NetSuite
NetSuite en France : des nouveautés RH et e-commerce en attendant la maturité du marché
Alors que la stratégie de l’autre ERP d’Oracle est de plus cibler les ETI et les industriels, NetSuite renforce sa solution et son écosystème en France. Mais la maturité locale sur le SaaS pourrait bien être un frein.
De passage à Paris, Evan Goldberg (Executive VP) et Nicky Tozer (VP EMEA) sont revenus avec Éric Liard (Sales Director France) sur la stratégie de NetSuite en France. Dans la première partie de cet échange avec LeMagIT, ils ont explicité le nouveau positionnement de NetSuite et sa stratégie de conquête des ETI françaises.
Dans cette deuxième partie, Nicky Tozer, Éric Liard et Evan Goldberg abordent l’évolution de l’écosystème français de NetSuite (channel et partenaires), la maturité en devenir des ETI locales pour l’ERP cloud, et les nouveautés promises pour la version française de la « Suite ».
Un écosystème naissant en France
LeMagIT : Combien de partenaires avez-vous désormais en France et en Europe ?
Éric Liard : Nous avons une dizaine de partenaires en France. Nous appelons ce réseau la « Partenaires Alliance ». Ils font l’implémentation. On y trouve aussi bien des petites entreprises et des grands comme Deloitte. Nous avons par ailleurs un channel ; qui est une autre façon pour nous de commercialiser NetSuite. Nous recrutons d’ailleurs de nouveaux acteurs pour ce channel.
Nicky Tozer : Sur toute la zone EMEA, notre base de partenaires a augmenté de 30 % au cours de l’année écoulée. C’est probablement un peu moins en France. Mais aujourd’hui, un de nos objectifs prioritaires, c’est d’augmenter le nombre de partenaires dans le pays. Le but c’est que les entreprises françaises aient plus de choix pour évaluer NetSuite, souscrire, l’utiliser et avoir du support. J’espère que la prochaine fois que nous nous verrons, nous pourrons vous en dire plus sur la croissance de ce secteur en France.
Mais nous avons déjà annoncé une chose importante [pour notre écosystème] en Europe avec l’évolution de notre programme « Suite Life ». Désormais, au sein de ce programme, tout le matériel interne que nous utilisons est accessible à nos partenaires pour qu’ils sachent comment vendre toute notre gamme de produits, comment les implémenter, et comment amener tout cela sur le marché – exactement comme nous le faisons, en direct, chez NetSuite.
Evan Goldberg : Nous souhaitons aussi accompagner nos partenaires pour qu’ils grossissent et deviennent mondiaux.
Une partie de notre stratégie consiste en effet à construire des verticaux spécifiques. J’ai mentionné la confection (apparels) – sur laquelle nous travaillons depuis plusieurs années. Nous avons également des verticaux pour l’industrie logicielle, la santé et la beauté, la distribution de boissons et de nourriture et, du côté des services, nous avons commencé à nous intéresser aux agences – comme les agences de publicité ou de relations publiques – qui sont davantage axées sur la gestion de projets.
Mais nous ne pouvons pas faire tous les verticaux nous-mêmes. Donc nous allons de plus en plus compter sur nos partenaires pour développer des fonctions spécifiques pour les industries que nous ne ciblons pas directement. Et en faisant cela, ils pourront vendre ces spécifiques partout dans le monde ; parce que les entreprises d’un même vertical dans différents pays sont en fait bien plus semblables que les entreprises de différents secteurs dans le même pays.
Aux États-Unis, par exemple, un de nos partenaires a sorti une solution basée sur NetSuite pour les brasseurs. Elle s’appelle BERP [N.D.R. : le nom évoque « burp », le son d’un rôt en anglais). BERP pour Barrel ERP (rire). Ils essaient à l’évidence d’être rigolos, mais c’est très sérieux. Ils ont développé des extensions pour les tableaux de bord qui montrent les états des citernes et des cuves de bière. Sur l’écran, on dirait une vraie brasserie.
Or des brasseurs, il y en a partout dans le monde. Il n’y a donc pas de raison que BURP ne se vende pas partout dans le monde également. C’est une des choses que nous voulons faire : permettre à nos partenaires qui font des solutions spécifiques pour des industries spécifiques, d’être en mesure de les commercialiser à l’international.
Maturité de l’ERP cloud en Europe et en France
LeMagIT : Quelle est la maturité des PME et des ETI européennes vis-à-vis de l’ERP en mode cloud ? Et en France en particulier ? De ce que vous voyez, les choses ont-elles radicalement évolué ces dernières années ?
Evan Goldberg : Je crois qu’on a franchi un cap. C’est maintenant plus un problème pour ceux qui ne font que du « sur site ». Ils doivent expliquer pourquoi ils ne sont pas dans le cloud. Pourquoi est-ce qu’il faut gérer une base de données ? Et un système d’exploitation ? Et faire tourner un logiciel ? C’est ce que nous voyons globalement.
Pour moi, la bascule s’est produite il y a plusieurs années (…), avant même que nous fassions partie d’Oracle [N.D.R. : en 2016]. Au moins aux États-Unis.
LeMagIT : Aux États-Unis, oui. Mais ailleurs ?
Evan Goldberg : Oui, vous avez raison. C’est ma vision globale de la maturité du marché mondial.
Nicky Tozer : Sur la zone EMEA, je me souviens très bien du basculement. J’ai rejoint NetSuite après avoir quitté Oracle en 2012. Les deux premières années, nous étions sur la liste des sélectionnés [N.D.R. : pour les projets ERP] ; mais il n’y avait que des solutions sur site… et NetSuite.
Puis, deux ans plus tard, en 2014 environ, il n’y a plus eu que des éditeurs cloud dans cette liste… et plus aucun acteur purement sur site. Je dirais donc que pour la zone EMEA le changement s’est fait progressivement sur ces cinq années.
Après, les maturités sont particulières, pays par pays. Mais depuis deux ans, je dirais que tous sont prêts à sauter le pas. Je ne sais pas si Éric est d’accord.
Éric Liard : Globalement, oui. J’ajouterais juste que le Royaume-Uni, les pays nordiques et l’Allemagne sont encore devant la France [en termes de maturité, N.D.R.]. Nous sommes toujours un peu en retard sur plusieurs points.
Avec les startups et les entreprises qui se créent – généralement par des jeunes –, il n’y a effectivement pas de débat. Pour eux, tout le monde a un smartphone, tout est dans le cloud. La question ne se pose même pas.
Eric LiardNetSuite
En revanche, lorsque vous allez en régions discuter avec des entreprises manufacturières… eh bien… elles restent assises sur leur serveur. Les responsables IT dorment même avec, parce qu’ils ont tout dans leur serveur et qu’ils ont peur de tout perdre.
Nous avons donc encore ce genre de discussion [sur le cloud et le sur site, N.D.R.]. Et parfois même, nous ne sommes pas présélectionnés à cause de cela ; parce qu’ils envisagent encore principalement des ERP sur site – exactement comme ce que Nicky décrivait sur ce qui se passait au Royaume-Uni il y a quelques années.
Mais depuis 2014, les choses ont quand même beaucoup bougé en France. Nous avons de moins en moins cette discussion. Mais nous l’avons encore un peu.
Nouveautés à venir dans la version française
LeMagIT : Que faut-il attendre comme nouveautés pour la version française NetSuite ?
Evan Goldberg : Prochainement, il va y avoir un nouveau produit RH, « SuitePeople ». Il est disponible aux États-Unis ; il arrive au Royaume-Uni ; puis ce sera au tour des autres pays européens [dont la France, N.D.R.].
Même chose avec « Suite Commerce » [N.D.R. : un éditeur de sites e-commerce dans la famille des Shopify et autres Demandware). C’est actuellement disponible uniquement aux États-Unis, mais il arrive au Royaume-Uni. Puis nous le sortirons dans le reste de l’Europe.
Nous avons aussi en prévision un produit pour les magasins physiques. Nous sommes en train de le perfectionner aux États-Unis, mais il devrait arriver en France d’ici deux ans – avec là encore le Royaume-Uni en premier, puis dans le reste de l’Europe.
LeMagIT : C’est un PoS ? (Point of Sale)
Evan Goldberg : Exactement. C’est une application pour tablette qui pousse les informations de la Suite en magasin.
Evan GoldbergNetSuite
Dans le réseau d’une marque, il y a de fortes chances que vous ayez des clients réguliers. Un de ces clients vient vous voir, vous l’identifiez dans l’appli et NetSuite vous donne immédiatement des informations et des recommandations qui s’appuient sur son historique. L’appli montre la chronologie de toutes ses interactions avec l’entreprise – que ce soit sur le Web, au téléphone ou en magasin. Le commerce de détail (le « retail ») est un vertical très important pour nous.
Plus globalement, au cours des deux prochaines années, vous verrez arriver en France la solution complète que nous avons construite – alors qu’à l’heure actuelle, nous proposons ici essentiellement la partie traditionnelle de l’ERP [N.D.R. : finance, CRM). Je vous en fais la promesse parce que la raison pour laquelle nous avons construit NetSuite – sa raison d’être – c’est de fournir une solution qui couvre toutes les fonctions principales d’une entreprise dans un seul système.