spécialité. Cela crée une opportunité pour nous de proposer notre propre DbaaS et d’amener notre savoir-faire sur le marché », estime Mickael Carney.
Mickael CarneyMariaDB
MariaDB défend ainsi son expertise comme l’un des principaux avantages de sa DbaaS. « Ce sont nos binaires, nos optimisations et notre support qui sont inclus dans SkySQL. C’est tout ce que l’on peut attendre d’un DbaaS issu de son éditeur » vante le vice-président EMEA. Pour ce qui ne peut pas être automatisé, l’éditeur entend pousser son service SkyDBA qui donne accès à des administrateurs « experts » de la base de données pour les clients Entreprise et Platinum, dont l’expertise MySQL/MariaDB serait limitée.
Comme X4 Platform, SkySQL dispose de la couche MaxScale, un proxy qui doit assurer la supervision de l’élasticité, la sécurité et la haute disponibilité des serveurs entreprise MariaDB (la version payante). L’éditeur y associe une technologie de failover automatique. « En cas de panne, Maxscale peut rejouer les transactions en cours sur une nouvelle machine et l’application ne détectera même pas de coupure de signal TCP », affirme Mickael Carney. Ce proxy prend également en charge le routage des requêtes transactionnelles ou analytiques vers le traitement adapté. Ce serait tout l’intérêt de cette structure HTAP (Hybrid Transactionnal/Analytical Processing) qui supporte le stockage en ligne, en colonne et une combinaison des deux.
Pour cela, SkySQL prend uniquement en charge les moteurs de stockage InnoDB et MariaDB ColumnStore, qu’il faut coupler obligatoirement avec le système de réplication Galera. De même, il est possible d’utiliser le stockage objet ou le stockage bloc via Google Cloud Storage. Attention toutefois, le service managé ne prend pas en charge les versions personnalisées de la base de données.
Les bases de données deviennent elles aussi élastiques
« Un bon nombre de clients sont passés par la phase de test et un certain nombre d’entre eux va directement passer en production », dit Mickael Carney, en restant vague. « En Europe, l’entreprise la plus connue à adopter SkySQL est Telefonica, qui passera prochainement en production », illustre-t-il.
« Nos tests initiaux ont montré des performances meilleures que prévu avec SkySQL sur Google Cloud Platform », déclare Paul Greaves, Directeur de l’ingénierie O2 Enterprise et Wifi Telefonica UK Limited, dans un communiqué de presse.
Dans un avenir proche, MariaDB veut permettre aux clients d’utiliser des fonctionnalités multicloud. Il ne s’agit pas de migrer d’un cloud à un autre, mais de disposer d’instances chez plusieurs fournisseurs en même temps à des fins de réplications ou de performances. À cela s’ajoutera la possibilité de synchroniser des instances sur site avec celles qui sont dans le cloud. Les clients devraient également bénéficier d’une gestion automatisée de l’élasticité de la base de données (autoscaling).
Enfin, MariaDB ajoutera les capacités du moteur ClustrixDB à sa DBaaS dans le but de supporter la parallélisation des traitements de données à large échelle.
Merv AdrianGartner
« MariaDB publie des premières versions très crédibles, et il a démontré son agilité et sa capacité à tenir ses promesses au cours des deux dernières années. Je m’attends à ce que toute lacune soit rapidement comblée », assure l’analyste de chez Gartner.
En soi, l’annonce de MariaDB n’a rien de véritablement innovant sur le marché. MongoDB a adopté cette approche DBaaS il y a deux ans, DataStax a suivi en décembre 2019, Couchbase a commercialisé une offre similaire en février 2020. Cela confirme une tendance : les éditeurs open source veulent prouver aux clients qu’ils ont intérêt à les suivre pour obtenir de meilleurs services que ceux offerts par les « cloudistes ».
« Ils [MariaDB] devront certainement faire face à la concurrence des fournisseurs cloud : c’est le défi majeur pour tous les éditeurs SGBD à l’avenir », prédit Merv Adrian.
Toutefois, les entreprises doivent bien faire attention aux modèles économiques associés. Dans le cas de SkySQL le paiement se fait à l’usage sur une base mensuelle, mais la facture peut varier suivant les taxes, la région cloud. Si la facturation s’appuie sur la consommation réelle, l’interface de la DBaaS ne montre qu’une estimation du coût, selon la documentation de l’éditeur.