En 2020, VDI rimera avec cloud et environnements de travail
Le marché de la virtualisation du poste de travail a pris plusieurs virages en 2019, entre administration, sécurité et systèmes de production. L’année à venir confirmera ces nouvelles orientations.
Pour Jo Harder, architecte Cloud chez Finastra, le VDI promet, l’an prochain, d’être centré sur le cloud : « de nombreuses entreprises ont commencé à sonder le terrain en 2019, entre démonstrateurs et déploiements limités. Mais à mesure que l’offre mûrit pour atteindre un état stable et fiable, les déploiements à plus grande échelle vont devenir la norme ».
Surtout, ceux qui hésitaient encore à adopter le VDI pourraient bien être séduits par la facilité de déploiement et de maintenance apportée par le poste de travail en mode service (DaaS). D’ailleurs, « Windows Virtual Desktop n’a pas manqué de conduire certaines organisations à repenser la manière d’avancer vers le VDI en mode cloud ».
Pour Johan van Amersfoot, architecte pour l’informatique de l’utilisateur final chez ITQ Consultancy, 2019 était enfin la véritable « année du VDI ». La technologie a fait un bond de géant ces dernières années en termes de maturité. Le clonage rapide, l'accélération graphique, la gestion de l'environnement utilisateur et les méthodologies de livraison d'applications appropriées, ont fait chuter le coût total de possession.
Mais où va le VDI en 2020 ? Pour l’architecte, la première chose que nous verrons est le recul graduel du VDI non persistant. Car si la plupart des entreprises ont encore une majorité de postes de travail non persistants, elles utilisent toujours des postes de travail persistants pour les cas d’usage difficiles à virtualiser. VMware l'a reconnu et a apporté quelques modifications à Workspace One UEM pour qu'il soit possible de gérer les postes de travail virtuels de la même manière que les postes de travail physiques, mais avec la valeur ajoutée de choses telles que le clonage rapide. Dès lors, serait-il alors toujours logique de chercher à éviter la persistance ?
Johan van Amersfoot anticipe en outre le décollage du VDI Linux. Le système d’exploitation libre a déjà été déployé dans des niches, mais son support est presque à parité de Windows sur les plateformes de VDI : « il deviendra plus populaire et permettra plus de cas d’usage. Surtout dans les domaines de la science des données, de la santé et de l'informatique, où Linux devient de plus en plus populaire et parfois même un standard. Les entreprises peuvent reconvertir une plate-forme VDI pour les postes de travail afin de gérer les traitements tels que ceux liés au Deep Learning grâce au support de Linux dans VMware Horizon ».
Chris Twiest, responsable de la technologie chez RawWorks, entrevoit quant à lui deux grandes tendances dans l'informatique de l'utilisateur final (EUC, End User Computing) pour cette année. La première consiste à migrer une part croissante des postes de travail virtuels (VDI) vers le cloud public, notamment avec l’adoption de Windows Virtual Desktop et Citrix Managed Desktops. Chris Twiest anticipe également passage à un environnement de travail intelligent davantage centré sur l'utilisateur, qu’il s’agisse d’un Citrix Workspace ou d’un VMware Workspace One, voire même, plus simplement peut-être, d’une application telle que Microsoft Teams.
Car pour lui, en ajoutant plus de fonctionnalités et de d’intégration par API au sein de l’environnement de travail intelligent, les entreprises peuvent gagner beaucoup de temps et renforcer la productivité de leurs collaborateurs.
Marius Sandbu, évangéliste Cloud en chef chez EVRY, regarde dans la même direction. Pour lui, l'une des principales nouveautés récentes appelée probablement à affecter l'industrie du VDI est l’arrivée de Windows 10 multi-utilisateurs dans Microsoft Azure : pour lui, il y a là de quoi entraîner une augmentation du nombre de clients VDI sur Azure.
Et cela devra pousser de nombreux éditeurs à s'adapter afin de supporter la version multi-utilisateurs de Windows 10. Mais ce n’est pas tout : cette évolution de licence doit permettre aux entreprises d'adopter plus facilement Windows Virtual Desktop comme plateforme principale de DaaS, ne serait-ce que pour des questions de coût. Car un plus grand nombre de fournisseurs cloud sont désormais en mesure de fournir une infrastructure moins coûteuse.
Et puis il y a la sécurité, en particulier alors que de nombreuses entreprises utilisent à la fois des applications patrimoniales et SaaS, via une plateforme de VDI. Dans ce contexte, pour mettre en œuvre un contrôle d’accès sans confiance peut être un défi. Mais lorsque cette plateforme VDI constitue la principale passerelle vers les applications et les données, intégrer des mécanismes dits zero trust en son sein est essentiel. Certains éditeurs de l’EUC l’ont compris.
Pour Patrick Coble, consultant sécurité et EUC chez VDISEC, 2020 va marquer un virage, où l’effort va se déplacer du poste de travail traditionnel et des applications vers l’environnement de travail à proprement parler. Cela devrait se traduire par une attention renforcée sur l’expérience de l’utilisateur, et sur la création d’un environnement plus rapide, plus efficace, avec micro-applications et workflows automatisés pour les tâches répétitives. L’amélioration du quotidien de l’utilisateur, à grand renfort d’intégrations à un plus grand nombre de systèmes tiers, sera la vedette de nombreux événements, avec une course aux intégrations – jusqu’au SSO.
Et toujours dans la perspective de l’expérience utilisateurs, il faudra compter avec l’analyse – que ce soit des performances ou de la sécurité. Les principaux éditeurs du monde du VDI se sont engagés sur cette voie ; celui qui saura proposer l'offre la plus complète en termes de visibilité et d'adaptabilité devrait en ressortir gagnant.
Enfin, si la sécurité n’est pas toujours bien mise en avant lors des événements consacrés à l’EUC, cela devrait changer en 2020, face aux menaces grandissantes : les éditeurs vont devoir renforcer leur message dans ce domaine.