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SGBD : les cinq tendances qui ont rythmé 2019
En cette fin d'année, voici cinq tendances importantes qui ont rythmé l'actualité des éditeurs de base de données en 2019.
Alors qu’en surface le secteur du SGBD semble bien établi et peu enclin au mouvement, la démocratisation des bases de données open source et les migrations dans le cloud font clairement bouger les lignes.
Même un SAP témoigne de cette tendance. Lors du premier trimestre 2019, l’éditeur allemand a fait le quart de son chiffre d’affaires dans le cloud. Plus de 11 000 clients SAP ont déplacé leurs charges de travail dans le nuage, dont 5 000 ont choisi AWS pour supporter leurs bases liées à S4/HANA Cloud.
1. AWS rafle la mise sur le marché DBPaaS
En 2019, c’est AWS qui a mené la danse, tout comme il avait commencé à le faire l’année précédente. En juillet dernier, Gartner annonçait que l'an 2018 s’était terminé par un bouleversement du classement des éditeurs SGBD. IBM, sur la troisième marche du podium Gartner, a dû laisser sa place à la filiale cloud du géant du e-commerce. Selon le cabinet d’études, elle domine largement le marché mondial du dbPaaS, de la gestion de bases de données dans le cloud.
Oracle et Microsoft maintiennent leur domination grâce au déploiement sur site, mais les ambitions d’AWS restent entières. Il a souhaité faire de son propre exemple un argument marketing de taille. Il invite ses clients à adopter sa volonté de bouter Oracle hors de ses systèmes. En effet, Amazon a annoncé en octobre 2019 avoir terminé la migration de 7 500 instances Oracle database (75 pétaoctets) vers ses propres solutions dont Amazon DynamoDB, Aurora, RDS et son data warehouse cloud Redshift. Un chantier étalé « sur plusieurs années ».
2. Oracle, un catalyseur de mécontentements
Amazon n’est pas le seul à s’opposer à Oracle. De fait, certains éditeurs, utilisateurs ou administrateurs des solutions Database pour leurs clients, se plaignent des pratiques commerciales de la société dirigée par Larry Ellison.
Nicolas Leroy-Fleuriot, PDG de l’ESN borderlaise Cheops Technology a déclaré « la guerre à Oracle », exhortant ses clients à migrer vers le SGBD open source PostgreSQL pour lequel il offre une solution de migration et de support. Stibo Systems, un éditeur d’un MDM bien connu des distributeurs a décidé de remplacer Oracle par Cassandra dans le cloud et de le coupler à une technologie in-memory maison. Les premiers clients l’adopteront probablement en 2020.
S’il n’en dit mot officiellement, Oracle semble bien conscient de cette problématique. Lors du dernier OpenWorld, il a mis en avant une version gratuite de son Autonomous Database. Au début du mois de décembre, il a annoncé que les options Graph, Spatial et Machine Learning sont désormais incluses dans les licences Standard et Enterprise Edition 2.
- MDM : Stibo Systems mise sur une alternative à la base Oracle dans le cloud
- Cheops Technology exhorte les clients Oracle à migrer vers PostgresSQL
- Oracle tente de se repositionner sur le marché SIG en modifiant ses licences SGBD
- OpenWorld : Oracle dévoile Autonomous Linux (et se prend à rêver d'un cloud entièrement automatisé)
3. Requêter les données en langage naturel, un sacerdoce
Le marché SGBD vit également une course à l’innovation entraînée par les nouveaux usages de la donnée. L’analytique avancée et le machine learning sont les deux faces d’une pièce particulièrement brillante aux yeux des entreprises…et des éditeurs.
Les bases de données doivent alors être optimisées pour s’exécuter dans le cloud, mais également pour supporter des fonctionnalités avancées. L’une d’entre elles, particulièrement populaire, vise à simplifier la recherche d’informations.
Par exemple, la mise à jour 11.5 de la base Db2 d’IBM supporte maintenant la connexion aux frameworks et aux langages les plus utilisés dans le développement de modèles algorithmiques. Big Blue propose également Db2 Augmented Explorer, un module de type de moteur de recherche afin d’interroger les données en langage naturel. Autre particularité de la mise à jour, elle automatise en partie l’administration de la SGBD.
En juin dernier, MongoDB a présenté une fonctionnalité similaire pour sa database dans le cloud, Atlas. Associé à sa solution Atlas Data Lake, l’éditeur intègre nativement un moteur de recherche full-text pour interroger les données dans S3, le service de stockage objets d’AWS. Il sera étendu aux équivalents Azure et Google cloud. Amazon dispose d’un équivalent : AWS Athena.
4. L’ère Kubernetes s’impose aux éditeurs de SGBD
Kubernetes est devenue un composant incontournable des architectures IaaS, PaaS et logicielles. L'influence de l'orchestrateur influence également les bases de données.
De son côté, MariaDB éditeur du SGBDR « le plus répandu au monde », mise sur la contenairisation de sa base de données avec SkySQL, un packaging au format Kubernetes. Cette fonctionnalité, qui n’est pas encore disponible, devra permettre de faciliter la configuration à la volée de la base et son encapsulation dans des containers. Il ne s’agit pas de microservices, mais d’un moyen pour administrer les serveurs. SkySQL peut également servir à tester la pertinence de nouvelles applications.
Les éditeurs de bases de données NoSQL s’y mettent également dans l’optique de favoriser les déploiements multicloud. C’est le cas de Couchbase qui supporte depuis mai 2019 les déploiements sur Kubernetes dans les clouds AWS, Azure et GCP. Pour cela, il a mis à jour son outil Autonomous Operator en 1.2, qui repose sur le framework open source Kubernetes Operators.
Toutefois gérer une base de données sur Kubernetes n’est pas un geste anodin. Selon Benjamin Good, Solutions Architects chez Google Cloud, certaines bases de données ont dans leur ADN des concepts (réplications et issues de secours) qui leur permettent de s’exécuter dans des containers. C’est le cas d’ElasticSearch, de Cassandra, et de MongoDB. D’autres comme MySQL et PostgreSQL réclament d’utiliser des variantes d’Operators.
5. La démocratisation de la technologie in-memory
Plus commun, la technologie in-memory connaît également son lot d’évolutions. Réputée comme coûteuse et complexe, les éditeurs veulent faciliter son adoption. Technologiquement, cela passe par le support des barrettes Intel Optane DC afin de bénéficier de la mémoire rémanente. C’est le cas de la database d’Aerospike depuis sa version 4.8. D’autres acteurs comme Formulus Black utilisent les produits du fondeur. Ce dernier propose ForsaOS, un système d’exploitation basé sur Linux capable d’exécuter un SGBD en RAM ou sur Optane DC.
De leur côté, certains éditeurs comme GridGain, Redis Labs ainsi que SAP revoient leur modèle économique à l’aune du gain en popularité du in-memory. Ils veulent ouvrir leurs services au plus grand nombre, sous certaines conditions. SAP ne veut pas cantonner la technologie à son offre ERP. Redis Labs adopte lui une approche Open Core, tandis que Gridgain se réserve le droit d’hébergement, de support, de services, de conseil et de revente de la distribution d’Ignite nommée Gridgain Community Edition.
- ForsaOS : un linux qui convertit les bases traditionnelles en bases in memory
- Aerospike 4.8 : la base de données supporte la mémoire persitante Intel Optane
- SAP HANA Cloud Servies : SAP étend sa stratégie in-memory bien au-delà de l'ERP
- Redis Labs : le multi-modèle oui, mais pas sans le partage des données
- Open Source : Gridgain affine petit à petit son modèle économique