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VMware calculera désormais ses tarifs selon le nombre de cœurs
Tout serveur acheté à partir du 30 avril prochain coûtera une licence VMware en plus pour chacun de ses processeurs ayant plus de 32 cœurs.
VMware change son modèle de licence. À partir du 30 avril 2020, le nombre de cœurs physiques par processeur sera pris en compte dans la tarification de sa plateforme de virtualisation, comme le faisaient déjà Microsoft et Oracle sur leurs logiciels d’infrastructure. Pour l’heure, cette nouvelle tarification ne devrait pas pénaliser grand monde, car elle suppose d’acheter une nouvelle licence par processeur au-delà de 32 cœurs dans un processeur.
Or, sur le marché, seuls les tout derniers AMD Epyc 7742 à environ 7 000 $ et Intel Xeon Platinium 9282 au prix invraisemblable de 50 000 $ dépassent cette limite, avec respectivement 64 et 56 cœurs au compteur. Il n’empêche, la menace que les coûts de vSphere s’envolent avec la prochaine génération de serveurs est réelle.
« Sortir de la tarification par processeur – ou plus exactement par socket – est un mouvement de fond sur le marché du logiciel. Nous voulons juste être sûrs que notre modèle commercial est aligné sur la valeur que nous proposons », se défend Ryan Knauss, le patron des prix et licences chez VMware.
Il précise que cette nouvelle tarification s’appliquera non seulement à vSphere, mais aussi au SDS VSAN et aux suites de gestion des flottes virtuelles vRealize.
« Nous avons déjà des clients qui utilisent nos produits sur des processeurs de plus de 32 cœurs. À ceux-là, nous accorderons gratuitement les licences supplémentaires », ajoute le responsable, en suggérant que cette offre ne restera valable que pour les serveurs déjà déployés, pas ceux qu’ils achèteront ensuite. Les entreprises ont jusqu’au 29 janvier 2021 pour faire savoir à VMware qu’elles possèdent déjà des processeurs de plus de 32 cœurs et bénéficier de licences gratuites.
« Le fait est que si les processeurs continuent d’avoir de plus en plus de cœurs, VMware aurait fini par perdre de l’argent en restant sur une tarification au socket. À mon avis, ils ont raison d’effectuer ce changement maintenant, car cela n’aura pas de conséquences immédiates, mais préparera les esprits suffisamment tôt », commente Gary Chen, analyste en charge des sujets liés à la virtualisation chez IDC.
Vers un tarif au cœur tout court
D’autres analystes font néanmoins remarquer que ce calcul par lot de cœurs risque de compliquer la comparaison des solutions de virtualisation.
Matt KimballCabinet Moor Insights
« Les entreprises comprennent ce qu’est un coût au socket ou au cœur. Mais dès lors où il faudra calculer par lot d’un certain nombre de cœurs pour savoir quelles licences et quels serveurs acheter, je ne vois pas en quoi cette nouvelle tarification va simplifier quoi que ce soit, alors qu’il s’agit d’un argument que VMware met en avant », indique ainsi Matt Kimball, analyste spécialisé en datacenters au cabinet Moor Insights.
Selon lui, le tarif par lot de 32 cœurs n’est qu’une étape intermédiaire vers un tarif au cœur tout court. Une éventualité qui rappelle de mauvais souvenirs. En 2011, VMware avait déjà tenté d’imposer une tarification plus granulaire ; à l’époque il s’agissait de comptabiliser le prix des licences selon la quantité de mémoire. La levée de boucliers avait été telle de la part des clients que l’éditeur avait dû rapidement faire machine arrière.
« À l’époque, cette tarification ne correspondait à rien de connu. Mais depuis, le cloud s’est popularisé, et facturer des machines virtuelles selon leur nombre de cœurs est devenu la norme », pondère Matt Kimball.
Les processeurs avec plus de cœurs se vendront tout de même
En apparence, celui qui aurait le plus à perdre dans le nouveau calcul des prix est AMD, car l’un de ses arguments phares est de mettre plus de cœurs dans ses processeurs qu’Intel pour exécuter plus de machines virtuelles sans payer plus cher.
« Les logiciels de VMware vont nous coûter de plus en plus cher dès lors que nous achèterons des serveurs avec des processeurs dotés de plus en plus de cœurs », admet Brian Kirsch, DSI de l’institut américain Milwaukee Area Technical College.
« Mais c’est pourtant ce que nous ferons, car pour avoir des applications de plus en plus distribuées, nous les concevrons de plus en plus en containers. Or, contrairement aux anciennes applications monolithiques, les containers fonctionnent mieux sur des processeurs avec beaucoup de cœurs que sur des processeurs avec beaucoup de GHz », pondère-t-il.