Android 11 met l’accent sur la sécurité et la confidentialité
La première préversion développeurs du système d’exploitation mobile fait ressortir des fonctionnalités s’adressant directement aux entreprises, dont une sécurité renforcée, des efforts de compatibilité et une messagerie améliorée.
Les nouvelles fonctionnalités d’Android 11 ne représenteront probablement pas une évolution majeure pour les entreprises. Mais elles pourraient aider à améliorer l’administration des terminaux mobiles. Google a publié le mois dernier la première préversion développeurs de la prochaine mouture de son système d’exploitation mobile.
La version finale en est attendue pour le troisième trimestre. Parmi les changements susceptibles d’intéresser les administrateurs en entreprise, on trouve notamment une meilleure prise en charge de la biométrie et des permissions éphémères pour les applications.
Eric Klein, un analyste indépendant, estime ainsi que ces améliorations reflètent les efforts plus importants de Google pour attirer les clients entreprises : « de Chrome au cloud en passant par la G Suite, ils continuent d’affiner leur offre pour les besoins des entreprises ».
Une attention particulière à la confidentialité et à la sécurité
Android 11 embarque ainsi des changements destinés à renforcer la confidentialité et la sécurité. Il s’agit là d’offrir plus de contrôle aux utilisateurs et aux administrateurs sur ce que peuvent faire les applications, notamment en accordant à celles-ci des permissions temporaires, par exemple pour accéder à des éléments tels que les données de géolocalisation ou l’appareil photo et le microphone du terminal.
Selon Google, il s’agit là d’aller un cran au-delà de ce que propose Android 10, qui permet déjà aux utilisateurs d’autoriser une application à accéder à des données et à des fonctionnalités uniquement pendant son utilisation.
Andrew Hewitt, analyste chez Forrester, estime que cette évolution est cohérente avec l’approche moderne de la sécurité en entreprise : « cela s’inscrit philosophiquement dans la droite ligne du “sans confiance” [zero trust], où un utilisateur n’a accès qu’à ce dont il a besoin, et rien de plus ».
Pour Eric Klein, cela s’inscrit dans une stratégie plus globale d’administration des terminaux visant à empêcher des acteurs malicieux d’accéder aux données des utilisateurs : « les entreprises peuvent se protéger de nombreuses manières, qui sont bien connues et constituent une hygiène de sécurité de base. Cela passe par la restriction de l’utilisation des applications, les listes noires, etc. » Alors pour lui, le contrôle des autorisations des applications est une étape supplémentaire dans cette direction.
Android 11 doit également renforcer le support de la biométrie, notamment en facilitant l’intégration de l’authentification biométrique dans les applications et en permettant aux développeurs de déterminer quelles données biométriques – empreintes digitales, reconnaissance faciale ou oculaire – ils considèrent comme fortes ou faibles.
Pour Andrew Hewitt, cette évolution devrait notamment intéresser ceux qui cherchent à éliminer les mots de passe : « l’authentification sans mot de passe reste encore immature dans son adoption, mais elle est bien présente dans l’esprit de nombreux professionnels de l’administration de la mobilité ».
Autres effets en entreprise
Mais d’autres spécificités d’Android 11 pourraient intéresser les entreprises. Holger Mueller, vice-président et analyste principal chez Constellation Research, relève ainsi l’amélioration de la prise en charge de la 5G – y compris avec une fonctionnalité chargée de tenir compte des éventuelles limites de volume disponibles pour la ligne de l’abonné, et d’ajuster la consommation de données en conséquence.
La mise en place de nouvelles « bulles » de messagerie – des notifications qui flottent au-dessus d’autres applications et permettent ainsi des conversations par texte sans changer d’application – peut ainsi favoriser la productivité : « il est bon de voir que Google ne renonce pas à la messagerie. Sa nouvelle approche va probablement améliorer l’expérience utilisateur sur Android ».
Andrew Hewitt relève en outre de nouveaux processus et options pour s’assurer que les mises à jour du système d’exploitation ne cassent pas la compatibilité avec les applications installées. Google a annoncé des méthodes visant à aider les développeurs à tester la compatibilité en activant ou en désactivant les changements. De quoi déterminer plus facilement quel nouveau comportement du système d’exploitation pourrait être source de problèmes. Et c’est loin d’être négligeable : pour Andrew Hewitt, la rétrocompatibilité applicative « a été un problème constant dans la mobilité d’entreprise ».
En concurrence avec iOS
Pour Eric Klein, les améliorations d’Android 11 – et en particulier celles liées à la confidentialité et à la sécurité – reflètent la volonté de Google de s’affirmer comme un concurrent solide pour les entreprises, face à iOS. Et il y a une bonne raison à cela : « l’idée selon laquelle [Android est moins sûr] n’a pas encore disparu ». Et pour lui, beaucoup d’administrateurs diront : « je ne fais pas confiance à un appareil Android. Je ne fais pas confiance à mes utilisateurs avec Android ». C’est cette image que Google s’attache à dépasser.
Et puis, historiquement, l’écosystème Android a toujours été critiqué pour le rythme de distribution des correctifs de sécurité, notamment dans sa dépendance à la bonne volonté de tiers. Google a travaillé à améliorer la situation. Mais pour Eric Klein, « afin d’être compétitif [face à iOS], de garantir la tranquillité d’esprit que demandent les équipes IT pour des déploiements de masse, Google va devoir montrer qu’il est sérieux en matière de sécurité et de confidentialité ».