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La fin de vie de Windows 7 a donné un coup de fouet aux ventes de PC
La croissance des ventes observée en 2019 reflète-t-elle un intérêt renouvelé pour les ordinateurs personnels ? Des experts débattent du rôle du PC dans l’environnement professionnel, et de l’influence de la fin du support de Windows 7.
Les analystes ont fait état, ce mois-ci, d’une nouvelle qui n’avait pas été entendue en sept ans : les ventes de PC ont, à l’échelle du monde entier, progressé l’an dernier. Pour IDC, la croissance s’établit à 2,7 % pour IDC, quand Gartner l’estime plus modeste, à 0,6 %.
Mais c’est bien la fin du support de Windows 7 qui semble avoir poussé au renouvellement de parcs dans les entreprises. Selon Gartner, Lenovo, HP et Dell en ressortent gagnants, avec une croissance en volume de 8 %, 3 % et 5 %, respectivement.
S’il reste à savoir s’il ne s’agit que d’un sursaut éphémère ou du début d’une tendance plus durable, une chose apparaît sûre aux yeux des analystes : le PC n’est pas prêt de disparaître des entreprises.
Un coup de fouet
Linn Huang, vice-président de recherche chez IDC, attribue la bonne santé des ventes à la combinaison de plusieurs facteurs. Les entreprises ont ainsi dû migrer vers un nouveau système d’exploitation sur fond de tensions croissances entre les Etats-Unis et la Chine où sont produits les composants.
Pour lui, « la fin du support de Windows 7 s’est traduite pour les entreprises par l’accélération ou la finalisation des migrations vers Windows 10. Mais selon lui, pénuries et questions fiscales pourraient bien avoir également affecté le marché : les difficultés rencontrées par Intel pour alimenter le marché en CPU se sont atténuées dans le courant de l’année, et en décembre, les tensions commerciales entre Chine et Etats-Unis se sont quelque peu relâchées.
Mikako Kitagawa, analyste senior chez Gartner, ne voit pas de regain d’intérêt pour les PC. Pour elle, le rebond n’est essentiellement dû qu’à la fin du support de Windows 7.
Andrew Hexitt, chez Forrester, porte un regard moins tranché sur le sujet : « je pense également que le PC devient plus important alors que les organisations cherchent à améliorer l’expérience de leurs collaborateurs. Nous savons que si les utilisateurs ne peuvent pas faire de progrès chaque jour au travail, ils peuvent tomber en burnout. Ce qui peut contribuer à l’attrition. Le PC est au cœur de la productivité, donc les organisations l’appréhendent comme une composant déterminant de l’expérience de leurs collaborateurs ».
Yev Pusin, directeur de Backblaze en charge de la stratégie, fait la même observation. Pour lui, les clients entreprises ont effectivement besoin de quelque chose susceptible de contribuer plus à la productivité qu’un smartphone ou une tablette : « je pense que beaucoup ont réalisé que, pour la flexibilité et le multitâches qu’ils recherchent, un véritable ordinateur – PC ou Mac – est nécessaire ».
La croissance durera-t-elle ?
Mikako Kitagawa s’attend toutefois à une rechute des ventes en volumes en 2020 et 2021, du fait de la faiblesse de la demande sur le segment grand public. Là, le smartphone a considérablement pris la place du PC au quotidien.
Et il s’est bien invité dans les entreprises, notamment auprès des travailleurs les plus jeunes : « les gens emmenaient un portable ou une tablette pour travailler. Désormais, avec leurs écrans plus grands, les smartphones peuvent répondre à plus de besoins ».
Mikako KitagawaAnalyste senior, Gartner
Surtout, selon elle, « de nombreux jeunes collaborateurs voient leur smartphone comme leur principal outil de travail ». Mais pas question pour autant de voir le PC s’effacer du bureau : « il reste un outil professionnel très important », souligne Mikako Kitagawa.
Linn Huang anticipe également un nouveau déclin des ventes de PC au cours des prochaines années, mais une évolution du marché pourrait accompagner cette tendance : « les professionnels et le grand public demandent de plus en plus avec chaque nouvelle génération. En conséquence, nous nous attendons à moins de ventes en volume pour 2020 et au-delà, mais le marché continuera de s’orienter vers le haut de gamme ».
Yev Pusin ne dit pas autre chose : pour lui, la demande est là, mais elle se concentre sur les ordinateurs affichant des performances haut de gamme. Et pour Andrew Hewitt, le PC devrait conserver une place centrale dans le monde de l’entreprise, mais le format physique pourrait évoluer : « selon nos recherches, 30 % des facteurs les plus importants pour l’amélioration de l’expérience utilisateur touchent aux outils technologiques. Et le PC en constitue une grosse partie ».