Comment HPE redonne vie aux actifs informatiques
Dans son centre européen situé en Écosse, HPE valorise les équipements informatiques des entreprises, en misant davantage sur la réutilisation que sur le recyclage.
À l’invitation de HPE (Hewlett Packard Enterprise), LeMagIT a pu visiter le centre européen de valorisation des équipements informatiques du constructeur américain, situé à Erskine, près de Glasgow (Écosse). Sur une surface de 14000 m2, il emploie 200 personnes - contre 50 en 2012 -, une aubaine pour une région frappée durement par le chômage. HPE dispose d’un second centre plus important à Andover, près de Boston (USA).
Par valorisation, il faut comprendre reconditionnement des actifs - allant de l’ordinateur portable au serveur de centre de calcul, en passant par les PC, baies de stockage voire… les mainframes ! À juste titre, Mateo Dugand, Responsable développement durable EMEA chez HPE, rappelle que « la réutilisation de matériels est bien plus responsable d’un point de vue écologique que le recyclage, puisqu’il ne génère pas la construction de nouveaux équipements ».
À Erskine, 88% du hardware est reconditionné, le reste étant recyclé, à 0,4% près - à savoir, les matériaux devant être mis au rebut ; étonnamment, les petits coussins antidérapants en caoutchouc placés sous les ordinateurs portables sont difficilement recyclables. Pour moitié environ, le matériel reconditionné est revendu ou loué par HPE à ces clients, l’autre moitié étant distribuée en gros. Et le succès est au rendez-vous : HPE n’a aucun mal à écouler les 1500 PC sortant chaque jour de son centre européen. À noter que le constructeur ne procède à aucune réparation lui-même : à charge pour les revendeurs de réparer (ou non) les équipements, HPE indiquant les points qu’il a détectés défectueux - alimentation d’un portable manquante ou défaillante, disque dur HS, pixels éteints sur les écrans, etc., une cinquantaine de points.
Des enjeux de sécurité critiques
Le reconditionnement des équipements implique une fastidieuse opération « d’assainissement ». Comprendre : l’effacement de toutes les données. Cette opération peut prendre plusieurs formes, selon le matériel. Pour les disques durs des PC et portables, l’opération s’effectue par logiciel (Blancco en l’occurrence), qui assure un effacement sécurisé sur plusieurs niveaux, à la demande du client.
« Suivant les demandes, la taille du disque, la durée de cette phase prend de longues minutes, 1h15 en moyenne. Évidemment, avec les disques SSD, cette opération est beaucoup plus rapide », constate David Connell, directeur ingénierie du site, se réjouissant que les laptops arrivant sur le centre comportent de plus en plus souvent des disques Flash. Cet effacement sécurisé est rendu obligatoire, notamment par le RGPD. Pour les disques issus de serveurs de datacenter, le processus est plus radical : ils sont passés sous un champ magnétique puissant, quitte à ce qu’ils ne soient plus réutilisables par suite - c’est le cas pour un peu moins de 10% d’entre eux. Enfin, à la demande du client, les disques peuvent être tout simplement broyés, et c’est juste un tas de poudre qui, dans ce cas, sera recyclé.
La sécurité est présente tout au long du passage des équipements à Erskine. Ils sont tracés dès leur arrivée. Le transport lui-même peut avoir été sécurisé : certains arrivent dans des camions scellés, à la tête desquels se trouvent deux chauffeurs. Un organisme public dispose de sa propre salle dédiée à Erskine, dissimulée dans un cube gris.
Un service rentable
Le centre d’Erskine accepte les équipements de toute marque. Reconditionnés, les matériels HPE disposent toutefois du label « HPE Pre-owned », et bénéficient d’une garantie de 6 mois au minimum. Les bénéfices obtenus par la revente des matériels sont partagés avec les clients de HPE : « Au niveau mondial, plus de 600 millions de dollars ont ainsi été réinjectés chez nos clients l’an dernier », précise Franca Righetti, Directrice des ventes France et Benelux. À plus long terme, d’ici 2022, HPE compte commercialiser l’ensemble de son portfolio matériel sous forme « as a service ». Une manière de favoriser l’économie circulaire et la réutilisation. Et aussi de s’assurer des revenus récurrents…