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Vidéoconférence : BlueJeans promet les verbatim des réunions en français dès 2020
Dans sa stratégie de conquête internationale, le concurrent de Zoom et de Teams multiplie les nouveautés produits et les langues supportées pour ses fonctions avancées.
Lors d'un passage à Paris, le Chief Product Officer français de BlueJeans, Guillaume Vives, est revenu sur les dernières annonces de l'éditeur américain pour aider à sédimenter les contenus des réunions (avec une fonction baptisée Smart Meeting). Pour le marché français, il a surtout confirmé que les verbatim automatisés des échanges audio - aujourd'hui disponibles uniquement pour l'anglais - arriveront en français au premier trimestre 2020.
Forte dynamique en France
Cette annonce intervient alors que l'éditeur est présent en France depuis 2015 et qu'il a réalisé, d'après ses dires, un de ses meilleurs trimestres dans le pays. « La France est un très bon pays pour BlueJeans », confirme sobrement Matthieu Douvenou, Entreprise Account Manager, également présent à la conférence de presse.
Localement, BlueJeans - qui vise prioritairement les gros comptes et les grands groupes - revendique parmi ses clients des noms comme Pernod-Ricard, Criteo, Facebook ou encore l'éditeur ADP.
Guillaume Vives ne donnera pas de chiffres sur le marché français. Il se contente de qualifier d'« impressionnant » le trimestre passé. La bonne dynamique de l'éditeur dans le pays tiendrait aux distances (qui favorisent les échanges par vidéoconférence) et à l'avènement progressif du télétravail dans la lignée d'une tendance mondiale.
« Entre 2017 et 2018, le nombre de meetings sous BlueJeans a bondi de +62 % », résume le CPO.
Sur le marché, le responsable voit clairement une progression de Zoom et de Teams (et de BlueJeans, donc), là où des WebEx et autres GoToMeeting seraient en net recul. « Nous ciblons les clients de Cisco », ajoute d'ailleurs Guillaume Vives, qui cite également Microsoft comme cible préférentielle (Lync, Teams).
Quant à Zoom - qui rentrerait plus dans les entreprises françaises via les métiers et le Shadow IT - « [BlueJeans] est souvent choisi par la DSI », avance Matthieu Douvenou pour illustrer un positionnement plus « grande entreprise », même si Zoom affiche un chiffre d'affaires de plus de 450 millions de dollars sur 2018 (contre 100 millions pour BlueJeans).
Sous le capot
Parmi les fonctionnalités avancées qui feront la différence entre les offres des éditeurs, BlueJeans propose la retranscription automatisée des échanges (une tendance de fond dans le secteur), les résumés des réunions, et les traductions à la volée.
Les technologies mises en œuvre sont différentes pour chacune de ces fonctions.
Les résumés reposent sur des interactions humaines durant la réunion. Ils prennent la forme d'un package de commentaires et d'enregistrements des passages signalés comme intéressants par les participants. A l'inverse, les verbatim et les traductions reposent sur de l'Intelligence Artificielle.
Pour ces deux fonctionnalités « augmentées », BlueJeans travaille avec plusieurs prestataires / partenaires, qu'il compare. Seul le meilleur est proposé au client final - un prestataire en marque blanche qui peut changer avec le temps.
Pour les transcriptions, l'éditeur évalue trois outils - dont ceux de Google. Et pour la traduction, il travaille avec une dizaine de partenaires. Par traduction, il faut comprendre un process en deux étapes avec la production du verbatim à la volée, puis la traduction automatique de ce verbatim.
« Cette forme de traduction ne remplacera pas un interprète professionnel [dans des contextes critiques] », admet Guillaume Vives en évoquant l'utilisation de BlueJeans à Bruxelles. Mais « lorsqu'un PDG [anglo-saxon] d'une très grande entreprise française a été nommé, il ne parlait pas un mot de français. Sa première réunion avec ses nouveaux collaborateurs a été faite avec BlueJeans », raconte Matthieu Douvenou pour illustrer l'efficacité de l'outil.
Airbus utilise également cette traduction pour ses assemblées générales d'actionnaires qui parlent de nombreuses langues différentes.
Investissement dans une start-up de la retranscription
Pour compléter ses verbatim - dont découle l'indexation des réunions et (donc) les traductions - l'éditeur californien a investi dans une startup de la Silicon Valley.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le but n'est pas forcément d'améliorer la précision des retranscriptions. « Dans la transcription, un taux de précision de 88 % peut paraître grand... mais en fait vous ne comprendrez rien au texte produit », explique Guillaume Vives, « à 90 % non plus... mais à 92 %, le texte devient bon ».
Aujourd'hui, BlueJeans revendique un taux de 93,5 %. Mais pour un prix élevé. D'autant plus que l'éditeur ne facture pas de supplément à ses clients pour la fonctionnalité. L'idée est plutôt de trouver une alternative qui dépasse les 92 % mais qui soit moins onéreuse.
Guillaume Vives n'en dira pas plus sur cette startup mystère. Mais il confirme au MagIT que le français sera disponible dès le début de l'année prochaine, avec ou sans cette technologie. De quoi doper encore un peu plus sa dynamique dans le pays.