Claranova cherche des distributeurs pour démocratiser l’IoT auprès des PME françaises
L’éditeur français ne s’adresse ni au particulier ni aux grandes entreprises. Non, Claranova veut rendre disponible sa formule « IoT in a Box » aux TPE et aux PME via sa filiale myDevices.
Basé à La Garenne-Colombes, Claranova, auparavant connu sous le nom Avanquest, s’est fait connaître pour ses logiciels destinés au grand public. Après avoir lancé une activité florissante consacrée à l’impression de photos, le groupe a entamé l’aventure IoT en 2015.
Concrètement, l’éditeur développe une plateforme IoT nommée myDevices, proposée en marque blanche. Celle-ci est hébergée sur Microsoft Azure ou Alibaba Cloud. Elle inclut l’outil Cayenne, une solution low-code/no-code pour créer des applications IoT, principalement des tableaux de bord de monitoring.
Il a lancé l’offre « IoT In a Box ». Elle contient à la fois la connectivité, l’accès à la plateforme, à l’application mobile et le ou les objets connectés, pour répondre à un cas d’usage particulier. Cette offre plug and play se veut facile d’utilisation. Les utilisateurs peuvent eux-mêmes installer des capteurs en scannant directement le QR Code à partir de l’application mobile associée. La relation avec la plateforme est alors automatique et les clients peuvent paramétrer des alertes depuis une page web ou depuis l’application mobile. Le tout est proposé à un coût minimal (9 dollars par mois par capteur).
Nous sommes loin des projets IIoT de grande envergure tels que celui entamé par Volkswagen avec AWS et Siemens qui mêle migration dans le cloud et installation de machines et d’éléments de connectivité.
IoT In a Box : l’internet des objets à l’échelle des PME
Sébastien MartinClaranova
« Nous voulons des produits simples, accessibles à tous, à un prix très abordable », avance Sébastien Martin, directeur financier de Claranova. « Nous n’allons pas chercher les grands comptes à tout prix. Nous préférons viser tous les utilisateurs, les PME et les TPE qui ne sont pas vraiment couverts par les acteurs du marché alors que leurs besoins sont avérés ».
Le directeur financier prend l’exemple d’un glacier. En cas de panne d’un congélateur, il peut perdre jusqu’à 3 000 euros de marchandise et une journée de vente. Un capteur de température connecté à la plateforme doit permettre de l’alerter en cas de changement trop important de température.
Sur son site, myDevices met davantage en avant les projets des hôtels appartenant aux chaînes Hyatt, Hilton, Marriott ou encore Montage qui cherchent principalement à contrôler la température de leur installation réfrigérée. La solution peut également servir à la gestion de déchets, la mesure de taux d’occupation dans des bureaux, faire des relevés de taux d’humidité de terres agricoles, etc.
Dernièrement, Claranova a présenté la solution « No Dead Zone », un bouton d’alerte et de position qui communique en LoRaWAN, WiFi et Bluetooth. Il permet aux personnels d’un hôtel de prévenir le service de sécurité en cas de harcèlement. Un tel dispositif est obligatoire dans plusieurs villes américaines, dont Seattle, Santa Monica, Miami ou encore New York.
MyDevices Cloud, une plateforme IoT « agnostique »
Technologiquement, Claranova défend une approche agnostique. Il veut que sa plateforme s’interface avec la plupart des systèmes, des clouds, et des applications de ses clients. Techniquement, le ou les capteurs se connectent à une passerelle IoT. MyDevices utilise Azure IoT Hub (la solution par défaut, Claranova est partenaire de Microsoft), Google IoT Core ou AWS Kinesis pour gérer les flux.
Les données transitent ensuite vers myDevices Cloud, un PaaS IoT disposant d’un interpréteur de payload, d’une couche de device management, et d’un système de normalisation de données. Celui-ci gère les interactions entre les éléments de l’architecture basée sur des microservices à l’aide de FaaS.
La solution peut envoyer les données sources vers un bucket AWS S3, Azure Blob Storage ou GCP pour les stocker. Ces informations normalisées peuvent être intégrées via API REST à SAP S/4 HANA, Salesforce, Tableau ou encore ARM Treasure Data afin de les analyser ou d’y appliquer des algorithmes de machine learning.
MyDevices Cloud envoie directement les messages vers l’application mobile iOS ou Android ou vers le numéro de l’utilisateur. L’outil low-code/no-code Cayenne permet de développer des tableaux de bord, de gérer des règles, de configurer des déclencheurs ou tout élément nécessaire dans un projet IoT.
Pour compléter son offre, l’éditeur propose un catalogue de plus de 450 objets connectés (nano ordinateurs, modules, capteurs, microcontrôleurs actuateurs et gateways) compatibles avec des réseaux cellulaires (LTE). Certains disposent d’une connexion Ethernet, d’autres sont certifiés pour le Bluetooth et les LPWAN. Plus de 175 constructeurs proposent leurs produits sur la marketplace de myDevices.
Pour la plupart des clients finaux, cette architecture est transparente. « Nous offrons une solution IoT, mais ce n’est pas le principal intérêt. Pour la plupart des gens, la technologie ne les intéresse pas particulièrement. Ce qu’ils veulent, c’est une réponse à leurs problèmes », explique Sébastien Martin.
Ils passeront alors par Cayenne ou l’application mobile pour paramétrer les capteurs et les alertes suivant leurs besoins. D’ailleurs, ils s’abonnent aux services IoT in a Box auprès d’une soixantaine de distributeurs dont Sprint aux États-Unis. « Nous rassemblons un écosystème de distributeurs les plus proches des PME clientes ».
L’éditeur avance le fait que sa plateforme IoT peut supporter plusieurs cas d’usage. Les utilisateurs pourraient ainsi lancer d’autres projets en ajoutant des capteurs certifiés.
L’IoT, un futur « levier économique »
En 2019, Claranova annonçait publiquement plus de 300 clients finaux, 62 distributeurs et 1 200 déploiements pour son activité IoT. Selon Sébastien Martin, plus d’un client s’ajoute à la liste tous les jours.
Sébastien MartinClaranova
D’abord lancée aux États-Unis, l’activité IoT de Claranova est plus importante dans ce pays, d’après le directeur financier. Les équipes de développement de myDevices sont également situées en Californie. En France, Claranova recense une dizaine de distributeurs, mais ce n’est pas son marché principal. « Nous sommes en discussion pour ajouter cinq distributeurs par mois supplémentaire », souligne-t-il. Il remarque que quelques grands comptes français qui ne souhaitent pas être cités réfléchissent à rejoindre cet écosystème.
L’IoT n’est pas encore synonyme de bénéfice chez Claranova. « Sur l’activité photo, nous avons fait plus de 90 % de croissance en six mois. Nous en sommes très loin aujourd’hui dans l’IoT parce que c’est un marché émergent », constate Sébastien Martin. « Si nous investissons dans l’IoT depuis cinq ans, c’est que nous croyons en ce marché. […] L’IoT peut constituer un futur levier économique ».
Sur l’exercice fiscal 2018-2019 (juin à juin), le pôle IoT représentait 3,2 millions d’euros de chiffre d’affaires (262 millions d’euros de CA au total) pour un ROC normalisé négatif de 5,2 millions. Entre juillet et décembre 2019, le pôle IoT a généré 2,2 millions d’euros.