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Confinement, télétravail, projets cloud : AWS et Google se veulent rassurants
Alors que le monde entier se confine à cause du Coronavirus, les géants du cloud AWS et Google indiquent maintenir les services et soutenir leurs clients dans cette épreuve.
MAJ 23/03/2020 : Nous avons ajouté les réactions de Microsoft et de 3DS Outscale.
Avec la crise en cours, la plupart des entreprises ont décidé de protéger leurs collaborateurs en imposant le télétravail. Les organisations qui ont choisi de migrer leurs applications dans le cloud ont normalement l’avantage par rapport à celles qui doivent rendre disponible leurs applications installées sur site. Toutefois, les derniers jours nous ont prouvé que les services de certains géants ont été mis à rude épreuve.
Microsoft qui avait donné l’accès à son service de messagerie instantanée Teams a rencontré des problèmes à la première heure de télétravail massif en Europe. Selon Down Detector, un site de crowdsourcing dédié à la détection de panne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la France et l’Allemagne comptaient le plus grand nombre d’utilisateurs touchés. Le compte Twitter officiel Microsoft Office 365 Status, qui relaie les incidents les plus graves du service, indiquait le 16 mars une opération en cours pour réparer les erreurs. L’une d’entre elles concernait un problème de cache au sein de composants de l’infrastructure de Microsoft.
Deux jours plus tard, certains utilisateurs rencontrent encore des problèmes de connexion à la messagerie. Le fait que la firme de Redmond ait rendu ce produit gratuit le temps de la crise ne doit pas jouer non plus en sa faveur.
Les services cloud tiennent-ils la charge ?
Les autres services disponibles depuis Microsoft Azure ne semblent pas rencontrer de pannes depuis le 21 février en Europe (depuis le 24 janvier pour la France) si l’on en croit le site web dédié aux statuts des services Azure.
« Nous avons vu une accélération très forte de l’usage Teams sur les sept derniers jours avec une croissance de 12 millions d’utilisateurs actifs par jour pour atteindre plus de 44 millions d’utilisateurs actifs par jour », témoigne Xavier Perret, Directeur de l’entité Azure de Microsoft France.
Pour l’instant, AWS ne semble pas subir de contraintes à l’heure où nous publions cet article. Questionné à ce sujet, Julien Groues, directeur général d’AWS France assure que le fournisseur est prêt.
Julien GrouesAWS France
« Notre priorité c’est de soutenir nos employés et nos équipes. Toutes nos ressources sont disponibles pour poursuivre les travaux avec nos clients. Nos services ne sont pas impactés. Nous avons pris toutes les mesures nécessaires pour nous préparer et nous sommes certains que nous allons pouvoir continuer à répondre aux demandes de nos clients d’un point de vue humain et technique ».
Un tel changement pourrait impacter les applications des clients qui s’appuient sur les services AWS. Ce ne serait pas le cas selon l’intéressé.
« L’échelle à laquelle nous opérons nous permet de supporter les pics de charge » […] « Nos équipes d’architectes aident nos clients de manière habituelle. Beaucoup de nos clients nous ont contactés pour revoir leurs architectures à l’aune de la situation en cours. Nos fonctions de support sont disponibles pour accompagner les clients qui le souhaitent. Je pense que cela a été un grand avantage pour ceux-là d’être avec nous et dans le cloud pour absorber la charge ». « Nous n’avons pas remarqué une augmentation significative des appels vers le support », assure Julien Groues.
Stéphan HadingerAWS
« Gérer les montées en charge chez nos clients, c’est le quotidien de nos architectes. L’ensemble des partenaires sont mobilisés pour faire en sorte que les applications soient élastiques à la hausse comme à la baisse », estime Stéphan Hadinger, Head of technology, chez AWS.
De son côté, IBM a rencontré quelques problèmes avec ces instances basées à Dallas que les équipes ont résolus rapidement. L’éditeur a signalé des pannes de différents services Watson, les 17 et 18 mars, qui ne semblent pas spécifiques à une montée en charge. La maintenance a pris de 30 minutes à quatre heures selon les services impactés. La semaine précédente, le 12 mars, ce sont deux incidents qui ont touché Francfort et Londres, encore une fois résolus en un peu plus d’une heure. Cela reste des pannes mineures qui n’ont sûrement pas ou peu de lien avec la situation actuelle provoquée par le virus.
Des fournisseurs concentrés sur l’instant présent
Porte-parole Google Cloud
Hormis un souci d’échecs de requêtes avec le service Cloud AI le 12 mars résolu dans l’heure, Google Cloud ne semble pas inquiet. « Nous mettons tout en place et faisons en sorte d’aider nos utilisateurs et nos clients pendant cette crise inédite et nous continuons d’adapter notre infrastructure, pour soutenir notamment une plus forte utilisation de Hangouts Meet (pour les visioconférences) et assurer un service aussi disponible que possible pendant cette période », déclare un porte-parole de Google Cloud.
Google Cloud a rendu Hangouts Meet gratuit pour pratiquement tous les éditeurs de G Suite, du 3 mars jusqu’en juillet. La firme a également publié sur son blog une série de conseils pour aider les administrateurs à mieux gérer et contrôler les sessions continues de télétravail.
AWS dépeint une situation similaire. « Aujourd’hui, ils [les clients] nous demandent de l’aide sur la mise en place d’environnement à distance comme Workspaces, qui permet de déployer du support et de faciliter le télétravail. Les clients se tournent vers notre solution de réunions en ligne Chime. Il y a tout un sujet autour des centres d’appels virtuels avec Amazon Connect. D’autres clients utilisent des solutions de streaming », énumère Julien Groues, le directeur général d’AWS France.
De son côté, IBM a rendu gratuit son service de partage de fichiers Aspera on Cloud pendant 90 jours. Comme les autres, Big Blue a imposé le télétravail pour ses employés.
« Microsoft se mobilise pour accompagner l’ensemble de ses clients et partenaires pour qu’ils puissent continuer de bénéficier et d’utiliser les solutions Microsoft comme Microsoft Teams en toute fluidité, sans que cela n’impacte leur manière de travailler. A ce titre, nous avons renforcé notre programme d’accompagnement sur VDI avec nos partenaires ainsi que le programme de « travailleurs à distance », explique de son côté Xavier Perret de Microsoft France.
« Nos clients qui proposent des initiatives ou des projets en soutien à l’effort national face au COVID-19 trouvent un écho particulier chez 3DS OUTSCALE, et nous les soutenons pleinement », assure un porte-parole de 3DS Outscale, la filiale cloud de Dassault Systèmes.
Réorganiser le suivi du projet et les formations
Concernant les projets en cours, ces acteurs se veulent confiants. « Les clients jouent le jeu », assure Domenico de Cicco, dirigeant de D2SI, maintenant nommé Devoteam Revolve, une SSII partenaire d’AWS. « Cela ne perturbe pas trop les projets. Nous allons sûrement faire évoluer nos offres de formations qui auparavant étaient menées en présentiel. Nous allons voir comment nos clients vont pouvoir s’adapter ».
À en croire AWS et Google, les impacts du coronavirus ne sont donc pas substantiels aujourd’hui. Les projets cloud suivent leurs cours, les éditeurs cherchent à conserver le lien avec leurs clients à travers les outils de communication à distance.
Même constat chez 3DS Outscale. « Pour le moment, nous n’avons pas constaté de ralentissements. Nos agendas sont bien remplis et tout s’opère à distance en visioconférence. Nous sommes rompus et organisés à travailler ainsi et nos interlocuteurs aussi, que ce soient les clients ou les partenaires », assure un porte-parole du groupe.
Il n’y a donc pas de mesures particulières concernant les projets en eux-mêmes, en tout cas pas encore. Toutefois, il est fort possible que les prises de nouveaux contrats soient ralenties. Cela n’a pas empêché IBM de signaler le 17 mars un accord avec Casino pour gérer la maintenance des caisses informatiques. La collaboration devrait débuter au deuxième semestre 2020.