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Teradata adopte le « pay-as-you-go » plus flexible, plus opaque
En 2020, Teradata adoptera un modèle « pay-as-you-go » pour sa plateforme cloud Vantage. La flexibilité offerte est contrebalancée par une facturation plus difficile à anticiper.
Lors du Teradata Universe s’étant déroulé à Denver à la fin du mois d’octobre, l’éditeur américain a présenté deux nouvelles offres : Vantage Analyst et Customer Experience.
La plateforme d’analytique Vantage est disponible depuis 2018. Vantage Analyst fournit un environnement intégré pour les analyses à grande échelle et donne accès à des outils de découverte et de Machine learning sans programmation à l’aide d’une interface utilisateur qui rend visible les interconnexions entre les données. Lab, Model et Workflow, des outils pour préparer les informations, créer des modèles d’apprentissage statistique et automatiser leur exécution. Path renseigne visuellement les utilisateurs sur le comportement d’un prospect ou d’un client dans un processus d’achat.
À cela, s’ajoute la fonction Text qui permettra de découvrir des schémas et des tendances dans des documents tapuscrits. Elle sera disponible au quatrième trimestre 2019, au même moment que Cluster, une fonctionnalité d’analyse de segmentation des données.
Customer Experience, dont la commercialisation est prévue en 2020, repose sur les bases de CIM, une solution pour la gestion des canaux de communication des clients et RTIM, un outil de gestion des interactions en temps réel. Teradata promet par ailleurs d’unifier les données et de les transformer en indicateurs exploitables.
« Lors du séminaire Universe, Teradata a rappelé sa volonté de simplifier l’écosystème analytique. Vantage permet à nos clients non seulement de couvrir les besoins traditionnels de SQL Engine, mais également de faire tout ce qui est graph Engine, machine learning et nous mettons à leur disposition un écosystème homogène afin de répondre à leurs besoins analytiques dans un système intégré », déclare Christophe Gendre, le directeur France de Teradata.
Ces nouvelles fonctionnalités sont aussi disponibles dans le cloud, un modèle adopté depuis au moins trois ans par le groupe américain. À titre d’exemple, les grands comptes comme American Airlines et l’US Airforce ont migré il y a un peu plus de deux ans.
L’analytique plus flexible grâce au cloud
« Aujourd’hui Teradata a réorienté l’ensemble de ses développements dans une approche cloud first. Vantage est disponible via les marketplaces d'AWS, d'Azure et bientôt de Google Cloud Platform, en 2020. Cela répond à un besoin de nos clients et de nos prospects. Nous déclinons également ces solutions sur site : en interne sur leurs propres VM ou en hybridation », affirme le dirigeant français.
Teradata défend un passage à un modèle « as a service » qui ne remettrait pas en cause les investissements ultérieurs des clients.
« Notre mode de commercialisation permet de faire cela au rythme souhaité par nos clients. Ils peuvent envisager de passer leur analytique dans le cloud sans remettre en cause les investissements réalisés. Nous allons offrir un support natif de S3 et du Blob storage d’Azure pour permettre des migrations sans modification du NewSQL Engine. Parce que Teradata a décorrélé le calcul du stockage, cela permet aux clients de continuer d’accéder à des données avec des profondeurs d’historique importantes », assure-t-il.
L’accès aux solutions de stockage objets est pour l’instant accessible « en démonstration privée ». La disponibilité générale est prévue pour la première moitié 2020 sans coût supplémentaire. Cette fonctionnalité sera également compatible avec Google Cloud Storage. Par ailleurs, Teradata propose un programme de migration Hadoop vers S3 ou Storage Blob d’Azure, dont la tarification dépend des besoins, des applications, du volume de données ou de toute l’architecture du client.
Auparavant, l’éditeur proposait ses solutions par le biais de logiciels et d’appliance à installer sur site. Si la croissance dans le nuage lui est bénéfique, il faut tout de même clarifier le modèle économique sous-tendu. La tarification « pay-as-you-go » annoncée lors du salon Universe sera disponible généralement au cours de la première moitié de l’année 2020.
« Soit, le client est à peu près sûr de ces workloads, de ces traitements, il a des chaînes quotidiennes toutes les heures, toutes les minutes, etc. et il va prendre un mode de consommation qu’il paiera à l’année un certain prix, soit, il ne sait pas du tout et il payera à la milliseconde le calcul séparé du stockage. S’il ne consomme pas, il ne paie rien. Nous lui proposons surtout la médiane, c’est-à-dire que, le client va acheter des crédits suivant ses besoins, puis il peut rajouter une élasticité pour des événements particuliers : prototypes, pics d’activité, etc. », explique Jean-Marc Bonnet, directeur avant-vente Europe de l'Ouest, chez Teradata.
Teradata simplifie l’analytique mais pas son modèle économique
Selon la brochure disponible sur le site du vendeur, Vantage bénéficie actuellement d’un modèle de licence annuelle ou tri-annuelle. Dans le mode « Do It Yourself » déjà disponible, les clients passent par AWS ou Microsoft Azure. Le premier vendeur affiche des tarifs à l’heure qui correspondent à une moyenne d’utilisation d’un nœud pour un abonnement annuel, le second y ajoute une spécificité : il faut souscrire à un abonnement de trois ans pour l’utiliser et bénéficier des tarifs affichés. Précisons qu’il existe trois niveaux de licence pour Vantage : Base, Premier et Enterprise.
En 2020, avec le « pay-as-you-go », les clients pourront commencer à payer le calcul à la milliseconde, facturé à l’heure, tandis que le stockage est mesuré à la semaine. Les services cloud sont gérés par Teradata et la licence est incluse, tout comme la sécurité et les garanties SLA. De même, la licence contractée pour un logiciel installé sur site est transposable dans le cloud.
Certes, ces offres permettraient aux clients de Teradata de profiter d’une flexibilité d’utilisation et de configuration. L'éditeur fournit également un outil de suivi de la consommation. Pour autant, les informations disponibles sur son site Web indiquent que le modèle à la consommation, sans engagement, ne permet pas de bénéficier de tarifs aussi avantageux qu'à l'abonnement.
Difficile de savoir à l’heure actuelle si le mode « pay-as-you-go », pèse moins sur le budget d’une entreprise qu'une souscription dans le nuage ou qu’une installation sur site. Selon Teradata, il complète avant tout un contrat annuel ou tri-annuel.
Des clients français « frileux »
Tout le monde n’est pas prêt à adopter le cloud. En France, un seul client de Teradata a passé le pas. « Il y a d’autres acteurs qui sont en train de regarder [pour migrer dans le cloud N.D.L.R.], mais je trouve que le marché français est un peu plus frileux concernant ces mouvements dans le cloud », affirme Christophe Gendre. « Les retailers semblent regarder cela de plus près. Ils sont motivés et ils font attention parce qu’ils considèrent Amazon comme un concurrent potentiel. Depuis l’annonce faite avec Google, je pense que le mouvement va s’accélérer », ajoute-t-il.
Le dirigeant estime que les entreprises françaises se méfient du CLOUD Act, ce qui explique en partie cette faible traction malgré une compatibilité de la technologie RDBMS avec celle employée dans le cloud. « Il y a quand même ce doute dans l’esprit de nos clients. Ils sont très prudents par rapport à cela [au CLOUD Act N.D.L.R.] et c’est pour cela qu’un tiers de confiance pourrait gérer le cryptage des données en sus des cloud providers ».
En ce sens, Teradata a annoncé un partenariat avec T-Systems, la filiale IT de Deutsche Telekom. « Ce partenariat permet à des sociétés allemandes de pouvoir héberger de l’analytique as a service [la plateforme Vantage N.D.L.R.] sur Microsoft Azure sécurisée par T-Systems. Bien sûr, cela reste du cloud Azure, mais il y a une augmentation de sécurité offerte par ce partenaire BtoB en Allemagne », précise Jean-Marc Bonnet. Teradata souhaite proposer la même offre aux sociétés françaises et européennes.