Selon Microsoft, l’adoption de l'IoT est freinée par le manque de talents disponibles
Au mois d'août dernier, Microsoft publiait l'étude IoT Signals. Pas moins d'un tiers des POC liés à l'internet des objets ne voient pas le jour pour des raisons financières. Pour le géant de l'informatique, le manque de talents disponibles et une organisation mal préparée en sont les raisons.
Dans l’étude IoT Signals publiée au mois d’août dernier, Microsoft évoque les taux d’échec des POC IoT en entreprise. Selon le sondage mené par la firme de Redmond, un tiers des projets ne voient pas le jour. Les raisons de ces déconvenues sont nombreuses. Les défis techniques, le manque de personnels qualifiés et les interrogations autour des risques cyber freinent en partie l’adoption de l’IoT en entreprise. Cependant, les décisionnaires pointent du doigt le poids financier des déploiements.
Les 3000 professionnels interrogés évoquent les coûts élevés inhérents à l’industrialisation d’une solution IoT (32 %). Près d’un tiers des sondés (28 %) affirment que les pilotes ne permettent pas de dégager clairement un ROI. Par ailleurs, 26 % d’entre eux n’arrivent pas à convaincre leur hiérarchie de l’utilité d’un cas d’usage dont les impacts se mesurent à long terme. Au-delà de l’aspect financier, un bon quart des décisionnaires mentionnent l’absence d’une stratégie claire comme un potentiel frein.
Des pilotes trop ambitieux à l’origine des échecs
Selon Xavier Perret, directeur Azure chez Microsoft France, le taux d’échec annoncé dans ce document est moins lié à une problématique financière qu’à un manque de préparation. « Les retours sur le coût reviennent parce que souvent l’ampleur du projet a été mal évaluée dans ces différentes phases. Le fait d’être en mode cloud, la capacité d’être en opex, le fait de mettre à disposition une plateforme PaaS à l’instar d’IoT Central, réduit la barrière à l’entrée. Cela permet d’avoir des projets qui peuvent commencer à vivre ».
Le responsable constate une évolution chez les utilisateurs français des produits Microsoft. « Nous voyons de plus en plus de cas d'usage de taille moyenne dans les grandes entreprises, là où il y a deux ans, c’était de petits POC ». […] « Comme les solutions sont de plus en plus basées sur le cloud, comme il y a de plus en plus de partenaires équipementiers qui ont en construit, nous voyons que ce pourcentage relatif aux coûts évolue, parce qu’il y a des verticaux plus mûrs qui fournissent des appareils personnalisés, et qui avec l’effet de masse deviennent intéressants ».
Cette tendance semble se vérifier dans l’enquête ; 85 % des sondés ont un projet IoT en préparation, ce pourcentage atteint 87 % des 400 responsables questionnés en France. Globalement, 94 % des entreprises interrogées utiliseront cette technologie en 2021. Le sondage permet d’identifier des cas d’usage prioritaires dont l’automatisation, la qualité et la conformité des produits, la planification de la production, la logistique de la supply chain et la sécurité des usines.
D’après l’étude, l’IoT apparaît comme une tendance forte dans l’industrie manufacturière, l’automobile, la distribution, le transport, la santé et la gestion des villes. Toutefois, les défis techniques cités par 38 % des sondés entraînent de facto le besoin de personnels formés. Pas moins de 47 % des 3 000 décisionnaires et développeurs interrogés affirment que ce n’est pas encore le cas.
Evangéliser les clients pour soutenir l’adoption de l’IoT
Xavier PerretDirecteur Azure, Microsoft France
Afin d’augmenter l’adoption de l’IoT, la société basée à Redmond prend plusieurs mesures. « Il faut qu’il y ait plus d’espaces de formations au sens large qui viennent irriguer nos partenaires et nos clients », affirme Xavier Perret. Pour cela, la firme de Redmond organise Microsoft Ignite, des événements consacrés au développement des compétences ou encore des formations gratuites disponibles sur le Web dédiée à l’écosystème Azure. Par ailleurs, l’entreprise veut former ces partenaires et s’entoure d’acteurs spécialisés, notamment 1000 OEMs. Enfin, la combinaison du PaaS et du SaaS avec IoT Hub et IoT Central « permet de simplifier l’adoption », d’après le responsable.
Cependant, il voit un autre axe d’amélioration : « Nos solutions ne sont pas encore totalement « plug and play » de bout en bout. Nous travaillons avec des partenaires afin de faciliter le déploiement et la sécurisation des équipements ». Même pour un géant de l’informatique, la gestion des nouveaux objets connectés reste un chantier en cours.
Concernant le marché français de l’IoT, Xavier Perret considère qu’il est « dynamique, parce que porté par des directions techniques ». « S’il a démarré plus tard qu’en Allemagne, la France a rattrapé son retard dans la mobilité et l’énergie », considère-t-il. Les pratiques évoluent rapidement grâce à la complémentarité de l’IoT et de l’IA. « Tous les projets en phase de généralisation des grandes entreprises comme Renault, Schneider, Engie, ou Legrand mûrissent parce qu’ils comportent une dimension d’intelligence artificielle ».
Les technologies sont prêtes selon le directeur Azure France
Azure fournit des services de conception d’algorithmes, mais la technologie la plus utilisée reste la « computer vision » sous forme d’extensions. En effet, la filiale propose ses briques de machine learning préconstruites sous forme d’APIs. Celles-ci permettent notamment de faciliter le contrôle qualité sur une chaîne de fabrication, de repérer le non-port du casque dans une zone dangereuse ou bien d’alerter d’un dysfonctionnement. D’autres acteurs comme AWS ou Google proposent des services similaires.
Si les analyses d’IDC évoquent une augmentation des dépenses dans l’IoT et si le nombre de solutions est en croissance, la réticence des fournisseurs à communiquer quant au nombre de clients et à la taille des déploiements, le fait qu’ils citent souvent les mêmes exemples ne rassure pas sur la maturité du marché.
Pour le directeur Azure chez Microsoft France, la machine est en route : « Nous sommes quand même dans une année de démocratisation où il y a des cas industriels chez les grands comptes, des startups, et où il y a des plateformes en tant que service IoT. Les conditions sont réunies et des projets ont fait de bons ROI. Quand l’étude fait apparaître le manque de talents disponibles, je pense que c’est un bon signal. Si les déploiements échouent, ce n’est pas pour des raisons technologiques ».
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