Cisco marie AppDynamics et InterSight pour contrer les ralentissements
L’un mesure les performances des applications et l’autre celles des serveurs. Leur connexion permettra de résoudre directement au niveau de l’IT les problèmes expérimentés par les utilisateurs finaux.
Cisco fait désormais communiquer sa plateforme d’APM AppDynamics avec son moteur d’administration automatisé InterSight. Le principe est de corréler les métriques des sondes posées par la première dans les applications, avec les relevés collectés par le second dans les infrastructures du datacenter. L’enjeu est de mieux déterminer où se situent les goulets d’étranglement et de corriger plus rapidement les problèmes de performance.
« Concrètement, vous saurez désormais que lorsque les utilisateurs souffrent d’un ralentissement dans l’usage de votre logiciel, le problème ne vient pas tant de l’optimisation de votre code, mais plutôt de la machine virtuelle qui l’exécute et à laquelle il manque, par exemple, de RAM ou de bande passante réseau », a expliqué Liz Centoni, la directrice de la branche Cloud & IoT chez Cisco, lors de l’événement Cisco Live qui se tenait fin janvier à Barcelone.
« De la même façon, lorsque vous déciderez de réduire les caractéristiques d’un serveur, vous saurez quel impact cela aura sur votre activité et si, éventuellement, vos métiers perdront de l’argent », a-t-elle ajouté.
Cisco se défend d’avoir voulu inventer un mouton à cinq pattes. « Nous refusons d’utiliser le terme d’intelligence artificielle. Nous proposons juste d’aller un cran plus loin dans l’optimisation des performances en ajoutant de l’automatisation », explique au MagIT Prashanth Shenoy, en charge du marketing des réseaux d’entreprise et des plateformes de développement chez Cisco.
« Notre argument principal n’est pas de promettre aux entreprises qu’elles réaliseront des économies. Il est de leur dire qu’elles vont bientôt multiplier les applications en production et qu’il deviendra humainement impossible de régler chacun des problèmes de performance en cherchant à la main quelle est la cause technique qui se cache derrière un ralentissement », ajoute-t-il, en prédisant que la quantité d’applications développées d’ici à deux ans par les entreprises équivaudra à la moitié du nombre d’applications aujourd’hui en production.
Une carte des ralentissements, un calculateur des optimisations possibles
Pour concrétiser ce mariage technologique, les deux gammes de produits SaaS ont chacune été agrémentées d’une nouvelle fonction. Le service AppDynamics se dote d’une console Experience Journey Map qui représente de manière graphique les différentes étapes d’un parcours utilisateur dans une application. Cette interface met surtout en exergue les chemins logiques les plus fréquentés et, par extension, les ressources informatiques soumises aux plus grandes charges de travail.
Les informations sur lesquelles se base Experience Journey Map sont les relevés en temps réel, des sondes de mesure de la performance que les développeurs ont disposées en divers endroit de leurs codes, lors de l’écriture des applications. Jusque-là, AppDynamics savait dire quelle partie d’une application souffrait de ralentissement. Experience Journey Map permet de comprendre quels scénarios d’usage mènent à ces ralentissements.
De son côté, InterSight est enrichi du moteur Workload Optimizer. Celui-ci se sert des informations de charge de travail apportées par Experience Journey Map pour détecter quelles machines virtuelles, quels serveurs ou quels containers sont congestionnés et recommander un rééquilibrage optimal des ressources d’infrastructure.
En cas d’alerte envoyée par Experience Journey Map, Workload Optimizer est capable de lancer une procédure automatique qui, par exemple, déploiera des containers additionnels pour présenter une interface web, ajoutera en production des VMs de serveur Apache, voire réduira les ressources matérielles allouées à une tâche secondaire.
Globalement, on ne pourra s’empêcher de faire le rapprochement entre cette offre et la récente stratégie de Splunk, qui vise à permettre aux opérateurs du datacenter (les ITOps) de monitorer jusqu’aux ralentissements ressentis par les utilisateurs dans les applications. Sa solution consiste à marier sa plateforme en ligne de monitoring des logs serveurs, avec les outils SaaS SignalFX (monitoring des clusters Kubernetes), Omniton (télémétrie des applications en containers) et VictorOps (croisement des informations pour détecter les problèmes).
Pour les développeurs ou pour la DSI ?
Le service SaaS qui marie AppDynamics et InterSight, ainsi que les nouvelles fonctions Experience Journey Map et Workload Optimizer, devraient tous être disponibles au cours du second trimestre 2020. On ignore encore si l’ensemble portera un nom générique ni à quoi ressemblera la console à partir de laquelle toutes les fonctions seront accessibles. Il est probable que l’ensemble soit commercialisé en bundle avec les nouvelles infrastructures hyperconvergées HX-AP dédiées à l’exécution de nouvelles applications en containers.
La question reste de savoir comment Cisco compte vendre ensemble AppDynamics et InterSight aux entreprises, sachant que les deux produits adressent pour l’heure deux populations différentes : les développeurs, souvent rattachés aux métiers, pour le premier, et les administrateurs du datacenter pour le second.
« Notre grand enjeu est effectivement de nous présenter comme un catalyseur, comme un fournisseur qui réunit à la même table des directions qui sont susceptibles de se disputer la responsabilité d’une solution de mesure de la performance », reconnaît Éric Greffier, le directeur général de Cisco EMEA.
« Pour y parvenir, nous devons avoir une promesse forte. En l’occurrence, être les seuls à savoir faire automatiquement le lien entre un ralentissement expérimenté par un utilisateur, dans les couches très hautes du système d’information, et la ressource informatique qui supporte ce ralentissement dans les couches très basses. Cette promesse sera tenue par des services SaaS, avec une facture globale selon le nombre de points connectés et qui ne fonctionnera bien que si, derrière, il y a des infrastructures matérielles Cisco régies par InterSight », dit-il, en suggérant que les DSI, qui achètent les matériels en question, seront sans doute les mieux placées pour chapeauter ces projets.