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Le Campus cybersécurité verra le jour en 2021

Il rassemblera les expertises françaises en cybersécurité dans un même lieu pour partager les savoir-faire, aider les startups et les petites entreprises du secteur à grandir, et former les futurs experts.

Imaginer un campus qui rassemble les expertises et les ressources des acteurs français de la cybersécurité. Voilà le projet que le Premier Ministre Edouard Philippe a confié à Michel Van Den Berghe en juillet dernier. Dans le rapport qu'il s'apprête à remettre ces jours-ci, le patron d'Orange Cyberdéfense préconise la création d'un « Campus Cyber » qui devrait être opérationnel début 2021. Après une soixantaine d'entretiens avec une grande variété d'acteurs du secteur, Michel Van Den Berghe trace pour LeMagIT les grandes lignes de son projet.

LeMagIT : Pourquoi ce projet voit-il le jour maintenant ?

Michel Van Den Berghe : Les mentalités ont changé, les sociétés sont désormais prêtes à coopérer dans un lieu unique pour mettre en commun leurs savoir-faire, discuter des nouvelles technologies et identifier les meilleures pratiques. Tout ça, dans le but de protéger les bénéfices de la numérisation accrue des organisations et de leurs activités.

La bonne nouvelle est que, sur la soixantaine d'entretiens que j'ai eus, personne ne m'a posé la question de pourquoi rassembler l'expertise française dans un lieu unique, mais plutôt pour qui, jusqu'où et où le faire. La France est le troisième pays en termes d'expertise en cybersécurité, après les Etats-Unis et Israël. Nous devons faire en sorte de retenir les jeunes experts, qu'ils aient envie de rester plutôt que de partir à l'étranger, et aider les sociétés à grandir, à atteindre la taille critique pour conquérir les marchés. Bref, nous montrons que la France investit sur sa souveraineté dans ce domaine.

LeMagIT : De nombreux acteurs de la cybersécurité vous apportent leur soutien, de qui s'agit-il ?

Michel Van Den Berghe : Quatre types d'acteurs nous soutiennent. Il y a d'abord les acteurs industriels de la cybersécurité, quelle que soit leur taille, des plus grands aux plus petits et des startups, comme Thales, Capgemini, Alsid ou Beijaflore. Des organismes de formation comme Epita installeront leur cursus dédié sur le campus. Des centres de recherche, parmi lesquels Inria, localiseront leurs équipes en cybersécurité qui seront ainsi plus proches des industriels. Enfin, les organisations publiques comme l'ANSSI, la Gendarmerie et tous ceux qui ont des CERT (Computer Emergency Readiness Team) pourront également venir s'implanter.

En tout, une trentaine d'acteurs sont prêts à s'engager dans le projet. Réussir seul face aux cybermenaces n'est plus possible aujourd'hui, c'est pour cela qu'il faut réunir les talents et mieux protéger les entreprises et l'Etat. S'il faut sécuriser un important événement, par exemple, les différentes parties prenantes pourront préparer la sécurité ensemble sur le campus. Par ailleurs, beaucoup d'entreprises ne savent pas vers qui se tourner quand elles ont un problème ou sont attaquées. Le campus leur proposera un accueil en plus du site du gouvernement cybermalveillance.gouv.fr.

LeMagIT : Quelle forme va prendre ce campus ?

Michel Van Den Berghe : Pour créer un écosystème et favoriser les échanges entre les acteurs, il faut un lieu physique où les équipes se côtoient. Ce ne sera pas une galerie marchande où chacun a son espace. L'idée est de faire un hub comme à Beer-Sheva en Israël ou à Skolkovo dans la banlieue de Moscou. Nous estimons qu'il faudra environ 10 000 m2 pour accueillir 800 personnes. Après que j'aurai rendu ma lettre de mission au Premier Ministre, c'est l'Etat qui se chargera de trouver un lieu.

A priori, ce lieu devrait être opérationnel début 2021. L'écosystème est pour l'instant à Paris. Les experts sont plutôt rares et ils ne veulent pas trop bouger… Mais il s'agit aussi de ne pas faire un projet « jacobin ». Nous apporterons la cybersécurité sur des satellites en région en fonction des grandes ruptures technologiques qui s'y développent comme la e-santé, les villes intelligentes ou l'industrie 4.0.

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