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Pourquoi Google met du Power dans son cloud
Proposer les serveurs d’IBM en IaaS sert les ambitions de Google, qui espère voir son cloud devenir le numéro 1 de l’IA et des ERP.
Google propose désormais des systèmes Power « as-a-service » sur son cloud public GCP, de sorte à attirer vers lui les entreprises qui planchent sur des algorithmes de Machine Learning et qui consomment de volumineuses applications SAP.
Proposés sous la forme de serveurs virtuels, ils sont intégrés à la marketplace IaaS, à la facturation et au support de Google. Ils sont par ailleurs accessibles via Private API Access, le module de Google qui permet de créer un cloud hybride sécurisé entre GCP et le datacenter d’une entreprise. Ils communiquent aussi directement avec des VMs plus classiques du service Google Compute Engine.
Réputés exécuter leurs traitements avec plus de bande passante, les serveurs Power sont plus adaptés que les serveurs x86 aux applications qui accèdent de manière intensive à la mémoire. Ils permettent également de consolider plus d’applications sur moins de cœurs de processeurs, ce qui en simplifie la gestion.
Deux instances sont proposées en souscription mensuelle. La Start Cloud comprend 16 cœurs, 160 Go de RAM et 12 To de stockage pour 7500 $/mois. La Small Cloud a quant à elle 36 cœurs, 768 Go de RAM et 72 To de stockage pour 27.000 $/mois. Google précise que des configurations plus personnalisées sont disponibles à la demande.
IBM vend plus de machines, Google adresse plus de gros clients
Cette arrivée des systèmes Power dans l’offre cloud de Google n’est pas si surprenante. Depuis 2013, Google élabore et construit lui-même des serveurs à partir de processeurs Power au sein de la fondation OpenPower.
« Cette nouvelle étape consiste à intégrer à la flotte de GCP des serveurs construits par IBM. C’est-à-dire qu’il s’agit d’une opportunité commerciale pour les deux fournisseurs : IBM qui vend les machines et Google qui se présentera aux clients Power comme une extension en mode hybride de leurs datacenters », commente Charles King, analyste chez Pund-IT.
On notera qu’IBM propose des offres similaires sur son propre cloud. « Mais il n'y a pas de concurrence. Il s’agit de créer une dynamique autour des Power, d’expliquer aux entreprises que cette technologie leur laisse, elle aussi, le choix d’aller chez un fournisseur de cloud et de faire héberger certaines applications chez un autre », ajoute l’analyse Patrick Moorhead, du cabinet Moor Insights & Strategy.
Power, suite logique de la stratégie IA + ERP de Google
Charles King voit par ailleurs cette annonce comme une suite logique de la double stratégie que mène Google depuis plus d’un an. Elle consiste, d’une part, à marteler qu’il est le nouveau spécialiste des traitements lourds liés à l’intelligence artificielle et, d’autre part, à grossir ses troupes autour des ERP, notamment avec l’embauche l’année dernière de Robert Enslin, le directeur des ventes de SAP. IA et ERP sont deux domaines culturellement rattachés aux machines d’IBM chez les grandes entreprises.
Les ERP sont stratégiques pour les fournisseurs de cloud car ils sont reliés à toutes les applications métiers des entreprises. AWS et Microsoft ont également beaucoup investi dans des serveurs capables d’exécuter SAP Hana, avec l’espoir que la majorité des entreprises qui disposent d’une version précédente choisissent le cloud public pour basculer sur la nouvelle génération.