Haut débit : Nordnet revendique desservir tout le pays en 30 Mbit/s
Alors que le gouvernement lance un énième plan pour fibrer tout le territoire d’ici à 2025, l’opérateur a déjà de nouvelles offres satellite et radio qui connectent les endroits les moins accessibles.
Malgré la publication récente d’un nouveau cahier des charges pour le financement du Plan France Très Haut Débit, les zones rurales françaises n’auront pas de sitôt la fibre. C’est la thèse que défend l’opérateur NordNet, qui encourage plus que jamais les exploitations agricoles, les usines excentrées, les professionnels du tourisme et autres entreprises logées en dehors des grandes villes à passer aux connexions satellite ou radio. L'opérateur vient justement de moderniser ses offres.
« Aujourd’hui, ces technologies alternatives offrent des débits de 30 Mbit/s à moins de 40€/mois. Cela grâce au lancement en orbite d’un nouvel émetteur/récepteur Eutelsat en janvier dernier, ainsi que l’équipement des collectivités locales en antennes LTE depuis la fin de l'année dernière », lance Christophe Outier, le directeur commercial de Nordnet.
Selon lui, 30 Mbit/s correspond au débit dont les hôtels, les refuges de haute montagne, les centres de loisir auraient besoin dès aujourd’hui pour servir leur clientèle. C’est aussi le débit nécessaire aux agriculteurs pour charger, dans des services d’analyse en SaaS, les photos de leurs parcelles prises par des drones. Il évoque les machines-outils connectées des industriels installés loin des habitations, ou encore les écoles rurales qui ne méritent pas de faire l’impasse sur les outils modernes.
« La fibre n’est pas partout, alors que partout sur le territoire les entreprises ont de plus en plus besoin d’exporter leurs données vers des partenaires et vers des services en ligne. Nordnet a vocation à connecter des clients où qu’ils se trouvent » ajoute Christophe Outier, qui revendique 20 % d’entreprises parmi ses abonnés. Outre la connexion, l’opérateur leur vend aussi des noms de domaine et des services de cybersécurité.
Une alternative dès aujourd’hui au plan fibre de 2025
Le 21 février dernier, le gouvernement a annoncé l’objectif d’apporter la fibre à l’ensemble des français d’ici à 2025, avec une nouvelle enveloppe globale de 280 millions d’euros qui doit servir à financer des projets de RIP (Réseau d’Initiative Publique). Ces projets menés par les collectivités locales visent à créer de toute pièce des opérateurs territoriaux, qui pourront commanditer l’installation de fibres aux professionnels des travaux publics, obtenir leur raccordement aux backbones via les grands opérateurs nationaux et commercialiser des abonnements aux particuliers et entreprises alentour.
Accessoirement, on se souvient surtout que le gouvernement n’en est pas à son premier plan haut débit. En 2013, par exemple, François Hollande annonçait déjà un financement de 20 Md€ pour que la fibre soit installée partout d’ici à 2022.
Selon Nordnet, le financement n’est pas le seul obstacle à franchir pour connecter tout le monde. Les infrastructures nécessaires pour relier en connexion filaire les campagnes, les montagnes et les îles supposent des chantiers dont le prix et les délais de mise en œuvre dépassent largement la feuille de route du gouvernement.
Au contraire, le satellite arrose chaque mètre-carré du pays, moyennant la simple pose d’une antenne domestique. « Paradoxalement, la connexion au haut débit via satellite est la plus facile à mettre en œuvre, car il n’y a qu’une parabole à installer à deux ou trois mètres du sol et qu’elle s’accompagne d’un pointeur sonore qui indique comment l’orienter. La solution est opérationnelle en quelques minutes », assure Christophe Outier.
Depuis 2008, tout passe par la parabole, émission comme réception : il n’y a plus à avoir, à côté, une connexion filaire dédiée à l’upload, l’antenne assure elle-même un débit montant de 6 Mbit/s. Les offres commerciales, longtemps contraintes par une limite mensuelle de données téléchargeables, se sont même mises au diapason des connexions illimitées de l’ADSL ou de la fibre dès 2019. Quant au débit, il devrait dépasser les 30 Mbit/s à partir de 2022, quand Eutelsat aura lancé un nouveau satellite.
24 départements ruraux en haut débit grâce à la radio
Problème, le satellite n’a pas la latence la plus optimale pour, typiquement, assurer une qualité sans hachure aux conversations en visioconférence. 24 départements ruraux ont investi dans des antennes WiMax, WifiMax puis LTE pour proposer l’alternative de la connexion radio, avec un débit plus stable.
Les trois normes reviennent peu ou prou à la technologie utilisée en mobilité – une antenne installée sur un pilier arrose des dizaines de kilomètres alentour dans une certaine bande de fréquences – et chacune correspond à une génération différente. La plus ancienne, le WiMax, est disponible depuis 2008 dans 10 départements et apporte 10 Mbit/s de bande passante. Le WifiMax apporte 18 Mbit/s à 6 départements depuis 2015. Le LTE, littéralement de la 4G mais paramétrée pour focaliser plus de débit sur des sites immobiles, apporte depuis l’année dernière du 30 Mbit/s à 8 départements.
« Dans tous les cas, la connexion radio n’est installable que par un professionnel, car il faut placer chez l’abonné une antenne à 10 mètres du sol, orientée à l’horizontal. Mais la force de Nordnet est d’avoir réussi à tisser un réseau de 1200 partenaires sur le territoire, chacun se trouvant à moins de 20 kilomètres de nos clients », explique Christophe Outier. Il assure néanmoins que les délais d’installation restent comparables à ceux d’une connexion fibre en agglomération.
L’objectif de devenir l’un des principaux opérateurs B2B haut débit
Satellite comme connexions radio bénéficient de surcroît d’une subvention publique, Cohésion Numérique des Territoires, qui finance chaque installation à hauteur de 150€. Au final, Nordnet avance que, si l’on compare au nombre de kilomètres carrés couverts, ce pourrait bien être lui, le troisième opérateur national que la France se cherche pour compléter les offres de haut débit B2B d’Orange et SFR. Sauf que, contrairement à l’opérateur Céleste, prétendant déjà à ce titre, les entreprises clientes de Nordnet entrent plutôt dans la catégorie des moins de dix salariés.
« La proximité est véritablement ce qui nous différencie des autres opérateurs. Nous avons sillonné le pays entier depuis 25 ans pour vendre nos offres de satellites, cela a créé une relation de confiance sur le terrain. On nous reconnaît une approche pédagogique, bienveillante », argumente Christophe Outier.
Outre l’accompagnement des régions dans le déploiement de nouvelles antennes LTE, Nordnet compte surtout miser à présent sur son capital sympathie pour revendre, aussi, des abonnements à la fibre. Christophe Outier se refuse à dire quelles infrastructures Nordnet entend utiliser. On sait juste que Nordnet était partenaire d’Orange lorsqu’il s’agissait de connecter ses abonnés à de l’ADSL.