Workday
ERP Cloud : Workday pousse sa brique financière en France
Venu du monde des RH, l’Américain Workday a patiemment étendu son offre à la gestion financière, à l’analytique et à la planification. Ces trois piliers sont désormais au cœur de la stratégie de croissance de sa filiale française.
Sept ans. Voilà sept années que Workday a posé pour la première fois le pied sur le sol français.
Le 25 janvier 2013 pour être précis, l’éditeur y a ouvert son premier bureau à Paris. Il n’était à l’époque qu’un « petit » acteur du SIRH/HCM – qui plus est « cloud » – regardé de haut, voire ignoré, par les gros du secteur. Anecdote croustillante avec le recul, il y a trois ans, un responsable France de Sage nous disait, sans aucune ironie, ne pas connaître cet acteur américain qui faisait pourtant déjà plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires dans le monde.
Aujourd’hui, les choses ont bien changé. La société fondée par celui qui avait précédemment créé et revendu PeopleSoft à prix d’or à Oracle n’est plus ignorée de personne.
Le SaaS séduit les entreprises françaises (surtout leurs métiers). Workday trône dans les leaders du Magic Quadrant du HCM depuis plusieurs années. Et il fait son apparition dans les classements ERP – au sens américain d’ERP financier – depuis qu’il s’est diversifié dans la planification (avec le rachat d’Adaptive Insights) et dans la gestion financière.
En France, Workday connaît une croissance continue. Il est rentré chez Airbus, Euronext, Air Liquide, Natixis, Renault-Nissan, MBDA (« l’Airbus des Missiles »), Thalès, Sanofi, Eiffage ou encore au Club Med et chez Pernod-Ricard. Pour n’en citer que quelques-uns. « Et nous avons une forte croissance des nouveaux noms », se réjouit son Country Manager.
Même si Workday ne ventile pas ses chiffres par pays, un indicateur traduit sa montée en puissance : l’éditeur employait 50 personnes en France en 2017. Trois ans plus tard, ce chiffre a quasiment triplé (140 personnes) et une équipe dédiée à la localisation de la solution (notamment la paie) est basée à Paris. En 2020, vingt autres collaborateurs devraient rejoindre cette équipe.
La brique financière en relais de croissance
Autre signe de l’évolution de Workday en France : son ancien Country Manager, Thierry Mathoulin – parti chez ServiceNow (un autre éditeur en pleine croissance) – a été remplacé par Jérome Froment-Curtil, un ancien de SAP et surtout l’ex-responsable Europe du Sud de Unit4, le très financier ERP hollandais. Un choix en cohérence avec la volonté affichée de Workday de cibler encore plus les DAF de France et de Navarre.
Car si l’éditeur américain s’est fait une place en France avec la gestion des talents et le Core RH (dont la planification RH), c’est aujourd’hui sur ses autres briques phares (financière, planification stratégique, analytique) qu’il mise pour croître.
« Le marché adressable évolue », confirme Pierre Gousset, VP avant-vente chez Workday France (lui aussi un ex de-SAP). « La [brique] Finance a très bien démarré en France », ajoute Jérome Froment-Curtil.
L’IT de plus en plus dans la boucle
Pour Pierre Gousset, le « midmarket » français (ETI) – tranche basse que cible Workday – serait en attente de solutions de bout en bout. Les grands groupes (CAC 40, SBF 120), eux, seraient toujours plus enclins au « best of breed ». Mais ils viendraient tout de même à cette offre financière, en partant de la brique RH, via la gestion des dépenses et des approvisionnements (« expense ») et via la planification. « Oui, cela prend en France », assure Jérome Froment-Curtil au MagIT.
Pierre GoussetWorkday France
Conséquence des problématiques d’intégrations et de plateforme de données inhérentes à cette extension de son offre, Workday dialogue de plus en plus avec l’IT. « Nous avons désormais trois portes d’entrée : les RH, les DAF et de plus les DSI et les CDO », confirme Pierre Gousset, « nous parlons à présent de choses [plus techniques] comme l’urbanisation du SI ».
S/4HANA, une opportunité aussi pour Workday France
En 2020, Workday a en tout cas atteint « une masse critique » en France – dixit Jérome Froment-Curtil. L’éditeur serait aujourd’hui « systématiquement consulté » dans les appels d’offres des grands groupes, se félicite pour sa part Pierre Gousset.
« Nous ne sommes plus en phase d’évangélisation », dit ce dernier ; d’autant plus que ces groupes seraient « en recherche d’alternatives » ; sous-entendu à SAP et à Oracle. « Nous sommes les troisièmes de la liste à présent », renchérit François Cadillon, VP Sales Europe continentale chez Workday (un ex de SAP et d’Oracle), toujours sans citer ni l’éditeur de Fusion et ni celui de S/4HANA.
HANA et la fin du support annoncé d’ECC sont-ils d’ailleurs une opportunité pour aller « chiper » des clients SAP en France ? Jérome Froment-Curtil botte en touche en gardant un silence très diplomatique. Mais le large sourire qui apparaît sur son visage en dit long.
Tout comme Oracle, Infor ou encore Blue Prism, Workday France devrait donc – et assez ironiquement, au regard du nombre d’ex-de SAP qui l’ont rejoint – placer une partie de son année 2020 sous le signe de la base de données in-memory de l’éditeur allemand.