Qumulo ajoute chiffrement et sauvegardes à son NAS super élastique
Conçu par les ingénieurs à l’origine d’Isilon, le système de stockage hautes performances de Qumulo – jusqu’à 100 baies de 368 To – se pare enfin des fonctions standard qu’attendent les entreprises.
Cette solution n’est plus réservée aux seuls professionnels de la vidéo. Qumulo HFS, le système de NAS élastique développé par les anciens ingénieurs d’Isilon, s’enrichit enfin dans sa nouvelle version 3 des fonctions de sauvegarde et de chiffrement qui l’excluaient jusque-là des appels d’offres. Qumulo le livre par ailleurs sur un nouveau nœud de stockage 2U qui totalise 368 To de capacité avec 24 SSD entièrement NVMe, le Qumulo P-368T.
« Qumulo s’est lancé en 2012 sur les traces de ce qu’ils avaient créé avec Isilon avant de revendre cette technologie à Dell EMC. Ils visaient des marchés très particuliers, comme les diffuseurs de médias, ou les bibliothèques. Ce sont des secteurs dans lesquels avoir un NAS élastique a spontanément du sens. Aujourd’hui, ils souhaitent adresser des entreprises plus conventionnelles et c’est pourquoi la mise à jour du système concerne essentiellement des fonctions qui sont communes au reste des NAS : du chiffrement, des snapshots automatiques, de la haute disponibilité », commente Randy Kerns, consultant chez Evaluator Group, au micro de nos confrères de TechTarget USA.
« Notre credo est désormais de nous adresser aux entreprises qui veulent remplacer leurs baies SAN, hors de prix et limitées en capacité, par des NAS très rapides et élastiques. Il y a un marché pour cela : IDC l’évalue à 9,5 Md $ en 2020 et 10,1 Md $ l’année prochaine. Qui sont les clients ? Tout simplement des entreprises qui ont entendu les sirènes du stockage objet : extensible, multisite, peu cher… Qui ont préparé leurs applications pour qu’elles fonctionnent avec des fichiers. Mais qui se sont rendu compte que les performances n’étaient pas au rendez-vous ! », explique au MagIT Stefan Radtke, le directeur technique du constructeur.
Molly Presley, en charge des produits chez le constructeur, enfin, s’exprime sur le nouveau matériel : « proposer 368 To de capacité sur des SSD NVMe aurait paru invraisemblable il y a à peine quelques mois. Mais les prix des modèles 15,36 To ont à ce point chuté que les entreprises qui ont besoin de beaucoup de capacité se demandent si elles ne pourraient pas aussi profiter des très hautes performances offertes par le NVMe. »
Des baies 100 % NVMe, des baies peu chères et des baies en cloud
La nouvelle baie P-368T reprend l’électronique des autres baies 100 % NVMe de la gamme P-Series : deux processeurs Xeon 12 cœurs à 2,6 GHz, 192 Go de RAM et quatre connecteurs Ethernet 100 Gbit/s. Les autres modèles de cette famille sont les P184T (vingt-quatre SSDs de 7,68 To), P92T (vingt-quatre SSDs de 3,84 To) et P23T (douze SSDs de 1,92 To).
Qumulo propose aussi son système sur les baies C/QC-Series avec un mélange de disques durs traditionnels pour le stockage utile et de SSDs pour le cache. Selon l’interprétation du MagIT, ces baies seraient trois fois moins chères que celles des P-Series à capacité équivalente. Elles se déclinent en quatre sous-familles.
Les QC24 et QC40, au format 1U, ont quatre disques durs de 6 et 10 To, deux SSDs de 800 Go en guise de cache, un Xeon 4 cœurs à 3,6 GHz, 64 Go de RAM et une double connectique Ethernet 10 Gbit/s.
Les C-72T et C-168T sont également au format 1U et ont aussi 64 Go de RAM. En revanche, elles disposent de 12 disques durs de 6 ou 14 To, 4 SSDs de 480 ou 960 Go, un Xeon 6 cœurs à 2,2 GHz et une double connectique Ethernet en 25 Gbit/s.
Les QC140, QC208 et QC260 sont au format 4 U. Elles contiennent vingt-six disques durs (en 4, 8 et 10 To), treize SSDs de 480 Go, deux Xeon 6 cœurs à 2,4 GHz, 128 Go de RAM et quatre connecteurs Ethernet en 40 Gbit/s.
Enfin, la QC360 ne diffère des précédentes que par la répartition de ses disques. On y dénombre trente-six disques durs de 10 To et quatre SSDs de 1,6 To.
Qumulo propose par ailleurs son système HFS en bundle avec des serveurs Apollo 4200 (2U) de HPE. Ironiquement, le fournisseur assure aussi garantir le fonctionnement de HFS 3 sur les serveurs PowerEdge de Dell EMC, ceux-là mêmes que Dell EMC utilise comme base technique pour la gamme Isilon.
Enfin, Qumulo propose aussi des baies virtuelles en ligne chez AWS et GCP. Elles reposent respectivement sur les services EBS et Persistent Disk. Des baies virtuelles sur Azure devraient arriver d’ici à fin 2020 ou début 2021.
18 Go/s sur un cluster de quatre nœuds NVMe
Toutes ces baies ont vocation à être utilisées en cluster : Qumulo HFS 3 considère toutes les baies en réseau, instances en cloud comprises, comme un seul NAS. La capacité est extensible à chaud puisqu’il suffit d’installer des nœuds HFS 3 pour qu’ils soient automatiquement ajoutés au NAS. Un cluster peut comprendre un maximum de 100 baies physiques ou virtuelles. Il doit au minimum contenir quatre nœuds.
Le système permet de mixer tous les types de baies dans un même NAS et propose de les répartir en tiers de stockage. L’administrateur configure des règles pour entreposer ou déplacer automatiquement les données entre les tiers selon l’intensité de leur utilisation, leur taille, leur ancienneté, etc.
Qumulo communique plusieurs mesures de performances. Un cluster de quatre baies P-Series 100 % NVMe atteindrait 18 Go/s de débit et 230 000 IOPS. Avec cinquante baies P-Series, on grimperait à 450 Go/s et 6 millions d’IOPS. Un cluster de baies C/QC-Series atteindrait 8 Go/s avec quatre nœuds et 100 Go/s avec cinquante nœuds.
Un peu de chiffrement, mais surtout du PRA automatique
Côté système, l’arrivée du chiffrement sur HFS 3 est à relativiser. D’une part, la nouvelle fonction qui crypte les données à la volée ne marche qu’avec le protocole SMB 3.0, c’est-à-dire uniquement si les serveurs en amont fonctionnent sous Windows. Le NFS, plus commun sur les serveurs Linux, arrivera plus tard cette année.
D’autre part, le chiffrement « au repos », c’est-à-dire une fois les données écrites, ne fonctionne que sur les serveurs Apollo 4200 de HPE. Et pour cause : c’est l’un des circuits spécialisés de cette machine qui s’occupe de cette fonction. Qumulo promet que le chiffrement sera bien implémenté dans son système « à terme ».
Concernant les nouvelles possibilités de sauvegarde, il s’agit plus exactement de faire des snapshots – à savoir l’image du contenu à un instant T – et de pouvoir les déplacer automatiquement vers un autre cluster Qumulo HFS 3, étiqueté comme « NAS de secours ». Par ailleurs, les clusters se synchronisant régulièrement, le NAS de secours est capable de détecter automatiquement une panne sur celui de production et de prendre la main, faisant de ce dispositif un PRA (Plan de Reprise d’Activité). Évidemment, cette fonction est compatible avec les baies virtuelles en cloud.
Il était déjà possible de répliquer le contenu d’un cluster vers un autre, mais au prix d’une gymnastique rédhibitoire pour l’administrateur système. Il s’agissait alors de définir chaque cluster comme s’il était un tiers de stockage de l’autre, puis d’écrire des règles de déplacement des données entre eux. Désormais, il suffit d’indiquer dans les consoles quel cluster sert à la production et quel autre aux sauvegardes. Les droits d’accès de la source sont automatiquement répliqués vers la destination.
Des exclusivités techniques pour améliorer les performances
Techniquement, Qumulo HFS est un Linux Ubuntu avec le système de fichiers propriétaire QF2 et le moteur d’index Qumulo DB. Comme ceux-ci fonctionnent en mode « user-space », les mises à jour de HFS se font la plupart du temps sans avoir à redémarrer chaque nœud. À l’échelle du cluster, les copies de HFS sur chaque nœud communiquent en mode bloc, un dispositif appelé Scalable Block Store (SBS). Selon Qumulo ce choix permettrait de garantir 20 % de performance en plus comparativement aux NAS élastiques de NetApp (WAFL) et de Dell EMC Isilon (OneFS) où les échanges se font en mode fichiers.
Par ailleurs, Qumulo se targue d’une certaine avance technique, du moins dans les domaines des marchés qu’il adressait initialement. Ainsi, le système est par exemple capable de ne mettre en cache que les premières minutes d’une vidéo – celles qui sont le plus consultées chez les diffuseurs de médias – alors que les concurrents ne savent y placer que des fichiers entiers. Il en résulte que les utilisateurs peuvent naviguer très rapidement parmi les extraits d’un plus grand nombre de vidéos sur des systèmes Qumulo. Une autre exclusivité du système sera son système prédictif, qui devine mieux que les autres quelles sont les prochaines données à mettre en cache.
À ce jour, Qumulo aurait séduit 400 entreprises dans le monde. La marque est revendue en France par les intégrateurs Progiss, Axians, SCC, Arrow, S-Cube et MediaPower.