Ctera transforme le stockage cloud en NAS pour télétravailleurs
Selon le fournisseur, le cloud reste le moyen le plus efficace pour s’échanger des données. Mais les salariés n’arriveront à l’utiliser que si celui-ci fonctionne comme un NAS ordinaire.
Les entreprises sont actuellement forcées de basculer leurs salariés dans le travail à distance et Ctera a une solution pour leur faciliter la tâche. Ce spécialiste du stockage partagé lance ces jours-ci deux outils, Ctera Migration et Ctera Insight, censés aider les entreprises à rapprocher les fichiers des collaborateurs. Il s’agit évidemment de passer par le cloud, mais en préservant facilité d’usage, sécurité des accès, visibilité sur l’inventaire et protection contre les erreurs humaines.
« Ce que nous dit la crise actuelle, c’est que l’IT bascule massivement dans l’usage à distance. Et nous pensons que les pratiques de télétravail qui se développent aujourd’hui deviendront une norme réglementaire : pour répondre à certains appels d’offres, les entreprises devront certainement démontrer à l’avenir qu’elles savent poursuivre leurs activités sans devoir rapprocher physiquement leurs salariés », lance Liran Eshel, le PDG de Ctera, lors d’une session de présentation à laquelle LeMagIT a pu participer.
« Mais pour que cela fonctionne, il n’est pas question de changer les techniques : les données doivent toujours être derrière le même firewall et les utilisateurs doivent accéder à leurs données avec les mêmes droits, avec la même icône de disque partagé et avec la même latence que d’habitude. Notre mission est de rendre cela possible alors que plus personne ne travaille sur le même réseau local. »
Mettre des caches et un environnement NAS autour d’un stockage en cloud
Ctera propose depuis quelques années de disperser un NAS entre plusieurs sites, en installant à chaque endroit un cache qui donne aux utilisateurs l’impression d’utiliser une baie de disques locale. La solution repose sur plusieurs composants.
Tout tourne autour d’un système de fichiers virtuellement géodistribué, GFS (Global File System) et d’un serveur « portail » qui fournit à tout le monde les caractéristiques du volume GFS que partage l’entreprise. Ce portail, qui peut fonctionner sur site comme en cloud, assure l’orchestration globale, de l’attribution des droits d’accès, à l’optimalisation des données en cache, en passant par la cohérence entre les fragments de données.
Un agent « Ctera Drive App » est à installer sur PC, Mac ou appareil mobile pour accéder depuis chez soi au volume virtuel GFS de l’entreprise, tandis qu’une appliance « Ctera Edge Filer » fait de même au niveau du réseau local d’une succursale. Ces deux entités maintiennent un cache local dans lequel les données sont lues et écrites par les utilisateurs, puis redirigées vers le volume GFS. Ce sont elles qui chiffrent, dédupliquent, voire compressent les fichiers à la volée avant qu’ils soient disponibles pour tout le monde dans le volume GFS.
Et, entre tout cela, un large espace, fourni par un tiers au format fichier ou objet, quelque part, centralise toutes les données du volume GFS.
Selon Ctera, si une entreprise se contentait de n’utiliser qu’un volume central, a priori une offre S3 en cloud public, ses utilisateurs se heurteraient à des interfaces web dont ils ne sauraient pas forcément se servir, avec une latence aléatoire qui impacterait éventuellement leur efficacité.
« Nous avons vendu notre solution dans 110 pays, à des entreprises aussi variées que des banques, des acteurs des médias, des télécoms, des industriels, des chaînes de distribution et de restauration. Tous saluent la facilité de rapprocher les données des utilisateurs, tout en offrant une capacité illimitée, puisque les données sont stockées sur des volumes en cloud. Ces deux aspects étaient irréconciliables avant nous », ajoute Liran Eshel.
Apporter plus de gouvernance sur la composante cloud
Mais dixit Ctera, le volume central est ici le maillon faible, car il susceptible de fonctionner avec des technologies que l’entreprise ne maîtrise pas : « dans un récent rapport, Gartner expliquait que centraliser ses données sur une offre de stockage en cloud posait éventuellement des problèmes réglementaires, liés à la localisation des données et à la manière dont le fournisseur du service de stockage les protège. C’est pourquoi nous lançons aujourd’hui des outils qui, en plus des verrous de sécurité que nous proposons déjà, amélioreront encore la gouvernance de l’entreprise », explique Oded Nagel, le directeur technique de Ctera.
Ctera Migration Tool dresse ainsi l’inventaire de tous les fichiers qu’une entreprise possède sur ses différents NAS et les regroupe dans des catégories selon divers critères. L’administrateur n’a ensuite plus qu’à valider ceux dont il autorise le partage depuis un volume GFS et le logiciel se charge de les y déplacer automatiquement, en maintenant les mêmes droits d’accès.
Ctera Insight est son équivalent en mode SaaS : il présente les mêmes fonctions d’inventaire, mais a posteriori. Il est capable de lister les fichiers qui ont été créés, ceux qui ont été modifiés, et qui a accédé à quoi.
Ces outils ont surtout deux vertus. La première vertu est de dissocier les fichiers selon leurs usages. Les plus sollicités méritent d’être présents dans le plus de caches possibles. Les moins utilisés, en revanche, consomment inutilement de l'espace de production et mériteraient plutôt d'être archivés sur des espaces moins chers. L’autre vertu est qu’ils sont accolés à un antivirus – Ctera a passé un partenariat avec McAfee – qui isole automatiquement les fichiers infectés.
« À terme, ces deux outils auront des fonctions de plus haut niveau, comme la détection de contenus sensibles dans les fichiers », assure Oded Nagel.
Des NAS fragmentés en caches auprès des utilisateurs
Avant la publication de ces nouveaux outils, Ctera s’était efforcé d’enrichir son offre d’appliances Edge Filer, lesquelles constituent la plus importante porte d’entrée des fichiers créés par une entreprise. Si jusqu’ici les boîtiers proposés faisaient surtout office de passerelle entre les postes ou serveurs d’un site et le volume GFS global de l’entreprise, le catalogue a de plus en plus vocation à proposer de véritables NAS, avec beaucoup de capacité locale, mais avec des répertoires communs au reste de l’entreprise.
Depuis la fin de l’année dernière, le fournisseur propose ainsi les boîtiers Ctera X Series, qui reviennent en l’occurrence à des infrastructures hyperconvergées Simplivity de HPE avec les logiciels de Ctera. « L’idée de cette solution est, pour les succursales, de consolider dans une seule machine le stockage, les applications et les postes virtuels des salariés. En pratique, cela permet aux succursales de travailler sur un NAS local, qui consolide tous les NAS historiques et qui est rattaché au NAS de l’entreprise », explique Oded Nagel.
Il se targue d’en avoir récemment vendu à Mc Donald : « auparavant, chaque site produisait et stockait localement des fichiers sur des baies NetApp de 200 To puis les sauvegardait quotidiennement vers un volume sur Azure. Mais ils se sont rendu compte qu’ils utilisaient au quotidien très peu de fichiers. En remplaçant la baie NetApp par un Ctera X Series, ils continuent de pouvoir accéder à tout, mais ne stockent sur place que les données qui ont besoin d’une latence minimum. »
Entre l’économie de place locative au sol, celle de l’électricité, de la maintenance et du nombre de disques à acheter, McDonald aurait calculé que le Ctera X Series lui reviendrait 80 % moins cher que sa solution précédente.
L’autre nouveauté récente au catalogue de Ctera est le Media Filer. Un NAS avec 128 To de capacité sur des disques SSD et traditionnels destinés aux chaînes de télévision. « L’intérêt ici est que les journalistes sur le terrain accèdent automatiquement depuis leur Mac ou leur PC au NAS de l’entreprise pour charger les vidéos. Elles sont automatiquement transférées sur le Media Filer ou des applications de traitement peuvent se déclencher automatiquement dès qu’un fichier apparaît dans un répertoire », décrit le directeur technique.
Le fait de fragmenter un NAS entre plusieurs caches locaux n’est pas une exclusivité de Ctera. Récemment, NetApp s’est emparé du sujet en rachetant Talon Storage, une startup avec une technologie similaire à celle de Ctera. « Ces technologies sont des moyens simples de partager des fichiers depuis la position centrale du cloud sans pour autant avoir à écrire des règles de synchronisation », argumente ainsi Anthony Lye, l’un des responsables de la division cloud de NetApp, au micro de nos confrères de TechTarget USA.
Ctera ne souhaite pas trop en dire sur son agenda, mais suggère que ses prochaines évolutions iront dans le sens de l’automatisation par les développeurs.