IBM refond sa famille de baies de stockage
Les entrées et milieux de gamme Storwize sont désormais intégrés à la famille FlashSystem, avec des disques qui atteignent 38,4 To et un OS pilotable depuis les environnements de Red Hat.
IBM Storage, la division d’IBM en charge des baies de stockage, fait disparaître la marque Storwize et intègre les modèles de cette gamme à la famille FlashSystem, au prétexte que toutes ces machines utilisent le même système Spectrum Virtualize.
Contrairement à ce que le nouveau nom générique suggère, les modèles d’entrée de gamme ex-Storwize continueront d’être livrés en configuration hybride, avec des SSD et des disques durs classiques.
La volonté du constructeur est plutôt de mettre l’accent sur une famille de produits désormais enrichie avec un système complètement adapté aux logiciels de Red Hat et des unités de stockage dernier cri.
« La simplification des marques va se généraliser dans les catalogues des constructeurs de stockage. Tout le monde veut suivre la stratégie de Dell qui renomme tous ses produits sous l’appellation Power », commente l’analyste Steve McDowell, du bureau Moor Insights & Strategy, en faisant référence aux baies de stockage PowerMax et aux appliances de sauvegarde PowerProtect chez Dell.
Une conséquence pratique de cette unification est qu’IBM intègre à présent les modèles d’entrée de gamme de la série 5000 et le milieu de gamme de la série 7000, tous anciennement Storwize, dans le monitoring de son outil en ligne Storage Insights. À l’instar d’InterSight chez Cisco, d’InfoSight chez HPE, d’Insight Services chez DataCore, ou encore de CloudIQ chez Dell, Storage Insight repose sur une intelligence artificielle qui détecte les anomalies et ouvre toute seule des tickets de support.
« L’intérêt de simplifier le catalogue est de faciliter la vie des intégrateurs et des utilisateurs. Ils peuvent désormais choisir avec plus de liberté les caractéristiques qu’ils souhaitent, sans devoir faire des compromis contractuels sur telle ou telle famille de modèles », dit pour sa part Randy Kerns, analyste chez Evaluator Group.
Des SSD en 38,4 To, des Optane et des Z-SSD
Toutes les machines sont recarrossées dans le châssis 2U de la série haut de gamme FlashSystem 9000, capable d’intégrer 24 disques 2,5 pouces. Les Storwize V5010E, V5030E et V5100 deviennent respectivement des Flashsystem 5010, 5030 et 5100 aux caractéristiques identiques. Seul le Storwize V7000 Gen3 évolue en un FlashSystem 7200, avec un contrôleur plus puissant.
Ces baies de stockage sont par ailleurs livrables désormais avec des disques SSD de 38,4 To (3D NAND QLC), appelés FlashCore Modules dans le catalogue d’IBM, mais aussi des SSD Optane d’Intel (375 ou 750 Go, à base de mémoires 3D XPoint) et Z-SSD de Samsung (800 ou 1,6 To, à base de mémoires 3D NAND SLC), ces derniers étant jusque-là uniquement disponible sur la série 9000.
Les FlashCore Modules sont issus d’un développement conjoint entre IBM et Pure Storage. Leur capacité de 38,4 To, rendue possible grâce à l’usage de NAND QLC, constitue une avancée dans le sens où tous les autres constructeurs de baies de stockage proposent au mieux des disques de 15,4 To. Rappelons néanmoins que les fabricants de SSD recommandent de limiter l’usage de NAND QLC (quatre bits par cellule) aux applications qui accèdent surtout en lecture à leurs données, du fait du vieillissement prématuré des cellules QLC quand on y accède en écriture. IBM indique néanmoins que cette restriction ne s’applique pas à ses modèles.
« Notre garantie s’applique, quel que soit l’usage que nos clients font de nos disques. Nos modules FlashCore reposent sur une technologie propriétaire qui étend la durée de vie des NAND QLC au point qu’elles deviennent comparables aux NAND TLC (3 bits par cellule) », argumente Chris Saul, en charge du marketing des produits de stockage chez IBM.
Eric BurgenerAnalyste, IDC
Pour sa part, Eric Burgener, analyste chez IDC, applaudit l’arrivée des très véloces Optane et Z-SSD : « ces unités de stockage mettent l’offre d’IBM au même niveau que celles de NetApp et Pure Storage. NetApp continue néanmoins de dominer le marché en termes de faible latence avec sa solution Max Data, qui consiste à créer du stockage persistant en RAM DDR4. Certes, personne ne vend beaucoup de solutions haut de gamme à très faible latence, mais cela permet à ceux qui en proposent de se positionner comme des différenciateurs. »
18 millions d’IOPS et une intégration aux produits Red Hat
En haut de gamme, la baie FlashSystem 9200, qui succède à la 9100, est justement bardée de telles unités. IBM indique qu’elle offrirait 20 % de bande passante en plus et 30 % de latence en moins. Sur un cluster de quatre FlashSystem 9200, on atteindrait ainsi 18 millions d’IOPS, un débit de 180 Go/s et une latence de 70 microsecondes.
IBM entend commercialiser un cluster 9200R préconfiguré avec des switches Fibre Channel Brocade ou Cisco.
Enfin, le nouveau système Spectrum Virtualize apporte la réplication sur trois sites, une API qui rend ses fonctions de provisionnement et de configuration pilotables depuis la console d’Ansible (l’environnement de déploiement automatique de RedHat), ainsi qu’un contrôleur CSI qui permet d’intégrer directement les baies FlashSystem à OpenShift, la distribution Kubernetes de RedHat. L’option Spectrum Virtualize for Public Cloud étend les possibilités de réduction des données aux volumes virtuels stockés chez AWS.
IBM entend commercialiser sa nouvelle famille FlashSystem d’ici au second trimestre. Le prix d’appel d’un modèle 5010 sera de 16 000 $.