Amazon dit adieu à ses bases de données Oracle
Amazon a terminé la migration de 7 500 bases Oracle de sa division grand public vers les services AWS. Un effort considérable qui lui donne une carte de visite pour convaincre ses clients de faire de même.
La division grand public d’Amazon a terminé la migration de ses bases de données Oracle, un effort gargantuesque pour devenir indépendant à l’égard des fournisseurs concurrents. Cela lui permet également de générer un cas d’usage de premier plan qui pourrait l’aider à vendre davantage de services de base de données AWS.
Ce projet a pris plusieurs années et il s’est terminé récemment, selon les écrits de Jeff Barr, Evangéliste chez AWS, dans un post de blog publié le 15 octobre.
« Au fil des ans, nous nous sommes rendu compte que nous passions trop de temps à gérer et à mettre à l’échelle des milliers de bases de données Oracle existantes », écrit-il. « Nos administrateurs ont passé beaucoup de temps à maintenir les systèmes pendant que les taux de transactions augmentaient et que la quantité totale de données stockées grimpait ».
Bien que le post de Barr soit évidemment intéressé et découle d’une demande interne, cette décision montre aux clients que la société tient ses propres promesses, a déclaré Doug Henschen, analyste chez Constellation Research.
« Si les clients croient qu’ils peuvent se passer de la première base de données commerciale mondiale, Amazon a intérêt à montrer la voie », a-t-il dit.
Selon Henschen, Amazon a prouvé que non seulement ses outils de migration sont efficaces, mais également que sa technologie de base de données peut tenir la comparaison et prendre en charge les workloads les plus gourmands en ressources.
« Je dirais que la migration est importante pour les sociétés acquises telles qu’Audible et Zappos, qui n’ont pas nécessairement été construites entièrement sur AWS dès le début », a-t-il ajouté.
Doug HenschenAnalyste, Constellation Research
Plus de 100 équipes Amazon impliquées
D’après Jeff Barr, plus de 100 équipes ont travaillé sur ce projet de migration. Elles viennent d’Amazon Prime, Prime Video, Shopbob et Twitch, et beaucoup de divisions qui travaillent sur les processus commerciaux comme les paiements, les retours produits, les livraisons et les places de marché.
AWS a extrait 75 pétaoctets de données en provenance de 7 500 instances Oracle et les a placées au sein de DynamoDB, d’Aurora, de RDS et des data warehouses cloud Redshift. Toujours selon Barr, certaines applications tierces n’ont pas été incluses lors du projet parce qu’elles sont trop étroitement liées à la technologie d’Oracle.
Amazon affirme qu’elle économise 60 % sur les coûts de sa base de données par rapport au taux qu’elle avait négocié avec Oracle. La latence des applications grand public affectées par la migration a diminué de 40 % et les frais généraux d’administration de la base de données ont diminué de 70 %. Bien qu’impressionnants s’ils sont exacts, ces pourcentages fournis par Barr ne sont pas vérifiés de façon indépendante.
De plus, les équipes impliquées dans cet effort collectif ont pu choisir la base de données AWS correspondant le mieux à leurs besoins, plutôt que de forcer la compatibilité avec Oracle.
Lors de la conférence OpenWorld du mois dernier, le directeur technique d’Oracle et le président exécutif Larry Ellison a positionné la base de données Oracle comme une plateforme multimodale capable de répondre à de nombreux besoins et de bien meilleure manière que les data bases développées par AWS.
Il a également vanté les nouvelles capacités de ce produit qui seront disponibles l’année prochaine. Bien qu’Oracle ne veuille pas perdre la gestion des workloads contre ses rivaux à l’instar d’AWS, elle a adapté son approche du IaaS. Au lieu de comparer les capacités de calcul de base, la société a positionné son IOC comme le meilleur environnement pour gérer les charges de travail critiques grâce aux équipements Exadata.
Un porte-parole d’Oracle a refusé de commenter l’annonce d’AWS. Pour rappel, ce n’est pas la première fois que la filiale du e-commerçant fait des siennes. En novembre 2018, Andy Jassy, PDG d’AWS, et Werner Vogels, CTO d’Amazon, se sont vantés sur Twitter que le succès d’Amazon, même à l’époque, était dû à la migration de bases de données Oracle.
Une migration intéressée
AWS veut faire plus que les gros titres. Elle veut tirer des revenus importants de la pratique décrite plus haut et la rigidité des workloads du concurrent en fait une cible privilégiée. La société de Jeff Bezos prépare une série de sessions consacrée à ce sujet lors de sa conférence re:Invent au début du mois de décembre prochain. Elles seront menées par les équipes en charge du projet.
Ces dernières ont sans aucun doute tiré des leçons sur la façon de déployer des ressources IT durant le processus de migration.
Quand Amazon a commencé à croître, l’entreprise faisait peu ou pas d’efforts pour standardiser les piles technologiques et les divisions pouvaient utiliser celles qu’elles pensaient être les plus adaptées, assure Curt Monash, fondateur de Monash Research. « C’était il y a assez longtemps pour qu’il y ait une certaine brique rouge dans le mélange », dit Monash, en référence au fournisseur de base de données acheté par Informix en 2002.
Selon lui, les clients devraient mettre en perspective les prétentions d’Amazon en matière de performance et de gains. « Si Amazon avait recodé ses systèmes sur les briques technologiques précédemment utilisés, il aurait pu en tirer des bénéfices similaires du simple fait de la réimplantation ».
Ce que la migration d’AWS montre véritablement, c’est que d’énormes applications personnalisées peuvent s’exécuter depuis ses services, explique-t-il, ajoutant : « Donc, si vous construisez une énorme application personnalisée plutôt que d’utiliser un système packagé et que vous n’êtes pas plus malheureux d’être enfermé dans la pile Amazon que celle d’un autre, AWS pourrait être la voie à suivre ».