Avec son PowerOne, Dell EMC estime ouvrir la voie à l’infrastructure autonome
Ne parlez plus d’infrastructure convergée. La promesse est celle de l’infrastructure autonome, celle qui fait tellement toute seule que les utilisateurs n’ont plus à s’en soucier. Ou presque.
Dell EMC vient de profiter de son événement Dell Technology Summit 2019, cette semaine à Austin, au Texas, pour lever le voile sur le PowerOne, un système convergé avec lequel il promet un tel niveau d’automatisation qu’il se prend à parler d’infrastructure autonome. Car pour John Roese, directeur technique de Dell EMC, l’enjeu est là : « le facteur qui restreint l’exploitation [des données pour en retirer des résultats concrets] n’est pas technologique ni économique ; c’est le facteur humain ». Et par exemple, « les développeurs passent trop de temps sur des problèmes d’infrastructure ».
Dans une note d’analyse, Moor Insight abonde dans le sens de Dell EMC. Enfin presque. Dans le détail, il estime que le PowerOne est bien avancé sur la voie de l’autonomie, à l’étape 3 sur 5. Il reste donc encore du chemin à parcourir, mais la direction est clairement là.
Des workflows Ansible spécifiques
Sur le plan strictement matériel, le système PowerOne s’appuie sur un châssis MX7000 où peuvent être intégrés huit serveurs PowerEdge MX740c à double socket ou MX840c quadrisocket. La partie réseau est confiée aux commutateurs Dell EMC Networking S5232F-ON, Dell EMC PowerEdge MX9116 FSE et MX7116 FEM. Pour le stockage, une baie PowerMax est reliée par une fabric SAN Connectrix MDS 9148T ou 9396 T. Au maximum, le système supporte 10 châssis physiques, soit 80 serveurs physiques, eux-mêmes déclinables en 240 Pods Kubernetes.
Côté logiciel, les déploiements de Kubernetes en bare metal sont pris en charge, mais les composants de virtualisation de VMware sont sans surprise mis à profit. Pour la protection des données, des briques Dell EMC Data Domain sont proposées en option avec les logiciels Dell EMC Networker et Avamar.
Dans une note d’analyse, ESG conforte les affirmations de Dell : selon le cabinet, le niveau d’automatisation apporté par le contrôleur PowerOne peut réduire les chances d’erreur liées à des opérations manuelles et répétitives d’au moins 90 %. Rien que pour le simple déploiement initial, « le logiciel de contrôle peut réduire significativement les interventions manuelles et les temps d’administration ». Le fruit, notamment, de l’utilisation d’une architecture de microservices Kubernetes et de workflows Ansible pour la configuration et le provisionnement de composants.
Complètement fait maison
Le système PowerOne est au moins remarquable par sa mise à profit de tout un éventail de technologies du groupe Dell EMC. Il est peu probable qu’il indique la fin des VxBlock, mais il marque toutefois un tournant, une prise de distance supplémentaire du partenaire historique Cisco pour les infrastructures convergées.
Pour mémoire, tout a commencé avec les Vblock, nés de la création de l’alliance Acadia entre VMware, Cisco et EMC en 2008, une alliance qui sera ensuite concrétisée par la naissance d’une filiale commune, VCE. Cette dernière a initié le mouvement vers les plateformes convergées et est devenue leader mondial du secteur.
Mais voilà, en 2017, Dell EMC a décidé d’abandonner les Vblock au profit des VxBlock. Il y avait une excellente raison à cela : l’abandon du support du vSwitch distribué Nexus 1000v utilisé par les Vblocks au sein de vSphere. Le fruit du choix stratégique de VMware de cesser le support des vSwitch tiers.
Aujourd’hui, Dell EMC s’est bien gardé d’annoncer tout abandon des VxBlock, mais sa relation avec Cisco n’en apparaît pas moins encore un peu plus distendue : il ne fait aucun doute que le Texan aura plus intérêt à pousser ses PowerOne faits maison du sol au plafond que les systèmes convergés développés avec l’équipementier.
Une nouvelle tarification à la demande
Les PowerOne seront disponibles à la fin du mois de novembre. Leur lancement va également marquer celui d’un nouveau modèle commercial, appelé Dell Technologies On Demand. Sur le papier, il s’agit de proposer les serveurs Dell PowerEdge et les systèmes PowerOne avec une tarification à l’usage. De quoi adapter au centre de calcul en local l’esprit de la facturation du cloud.
Pour les serveurs PowerEdge, il s’agit d’une facturation à l’usage des ressources de calcul. Pour les systèmes PowerOne, l’idée est celle d’un mélange recouvrant la consommation de ressources de stockage et celle de ressources de calcul.
Une facturation mensuelle de base devra être acquittée pour couvrir l’ensemble de ressources de base commandées. Avec bien sûr une surfacturation en cas de dépassement – les surcapacités nécessaires ayant bien sûr déjà été déployées sur site. De quoi renvoyer, sans trop de surprise, aux modèles tarifaires Greenlake de HPE, ou Keystone chez NetApp. Le reflet d’une tendance de fond.