Chamboulements chez SAP, Oracle en deuil, RPA, Tableau racheté : les évènements qui ont marqué 2019
Dans les applications métiers, 2019 restera l'année du décès de Mark Hurd. Mais aussi celle où deux têtes pensantes de SAP ont rejoint des acteurs montants. Et un Salesforce qui se voit de plus en plus comme le nouvel Oracle et SAP.
Tout comme les années précédentes, SAP et Oracle ont connu en 2019 des trajectoires parallèles ; même si les raisons motrices en sont cette fois-ci radicalement différentes. Les deux acteurs ont en tout cas, et une fois de plus, marqué l'année des applications métiers de leur empreinte.
Départs de Robert Enslin et Bill McDermott : grands chambardements chez SAP
Les deux géants du logiciel B2B ont en effet vu, tour à tour, leurs Top Managements être chamboulés en 2019.
En 2018, dans une tendance à la recomposition du marché, un des éléments les plus importants d'Oracle - Thomas Kurian - avait pris le chemin de Google sur fonds de désaccord avec Larry Ellison sur la stratégie cloud à suivre. En 2019, ce transfert surprise a porté ses effets de manière plus nette.
En mars, Oracle a vu un autre de ses stratèges, Amit Zavery (VP de l'Oracle Cloud Platform), rejoindre Google Cloud et Microsoft un des cadres d'Office 365 rejoindre G-Suite. Mais c'est en avril que Thomas Kurian a réussi son coup de maître en récupérant Robert Enslin, président du Cloud Business Group de SAP, et un des dirigeants historiques les plus importants de l'éditeur allemand.
Quelques mois plus tard, en octobre, c'est le PDG de SAP lui-même, Bill McDermott, qui claquait la porte sur fonds de désaccord sur sa stratégie acheteuse (SuccessFactor, Concur, etc.). Ce départ marque le retour à une direction bicéphale - stratégie technique en Allemagne, opérationnelle commerciale aux Etats-Unis - mais il va poser à SAP un défi majeur pour 2020 face à la relative tiédeur de l'accueil de S/4HANA par ses clients existants, alors que Bill McDermott étant un vendeur hors paire.
Bill McDermott n'a, pour sa part, pas tardé à rebondir. Quelques jours plus tard, il annonçait rejoindre un acteur de plus en plus dominant dans l'IT, ServiceNow, qui commence à faire de l'ombre à... SAP et Oracle. Très bonne pioche disent en tout cas les analyses.
Oracle endeuillé
Mais, bien sûr, on se souviendra - tristement - de l'année 2019 comme étant surtout celle du décès de Mark Hurd, le co-président d'Oracle, et des larmes difficilement retenues de son ami Larry Ellison (et fondateur d'Oracle) sur la scène de l'OpenWorld.
Un Larry Ellison qui, contraint et forcé, a donc repris la barre du navire. En attendant 2020, où Oracle devra remodeler sa direction pour palier le vide laissé, là aussi, par un vendeur hors pair emporté par la maladie.
La technologie de l'année : le RPA
Côté technologie, en 2019, un sujet a été sur toutes les lèvres des éditeurs, au coeur de toutes les conférences et dans l'esprit de tous les décideurs. Les projets concrets se sont multipliés (même si les freins existent et sont encore nombreux) montrant une maturité qui grandit à vitesse grand V. L'automatisation robotisée des processus - alias le RPA - a été, pour LeMagIT, le « sujet star » de 2019 dans le secteur des applications.
Il est par ailleurs passé d'une phase d'automatisation des tâches simples à celle, beaucoup plus avancée, d'automatisation de processus de bout en bout (à tel point que le concept de « travailleur numérique » et de « Digital Workforce » sont apparus dans le vocable IT).
Salesforce y a investi. SAP y a racheté. Un des plus gros acteurs a débarqué en France. Et des stratégies hybrides (RPA + API, RPA + BPM, RPA + cognitif, etc.) apparaissent.
Bref, il y a fort à parier qu'en 2020, la presse grand public découvre ce concept qui a (aussi) des conséquences sociétales. LeMagIT lui avait consacré un guide en 2019. Nous lui en consacrons à coup sûr un autre en 2020 tant le potentiel de transformation du RPA est important, et surtout accessible.
Le rachat de l'année : Salesforce s'empare de Tableau Software
L'année 2019 restera enfin comme celle d'un rachat record dans la BI et la DataViz avec la somme pharaonique déboursée par Salesforce pour Tableau Software (15,7 Md$). A titre de comparaison, en 2008, SAP avait mis moins de 5 milliards $ pour BusinessObjects, tout comme IBM pour Cognos en 2007, année où Oracle avait lui mis un peu plus de 3 milliards pour Hyperion. En termes mathématiques : Tableau 2019 = BO + Hyperion + Cognos.
Sur le rachat de Tableau Software :
Tableau assure que son rachat ne changera rien aux projets de ses clients
Salesforce : un long "voyage" vers l'intégration des solutions Tableau
Salesforce et Google « veulent verrouiller toutes vos données dans leur cloud » (Qlik)
« C'est mal connaître Salesforce de penser que nous voulons enfermer nos clients » (Olivier Derrien)
La stratégie d'intégration de Tableau Software à Salesforce reste à préciser (continuer le sur site ou que en SaaS, infusé à Salesforce ou en produit indépendant, etc.). Mais avec ce rachat, Salesforce continue en tout cas clairement sa course effrénée aux 60 milliards de revenus en 2034 - et 20 milliards dès 2022 (contre 13.3 en 2019).
L'éditeur, qui a connu une année de fièvre acheteuse encore plus forte que les précédentes où il avait déjà bien cassé sa tirelire (Demandeware, MuleSoft, etc.), se rêve de plus en plus comme le nouveau SAP et le nouvel Oracle. Toujours eux.
Un récapitulatif étant toujours subjectif, n'hésitez pas dans les commentaires à partager les évènements qui, pour vous, ont marqué l'année 2019 des applications métiers pour compléter cet article, forcément imparfait.